Vente de fruits en saison des pluies à Conakry : « Nos fruits pourrissent rapidement », se plaignent les marchands à Conakry

La vente de fruits constitue le gagne-pain de nombreux Guinéens à Conakry. Pourtant, cette activité essentielle rencontre de multiples obstacles, particulièrement en saison des pluies. Entre la détérioration rapide des produits et la baisse de la clientèle, les vendeurs tirent la sonnette d’alarme et interpellent les autorités sur la nécessité de soutenir davantage la filière fruitière locale.

Pour en parler, un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre de quelques vendeurs de fruits de la capitale guinéenne. Aboubacar Diallo, vendeur de fruits à Kipé, évoque les difficultés auxquelles ils font face dans leur quotidien.

Aboubacar Diallo, vendeur de fruits

« Les difficultés sont nombreuses, tant à l’achat qu’à la vente des fruits. Il arrive souvent que nous exposions nos produits, mais avant même de trouver preneur, ils pourrissent, ce qui représente une perte sèche. Le marché est saturé et il n’existe pas de circuits efficaces pour écouler rapidement nos marchandises. De plus, chaque déplacement pour s’approvisionner implique des frais supplémentaires : carburant, nourriture du chauffeur… À l’arrivée, il devient difficile de réaliser un bénéfice. Les prix chez les grossistes ne sont pas réglementés, chacun fixe ses tarifs selon ses propres critères. Certains grossistes s’approvisionnent directement dans les villages, ce qui renchérit le coût des fruits. Nous demandons à l’État de nous accompagner, notamment en facilitant l’accès aux engrais et aux intrants agricoles pour améliorer la production locale. Si les fruits étaient plus disponibles et à des prix abordables, cela profiterait à l’ensemble de la population », a-t-il expliqué.

Cette autre vendeuse de fruits, Idiatou Barry, se plaint de l’impact des intempéries, notamment la pluie sur leur marchandise.

« La principale difficulté, c’est la pluie qui abîme nos marchandises. Nous n’avons aucune aide, ni abris adaptés. Nous devons subvenir aux besoins de nos enfants, payer le loyer, assurer la nourriture de nos familles… Mais quand la pluie arrive, nos fruits (mangues, papayes…) pourrissent rapidement, faute de protection. Même les oranges, pourtant produites localement, sont vendues à des prix élevés. Comment pouvons-nous survivre si nous achetons trois oranges à 5 000 francs et que nous devons les revendre au même prix ? Nous demandons au gouvernement d’intervenir pour améliorer nos conditions de travail et soutenir la filière », a-t-elle dit.

Face à ces difficultés, les vendeurs de fruits appellent à une intervention urgente des autorités pour renforcer la production locale, réguler les prix et mettre en place des infrastructures adaptées à la conservation et à la vente des fruits. Ils insistent sur l’importance d’un accompagnement concret pour garantir la pérennité de leur activité, essentielle à l’économie locale et à la sécurité alimentaire du pays.

Yayé Oumou Barry pour Guineematin.com

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