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Carrefour est un secteur relevant de la sous-préfecture de Siguirini, dans la préfecture de Siguiri. Les communautés de ce village sont impactées par les activités minières de la Société Minière de Dinguiraye (SMD) depuis quelques années, notamment le cyanure utilisé et déversé dans le village. Le processus de leur réimplantation, engagé en 2018 sur un nouveau site, peine à se concrétiser, à cause de la lenteur des travaux de construction. Les communautés de Carrefour ont sollicité leur réinstallation totale et urgente, à travers le slogan, « Réinstaller Carrefour maintenant », a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
La Société Minière de Dinguiraye (SMD) a engagé le processus de déplacement des populations du village Carrefour. Cette action émane de l’observation des effets néfastes du lac à cyanure sur les communautés.
Mais, les populations sont encore dans le désarroi. Les préoccupations des communautés locales sont nombreuses : réinstallation totale et rapide de l’ensemble de la communauté, facilitation de l’accès suffisant à l’eau potable sur l’ensemble du nouveau site de réinstallation, coupure des branches des gros arbres sur les maisons dans le nouveau site de réinstallation, restauration des moyens de subsistances sur le nouveau site, réévaluation de la compensation.
Faballa Keïta, chef du secteur de Carrefour, explique. « Concernant le déplacement de notre village, nous éprouvons assez de difficultés, notamment le problème de nourriture. Nous étions bien nourris sur l’ancien site. Notre inquiétude, est-ce que nous aurons la nourriture sur le nouveau site ? Non. Là-bas, il n’y a même pas un endroit où jeter les ordures. Nous n’avons pas de locaux où loger les étrangers. Ce que nous ne connaissions pas hier, nous venons de découvrir cela aujourd’hui. La vente de nos bétails a été très mal négociée. Ils nous ont interdits toute sorte de réalisation. Cela fait 7 ans maintenant. Tandis que nombreuses sont nos maisons et cases qui se sont effondrées. Même demain des cases vont tomber ici. On n’a pas où loger les étrangers. Nous disons au gouvernement et à la société (SMD) que l’heure de la réinstallation de Carrefour a sonné. Nous sollicitons un déplacement total et urgent, même nos balais ne vont pas rester. Nous ne pouvons pas aller avec nos terres cultivables, elles doivent être achetées. Nous ne pouvons quitter sur le nouveau site pour aller dans les champs de l’ancien site, c’est distant. Nous voulons aller sur le nouveau site sans bruit. Nous souhaiterions qu’une solution soit trouvée à nos difficultés pour que nous soyons maintenant des guinéens. À cause de la souffrance, nous nous posons la question de savoir, est-ce-que nous sommes des vrais Guinéens ? L’eau contenant du cyanure s’est déversée sur le village Carrefour », a expliqué Faballa Keïta.
Même son de cloche chez Gnèba Camara, présidente des femmes de Carrefour, qui met un accent sur les difficultés d’accès à l’eau potable.

« Nous ne voudrions pas nous déplacer parce que nos anciens parents ont fait leur temps ici. Laisser les secrets de nos parents pour aller ailleurs, on n’a pas aimé ça. Puis que l’eau que nous utilisons est contaminée par le cyanure, Maître Camara nous a encouragés de quitter sur le site pour l’avenir de nos enfants. Nous avons accepté cela. Le recensement est fini il y a plus de 5 ans, mais nous sommes toujours là. Nous sommes en manque d’eau potable sur l’ancien site ici. Nos pompes tombent souvent en panne. La pompe construite par la SMD n’est pas opérationnelle. Le manque d’eau est un casse-tête chinois pour les femmes. Tous les besoins d’eau de la famille reposent sur la femme. On ne peut même pas nous laver avec les eaux des puits à cause du cyanure. Eux-mêmes disent que le cyanure est un danger. C’est pourquoi on s’est éloigné des eaux de nos puits. Nous souffrons et nous n’avons rien », a-t-elle mentionné.

Amadou I Camara, membre du comité des victimes, est revenu sur l’origine des faits. « Nous avons constaté en 2017 le déversement du lac à cyanure à 100 mètres du village. On ne savait pas que c’était de l’eau salée qui apportait de la maladie aux populations ou tuer nos bétails. On ignorait tout. Suite à cela, des personnes éveillées sont venues nous expliquer les conséquences du cyanure…C’est en 2018 que la SMD nous a appelés autour d’une table pour discuter. On a signé un protocole d’accord de réinstallation. La SMD nous a dit de ne pas construire de nouvelles maisons, de ne pas faire de nouvelles réalisations sur l’ancien site. Ils nous ont promis qu’ils allaient nous relocaliser durant deux années à venir. On a signé le protocole d’accord. On a partagé l’information à toute la communauté, de ne pas faire de nouvelles réalisations. De 2018 à maintenant, nous sommes là, il y a des maladies respiratoires dans ce village. Il y a des cases qui sont tombées. Pendant la saison des pluies, beaucoup de dégâts se produisent. Nous ne faisons pas de nouvelles réalisations, nous sommes toujours là, nous ne sommes pas relocalisés », a-t-il déclaré.
Ce leader communautaire a interpellé la Société Minière de Dinguiraye (SMD) avant de tendre la main aux autorités et aux personnes de bonne volonté. « Nous demandons à la SMD, nous lançons un appel aux autorités, aux personnes de bonne volonté, d’essayer de nous faire quitter maintenant pour qu’on soit sur le nouveau site en améliorant nos conditions de vie. Nous ne voulons pas aller sur le nouveau site comme ça. Nous voulons que la société prenne ses responsabilités », a sollicité Amadou I Camara.
Les communautés ont sollicité l’aide et l’accompagnement des organisations de la société civile pour le rétablissement de leurs droits. C’est dans cette optique que les organisations Créativité et Développement (C-DEV), les Mêmes Droits pour Tous (MDT) et le Centre du Commerce International pour le Développement (CECIDE) ont constitué un consortium C-DEV, MDT, CECIDE pour accompagner les communautés de Carrefour au cours de l’année 2024 afin qu’elles soient réinstallées très rapidement, conformément aux normes, principes et règlements en vigueur au niveau national et international. Ces actions ont contribué à relancer la construction du site de réinstallation et à actualiser certaines demandes auprès de la SMD. En collaboration avec les organisations citées ci-haut, l’ONG Créativité et Développement a mis en place des stratégies de plaidoyer et s’est engagée à poursuivre l’accompagnement des communautés du village Carrefour pour les aider à défendre et revendiquer leurs droits.
Plusieurs actions ont été menées. Récemment, il y a eu des rencontres bilatérales avec certaines autorités au niveau national et le premier responsable du bureau de la SMD à Conakry. Suite à toutes ces actions, les communautés ont organisé un point de presse pour informer l’opinion publique, attirer davantage l’attention des autorités et mettre la pression sur la SMD dans l’optique d’accélérer le processus de réinstallation.
Ces communautés ont vivement salué les autorités qui ont reçu une délégation à Conakry, notamment le Premier ministre, Amadou Oury Bah. Ils espèrent qu’après ce prix accordé à leurs préoccupations par les décideurs, une suite favorable sera trouvée.
Kaïn Naboun TRAORÉ pour Guineematin.com
Tel (+224) 621144 891
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