Restrictions d’internet: Hady Baldé alerte sur les conséquences et plaide pour le respect de la liberté d’expression (Entretien)

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Le jour du référendum constitutionnel, tenu le 21 septembre 2025, de nombreux internautes guinéens ont signalé des difficultés d’accès à Internet et à certains réseaux sociaux.

Face à ces restrictions, beaucoup ont eu recours à des applications de contournement (VPN).

Pour comprendre l’ampleur de la situation et ses conséquences, notre rédaction s’est entretenue avec Mamadou Hady Baldé, Secrétaire Général de l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI).

Mosaiqueguinee.com : Plusieurs Guinéens affirment avoir eu du mal à accéder à internet et aux réseaux sociaux, et disent avoir été contraints d’utiliser des VPN. Selon vous, à quel type de restrictions sommes-nous confrontés ?

Hady Baldé : Et oui, nous aussi, nous avons effectivement fait le même constat. Quelques jours avant le jour du référendum et les jours qui ont suivi, plusieurs utilisateurs ont remonté auprès de nous le fait qu’ils avaient des difficultés d’accès à Internet et notamment aux réseaux sociaux comme par exemple Facebook et Telegram.

Et ces difficultés ont été aussi confirmées par NetBlocks. NetBlocks, c’est une organisation au niveau international qui veille sur l’accessibilité de la connexion internet. Et donc, eux aussi, ils ont confirmé qu’il ne s’agit pas seulement des ralentissements de la connexion, mais aussi d’un blocage qui cible principalement certaines plateformes de réseaux sociaux comme Facebook et Telegram. Donc, cela explique le fait que les citoyens aient eu des difficultés à se connecter pendant ces jours. Ils faisaient généralement recours aux VPN qui leur permettent de contourner. Et l’utilisation des VPN confirment davantage que certaines plateformes de réseaux sociaux ont subi des restrictions.

Vous avez certainement observé l’impact de cette restriction sur les activités des blogueurs, journalistes et autres acteurs du numérique ?

 Disons que c’est un impact qui est quand même considérable pour nous, organisation de la société civile, notamment une organisation de blogueurs et de webactivistes qui travaillent principalement avec les outils numériques. Et aussi pour les journalistes, qui dépendent parfois de l’internet pour recueillir de l’information, mais aussi pour partager l’information en même temps, et notamment des informations liées à la couverture médiatique du référendum. Donc, l’impact était quand même considérable à tous les niveaux.

Donc, c’est pour dire qu’une restriction de ce type empêche de faire correctement le travail des journalistes, mais aussi ça nous empêche également de faire correctement notre travail qui est lié à l’utilisation de ces réseaux sociaux aussi. Et en même temps, ça contribue à fragiliser la diffusion de l’information de qualité, parce que si l’internet est restreint, cela alimente la montée de la désinformation et des discours de haine. Au-delà de tout ça aussi, pour ce qui est des entrepreneurs et des créateurs de contenu numérique, disons que la restriction entraîne forcément des pertes économiques et aussi des pertes de confiance au niveau des utilisateurs.

De votre avis, quelles autres conséquences ces mesures ont-elles sur la liberté d’expression et l’accès à l’information ?

Sur les conséquences pour la liberté d’expression, disons que la restriction de l’accès aux différentes plateformes des réseaux sociaux restreint directement la liberté d’expression. Parce que ces réseaux sociaux sont des outils qui nous permettent de nous exprimer, mais aussi qui nous permettent d’avoir accès à l’information. Donc, ça veut dire qu’il y a à la fois une atteinte à la liberté d’expression, mais aussi une atteinte à notre droit d’accès à l’information qui sont pourtant garanties par la constitution guinéenne qui vient d’être promulguée, mais aussi garantie par d’autres instruments régionaux et internationaux auxquels la Guinée est partie.

Quelles solutions recommandez-vous pour garantir un accès fiable et libre à internet en Guinée ?

Il est essentiel que tous les acteurs impliqués dans la gestion de ces réseaux sociaux ou de l’accès à ces réseaux sociaux travaillent pour garantir complètement un accès libre et sécurisé à tous les niveaux. Et surtout pendant les périodes électorales, qui sont des périodes sensibles. Donc, nous recommandons le respect de la liberté d’expression et le droit d’accès à l’information. Il faut aussi continuer à encourager les citoyens à faire le monitoring de la restriction de ces différentes plateformes ou de la censure de façon plus générale, parce que ça nous permet de documenter cela, afin d’aller sur des plaidoyers pour demander à ce que ce type de pratiques ne se reproduise plus dans l’avenir.

Entretien réalisé par Hadja Kadé BARRY 

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