Que sont-ils devenus ? : Le cinéaste Mohamed Camara donne  sa vision sur le cinéma guinéen (Suite et fin) 

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Dans cette deuxième et dernière partie de l’entretien avec le cinéaste Mohamed Camara, ce dernier dresse un constat du cinéma guinéen et établit un parallèle avec les cinémas étrangers. En tant que personne ressource, Mohamed Camara évoque ses relations avec l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté de Guinée (ISAMKG) et revient sur certaines raisons ayant empêché Conakry de devenir une véritable capitale du 7ᵉ art.

Il aborde l’importance d’une salle de cinéma et livre son point de vue sur la disparition de ces lieux autrefois très fréquentés. Mohamed Camara dénonce également les effets négatifs liés à la diffusion massive de certaines séries étrangères. Il nous parle de ses rapports avec les cinéastes guinéens et étrangers.

Moins disert sur ses projets à venir, il évoque néanmoins la question de ses droits d’auteur, avant de conclure l’entretien par des conseils à l’endroit des jeunes cinéastes et de tous ceux qui souhaitent faire du cinéma un véritable métier.

Lisez !

Guinéenews : Pouvez-vous nous faire actuellement un constat sur le cinéma guinéen ?

Mohamed Camara : Vous savez, c’est difficile d’en parler, parce que, quand on parle de cinéma, on parle de salles. Nous n’avons pas de salles de cinéma. C’est l’une des plus grandes difficultés, que les jeunes, qui ont envie de faire ce métier en Guinée, ont comme problème. Quand tu fais un film, ce n’est pas dans les tiroirs, que tu as envie qu’il soit. Je le répète, on ne peut pas parler de cinéma, sans parler de salles. Les jeunes qui sont sortis, ou qui sortent de l’ISAMKG (Institut Supérieur des Arts Mory Kanté de Guinée), ils ont beaucoup de difficultés, parce que c’est vrai aussi, qu’il n y a pas de financement.

En tous cas, pour financer un film ici, ce n’est pas l’Etat pour l’instant, et peut-être ça va venir. Actuellement, les jeunes sont obligés de se débrouiller par-ci, par-là, avec les parents, les amis, et voir un peu si le mécénat, s’y intéresse.

Les jeunes font des films, qui ne sont pas mal. Ce sont des bons films. Et ce qui est dommage un peu, ils n’arrivent pas à rentabiliser. J’étais dans une émission, la dernière fois sur une scène de la place, je n’ai pas hésité de dire, que je ne comprends pas la télévision guinéenne, elle ne projette jamais les films des jeunes cinéastes. Ils ont riposté, en disant que les jeunes ne viennent pas les voir. A mon tour, j’ai rétorqué, en martelant que c’est à eux, de commander des films, et d’assurer le financement.

 Il ne faut pas attendre que les jeunes se débrouillent, ils font leurs films, et qu’ils viennent vous donnez gracieusement leurs fruits, ce n’est pas normal, et ce n’est pas juste.

Au lieu d’acheter des types de séries, qui n’ont rien à avoir avec nos coutumes, s’ils achetaient le film d’un jeune cinéaste, et qu’ils le passaient, ce cinéaste gagnerait un peu d’argent, qui lui permettrait de faire un autre film. Les films guinéens n’ont pas de débouchés, ils ne peuvent pas rapporter un kopeck parce qu’il n y a pas où les projeter pour que le public vienne.

Guinéenews : A visionner les films réalisés par plusieurs pays africains, il se trouve à notre avis, qu’il y a nettement une différence entre ces films et les nôtres sur plusieurs aspects, notamment les sujets, le choix des lieux, des acteurs, les accoutrements et autres contenus. Qu’en pensez-vous ?

Mohamed Camara : C’est une question de moyens. Quand on a les moyens, on peut louer les grandes maisons, et ça dépend aussi du sujet, et quand on a les moyens, on peut louer les voitures de luxe, les vêtements de luxe et j’en passe. Et si on n’a pas de moyens, on fait avec ce qu’on a.

