Souza Konaté : “Nous nous opposerons, jusqu’à la dernière goutte de sang, à ce que le MATD organise les élections”

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L’annonce officielle du début du recensement des électeurs en Guinée, prévu pour le 15 avril 2025, a suscité des réactions au sein de l’opposition, notamment de l’UFDG. Dans un entretien accordé à Guinee360, Souleymane Souza Konaté, coordinateur de la cellule de communication de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a exprimé ses préoccupations concernant la transparence et l’équité du processus. Toutefois, il appelle les militants du parti à se mobiliser massivement pour accomplir leur devoir citoyen, tout en dénonçant certaines failles dans l’organisation du recensement.

Guinee360 : Comment réagissez-vous à l’annonce faite par le ministère de l’administration du territoire et de la Décentralisation (MATD ) concernant le début du recensement des électeurs prévu pour le 15 avril 2025 ?

Souleymane Souza Konaté : Tout ce qui se passe dans un pays concerne d’abord les citoyens avant de concerner les acteurs politiques. Du côté de l’UFDG et de l’ANAD, nous appelons nos partisans et militants à se mobiliser massivement pour se rendre dans les commissions de révision afin d’accomplir ce devoir. Car pour élire nos dirigeants, nous devons être inscrits sur les listes électorales. Même si je tiens à préciser que dans cette opération, il y aura beaucoup de problèmes, car les commissions mises en place ne comptent pas de représentants des partis politiques. Et nous, partis politiques, sommes des compétiteurs. Nous ne pouvons pas être de simples observateurs, nous sommes les acteurs principaux de ce processus électoral. Dès le début de la transition, nous avons été très clairs : le fichier électoral ayant servi à l’organisation de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 est un fichier totalement assaini, grâce à l’OIF et à nos partenaires de la CEDEAO. Les principaux acteurs politiques et sociaux ont convenu que ce fichier pouvait servir de base à une mise à jour, pour supprimer les cas de doublons et intégrer les Guinéens ayant atteint la majorité. Ils ont dit vouloir faire une révision générale sous forme de Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC). Qu’ils reconnaissent qu’ils ne peuvent pas le faire, car on ne peut plus continuer à mentir au monde. Le Sénégal révise ses fichiers électoraux tous les 7 ans, l’Afrique du Sud le fait tous les 10 ans. Nous avons donc dit qu’on ne peut pas écarter ce fichier électoral de cette opération et aller à des élections dans des délais biaisés.

Pensez-vous que le délai de 45 jours est suffisant pour cette opération ?

Pour que ce délai soit raisonnable, il faut un préalable : qu’il y ait un minimum de consensus entre les principaux acteurs politiques et sociaux. Malheureusement, aujourd’hui, le CNRD tente de gérer unilatéralement le processus de transition. C’est ce qui nous pousse à nous opposer à tout ce qui se fait actuellement. Sans ce minimum de consensus, on va tout droit vers des blocages qui entraîneront le pays dans des crises multidimensionnelles susceptibles de déboucher sur des violences, comme cela a été le cas dans notre pays.

Qu’est ce que vous pensez de la non implication des partis politiques dans le recensement ?

Il y a une gestion solitaire de ce processus au niveau du MATD. C’est ce qui fait que les acteurs politiques ne connaissent rien du processus électoral en cours, et c’est surtout ce qui nous pousse à nous y opposer. Nous affirmons une fois de plus qu’à ce jour, nous ne sommes pas associés à ce processus. Il n’existe aucune information fiable permettant de rassurer les acteurs politiques que nous sommes. Nous nous opposerons, même jusqu’à la dernière goutte de sang, à ce que ce ministère organise les élections dans notre pays et à ce que l’autorité électorale soit dirigée dans ces conditions. Nous sommes convaincus d’une chose : seuls des scrutins libres, inclusifs et transparents peuvent permettre à la Guinée d’avancer. Nous veillerons à ce que chaque étape du processus soit transparente et équitable. Le CNRD et son gouvernement de transition sont, je l’ai toujours dit dans mes interviews, dans une dynamique de confiscation du pouvoir. Demain, ils justifieront l’organisation de l’élection présidentielle et des législatives par les mêmes arguments. Nous disons encore une fois que, qu’il s’agisse d’un référendum ou pas, le code électoral de 2017 – toujours en vigueur – ainsi que la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, sans oublier le protocole additionnel de la CEDEAO, tous ces textes que la Guinée a ratifiés, exigent qu’un organe consensuel soit mis en place pour organiser les élections. Si le MATD pense pouvoir mettre tout le monde de côté et organiser un vote électoral, nous disons que c’est une mauvaise idée qui finira très mal.