Guinéenews : Il arrive parfois de remarquer, que l’habillement est en discordance avec le sujet traité dans le film. Qu’en pensez-vous

Mohamed Camara : Tout cela est dû, a une question de conception. Dans les autres pays, entre en ligne de compte les métiers du cinéma. Il y a les maquilleuses distinctement spécialisées, les costumières, qui lisent le texte, et en fonction de ce qu’ils lisent, ils créent les vêtements qui sont conformes. Ici puisqu’il n y a pas de moyens, on ne peut pas le faire. Souvent le réalisateur dit à l’acteur « … moi je veux que tu t’habilles bien, comme tu as l’habitude de faire pour aller en boite, ou bien pour aller dans un bureau ou ailleurs ».

 Il arrive des moments, où ce que le réalisateur croit au niveau du vestimentaire, c’est différent de ce que, son sujet veut raconter. Donc tout cela est une question de moyens. Le cinéma, c’est l’argent.

Guinéenews : D’après de nombreux observateurs, c’est la formation académique ou conventionnelle en cinéma, qui fait défaut chez nos acteurs. Confirmez-vous ces allégations ?

Mohamed Camara : Non ! Le cinéma n’est pas un métier, où on est obligé d’aller à l’école. C’est bien d’apprendre à l’école, où sur le tas. Mais dire forcement, qu’il faut cette formation académique, ce n’est pas indispensable. Il y a des grands cinéastes comme Pazollini et autres, qui n’ont pas été dans des écoles, mais qui ont faits des choses extraordinaires dans le domaine du cinéma.

Il faut apprendre quand même, et c’est obligatoire. Soit tu vas dans une école, où tu te joins à une personne, qui a déjà une réputation dans ce métier. Tu le regardes, tu observes, il t’apprend. Il faut aussi comprendre, que la formation académique, est une formation au niveau de la technique.

L’histoire dans le cinéma, c’est ce qui vient de ton ventre, c’est pour cette raison, que je dis souvent, qu’on n’apprend pas à écrire une histoire, on a une histoire, on raconte à sa manière. Si tout le monde raconte une histoire de la même façon, il n’y aura plus de différence, et ce serait monotone. Et tous les films vont se ressembler.

Guinéenews : Avez-vous des relations avec l’Institut Supérieur des Arts Mory Kanté de Guinée (ISAMKG) ? Si non, pourquoi , et en tant que personne ressource, comptez-vous partager vos expériences avec ces nombreux étudiants pour leurs formations théorique et pratique ?

Mohamed Camara : Au début, quand je suis venu, je voulais faire un film. Pour moi, je n’ai pas envie d’aller m’arrêter et expliquer, dispenser des cours, parce que je trouve que le cinéma, c’est un métier pratique. On apprend plus, ou plus vite, quand on est sur le plateau, que dans une classe. Je suis venu rencontrer feu Siba Fassou (paix à son âme), qui est un grand frère, un ami, qui dirigeait à l’époque cet Institut. Je voulais réaliser ce film qui a pour titre ‘’La Fugitive’’. Je suis allé rencontrer mon frère Siba, et j’étais sidéré de voir, qu’il y a des gens qui étaient assis par terre, certains étaient à la fenêtre, pour suivre les cours, tellement l’amphithéâtre était rempli.

J’ai dit, quand cela se passe ainsi, vous êtes en train de former des chômeurs. Généralement, les écoles du cinéma, ce sont des écoles de prestige, ce n’est pas n’importe qui vient là, et puis il faut comprendre, que l’école du cinéma, ce n’est pas une école de science, de philosophie, ou autres, où on peut diligenter les étudiants après le baccalauréat. Le cinéma ou l’art, il faut que ça soit de toi, et qui aie envie de faire ce métier, sinon, ça crée des chômeurs.

La preuve est que les 90%, de ceux qui sortent de cet institut n’ont pas de travail, parce que, on les a amenés dans un endroit, qu’ils n’ont pas choisi d’eux-mêmes. Malgré toutes ces remarques, j’ai demandé à celui chargé de la filière cinéma, de transmettre mon invitation aux jeunes, qui veulent faire ce métier de venir sur le plateau, qu’ils regardent un peu comment je travaille, j’évolue, je découpe l’espace, comment je fais évoluer mes acteurs dans le temps, dans l’espace et comment les plans sont créés…

 Ils étaient d’accord, j’ai donné un scénario, que j’ai encore photocopié pour chacun. Le jour où, on a commencé à tourner, il n y a eu que 2 étudiants, lors de la séance de tournage et jusqu’à la fin, et les autres ne sont pas venus. J’ai travaillé avec ces 2 étudiants jusqu’au montage. Par ailleurs, au moment, où je suis devenu Directeur général de l‘ONACIG, j’appelai les gens pour venir faire des formations.

 Mais je pense que les jeunes guinéens sont suffisants, ils pensent qu’ils savent, alors qu’on n’arrive pas en cinéma, et personne n’arrive en cinéma. Le cinéma, on l’apprend tous les jours. Tu le sauras, c’est si tu as la possibilité, ou la chance de rencontrer les plus grandes stars du monde du cinéma.

A leur rencontre, tu as l’impression qu’ils ne savent absolument rien. Alors que pour toi, ce sont des Dieux de ce métier-là. Ils sont curieux, et ils veulent savoir, apprendre auprès de tous. Nos jeunes ici, on a l’impression, qu’ils connaissent tout. Alors ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que la culture chez nous est détenue par les vieux. Et c’est rare de voir de  nos jours, un jeune, dire je veux aller dans mon village pour apprendre, ou voir mon grand-père, ou ma grand-mère.

Pourtant ce sont nos vieux parents, qui ont l’histoire, la culture de notre pays, et qui sont les plus grands professeurs, qui puissent exister. Ils ont la possibilité, le temps de communiquer, et ils savent parfaitement communiquer. L’être humain, c’est comme un arbre. Si tu coupes les racines d’un arbre, tu prends cet arbre pour le mettre sur les racines d’un autre arbre, il va sécher, et il ne pourra pas fructifier. Chaque arbre, c’est-à dire chaque personne, se nourrit de sa culture.

C’est ce qu’on peut présenter devant d’autres, qui s’étonneront d’ailleurs de l’existence de cet acquis, de cette connaissance. Si nous n’avons pas cela, c’est difficile de copier quelqu’un, et d’aller en compétition avec cette personne.

Personnellement, pour une question de vision, je suis Guinéen, je fais un film en Guinée par exemple, c’est pour la Guinée. Mais je ne l’enferme pas en Guinée. Je veux mettre mon produit sur le plan international, pour que la Guinée soit compétitive. Pour cela, il faut que je puise dans la culture du  terroir guinéen. Mes films à succès ‘’Dénko’’, ‘’Minka’’, et presque  tous mes films viennent de là, et ça marche.

Guinéenews : Au regard de la première expérience que vous avez eue avec les étudiants guinéens en cinéma, vous laissez entendre qu’il n’est pas toujours aisé de collaborer avec eux. Aujourd’hui, avec le temps écoulé, envisagez-vous néanmoins de revenir vers eux pour partager votre savoir et votre expertise ?

Mohamed Camara : Non ! Je ne viendrai pas là-bas, à l’école pour essayer de donner des cours. Je trouve que c’est injuste. Quand tu donnes des cours de comédie, de cinéma, il faut que le projet de ce cours, puisse être accompagné jusqu’au bout, et la finalité de tout cela est de faire des films. A l’époque, ils donnaient des diplômes aux étudiants pour couronner leurs études.

J’ai trouvé ça anormal, par ce que partout dans le monde, personne ne va te demander, de quelle école, tu es sorti. Cet aspect n’intéresse pas dans le cinéma, ni le producteur de savoir, si tu es sorti de la Sorbonne, c’est la pratique. Il va te demander, qu’est-ce que tu as déjà fait, même si tu lui présente 2 secondes d’images, il peut te juger en fonction de cela, parce que le monsieur mets de l’argent sur toi. Il ne met pas de l’argent sur un papier.