On sait qu’il faut une Constitution, un fichier électoral et un code électoral pour aller aux élections. Or, la Guinée n’a à ce jour ni Constitution ni code électoral. Que pensez-vous de cette situation ? N’est-il pas prématuré de parler de référendum ?

Il y a un décalage énorme entre les déclarations du MATD et la réalité. Pour aller aux élections, il faut remplir certaines conditions. En période de transition, il faut d’abord disposer d’un projet de Constitution. Vous vous rappellerez que le projet élaboré par le CNT avait été soumis à l’expertise d’un collège d’experts constitutionnels mis en place par le même CNT. Nous avons appris, de manière officieuse, que ce collège a terminé ses travaux. Mais aujourd’hui, il n’existe aucun organe légitime pour gérer le processus électoral. Cela relève, pour nous, d’une délinquance électorale. Nous ne pouvons pas commettre cette erreur. Deuxièmement, il faut disposer d’un fichier électoral fiable et consensuel. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Nous pensons qu’il faut repartir du fichier de 2020, le réactualiser, enlever les doublons et intégrer les Guinéens ayant atteint la majorité. Le CNRD veut faire une révision biométrique en excluant les acteurs politiques et sociaux du processus. Pour nous, c’est contradictoire et c’est un signal d’alerte : il faut être vigilant, car cela pourrait très mal se terminer. À chaque fois qu’un processus a été organisé de manière exclusive, cela a mené à des contestations, à des violences et à de graves crises post-électorales dans notre pays.

Le gouvernement à décidé que c’est le MATD qui va organiser les élections, votre réaction ?

Nous avons toujours affirmé, y compris au sein des Forces Vives, que nous nous opposons fermement à ce que le ministre de l’Administration du territoire organise les élections dans notre pays. Et ce, pour des raisons évidentes. Ce ministère s’est disqualifié depuis un certain temps à travers sa gestion pour des raisons évidentes, notamment dans le cas de Bourrage d’urne, la falsification des procès verbaux et de tout ce qui a conduit notre pays à des crises multidimensionnelles aux conséquences imprévisibles. Nous nous opposons fermement à ce que le MATD organise les élections dans notre pays. Aujourd’hui, les préfets, sous-préfets et gouverneurs sont tous des militaires sans culture administrative. Ce sont des personnes nommées en lieu et place des élus dans les délégations communales, les chefs de quartier, les présidents de districts. Cela ne permet pas au ministre d’organiser les élections.

Selon le MATD, les 6 000 kits ont coûté 35 millions de dollars, soit plus de 300 milliards de francs guinéens. Votre réaction?

Depuis que le CNRD est au pouvoir, les scandales financiers se succèdent. Les rétrocommissions sont devenues la norme. Je le dis une fois de plus : lorsqu’on n’associe pas les Guinéens à un processus d’appel d’offres, qu’ils n’ont aucune information sur les raisons du choix d’un opérateur, il est difficile de croire à ce que vend aujourd’hui le CNRD. On jugera les résultats sur le terrain. Mais pour l’instant, nous disons que le CNRD a largement épuisé le bénéfice du doute que lui avait accordé le peuple. Il revient aux acteurs politiques et sociaux de continuer à se mobiliser, et surtout à rester déterminés pour que la transition aboutisse à des élections justes, inclusives et transparentes.

Quel est votre message à vos partisans?

Je demande à tous les partisans du parti de se préparer, de préparer les documents nécessaires pour se faire enrôler. Et dès le 15 avril, d’aller massivement dans les commissions de révision. Car, comme je l’ai dit, notre objectif est de remporter toutes les élections dès le premier tour. Cela passe par l’inscription sur les listes électorales. Nous les invitons donc à aller se faire enrôler. Nous poursuivrons la lutte politique pour que le fichier de 2020 serve de base, soit réactualisé, et permette à la Guinée d’aller rapidement vers l’organisation d’élections libres, inclusives et transparentes. Le général Mamadi Doumbouya ne sera pas candidat, selon les engagements qu’il a pris devant l’opinion nationale et internationale, mais aussi selon la charte de la transition qu’il a lui-même promulguée, notamment ses articles 46, 55 et 65.

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