J’ai l’impression que ces derniers temps, la formule a changé au niveau de cet institut, et ils donnent du matériel aux jeunes qui font des films à la fin du cycle. Ça s’appelle, les films d’école. Ce boulot est important, pour la recherche d’un producteur, qui n’a rien à avoir avec un diplôme. Puisque, je ne peux pas pousser les jeunes à l’école, jusqu’à ce stade, je trouve que c’est injuste de commencer. Sinon, quand je réalise, je leur tends toujours la main.

Guinéenews : Quelle est aujourd’hui la place du cinéma guinéen, parmi ceux qui ont eu du succès lors des grands rendez-vous cinématographes ? 

Mohamed Camara : Nous avons des jeunes, qui ont beaucoup de talents, mais puisqu’ils ne sont aidés, c’est difficile. Tu ne peux pas filmer, si il n’ ya pas d’argent. Quand tu filmes, il faudrait, qu’il y ait au moins 1 à 2 salles de cinéma, ou tu peux montrer ton film. Malgré toutes ces difficultés, il y a des jeunes qui se battent, qui arrivent à faire des films, et qui parviennent à représenter notre pays dans des grands rendez-vous, comme à Ouagadougou et dans d’autres festivals.

Guinéenews : Pourquoi jusqu’ici, Conakry n’est pas une destination pour le cinéma, à l’instar de Ouagadougou et d’autres capitales ?

Mohamed Camara : C’est juste puisque le Guinéen aime tout détruire. Pendant la première République, des bourses de formations étaient octroyées aux jeunes de l’époque dans les pays de l’Est (Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Bulgarie, Roumanie…), pour faire de grandes études de cinéma.

A leur retour, ils ont fait des films. J’attire votre attention, les premiers textes qui ont fondé Ouaga, c’étaient des Guinéens qui ont écrit, et il y a certains d’entre eux qui vivent encore. Autres faits, le président feu Ahmad Sékou Touré, qui accordait beaucoup d’importance à l’image, avait fait le complexe cinématographique de Boulbinet. Il a mis près 1.850.000 francs suisse pour toutes ces installations. La post production se faisait dans ce complexe, il y avait les studios de montage, de mixage, de sons…

Le Président Sékou Touré avait préconisé de faire la post production des films en Guinée, avant toutes compétitions prévues. Ce sont les Allemands qui avaient construit ce bijou en Guinée, à côté de la RTG de Boulbinet. Après 1984, tout a été bousillé, les locaux sont devenus des bureaux, tout le matériel a disparu. Nous sommes spécialistes en destruction, surtout au niveau de la culture. On pense chez nous que la culture se résume à la musique.

La culture pour le Guinéen, c’est rien. Voilà pourquoi on qualifie les jeunes de dépravés, compte tenu de leurs habillements extravagants, des comportements, qui laissent à désirer. Quoi de plus normal, si on ne les propose rien d’autres, et ils pensent que ce qu’ils voient à la télé est tout à fait normal. Comment voulez-vous que ces jeunes, puisent représenter en tant que Guinéens, ou Africains, les Africains. On a rien de la culture, et c’est ça le Guinéen. Voyez aujourd’hui ces différents sites touristiques (le port de Benty, le port négrier de Boké…), qui sont en ruines, pendant que les autres font d’énormes recettes à travers le tourisme, c’est le cas de l’ile de Gorée.

Par ailleurs dans notre pays, il n y a pas d’archives. J’aime bien le dire, c’est quand tout disparait, il reste la culture. Alors le cinéma est là, pour camper cette culture, pour les futures générations. Le Président Ahmed Sékou Touré avait compris, et il avait fait un film, « Et vint la Liberté » de Sékou Oumar Barry, et jusqu’aujourd’hui ce film passe.

Je me pose la question, s’il y a des films sur tous ceux-là qui ont dirigé ce pays, jusqu’à cette transition, qui dure maintenant depuis 3 ans. Pourtant, ces différentes successions font partie et sont intimement liées à notre histoire.

Guinéenews : Dites-nous, quelle est l’importance d’une salle de cinéma, et comment analysez-vous la disparition de toutes ces salles de cinéma dans la capitale et à l’intérieur ?

Mohamed Camara : La salle de cinéma, ce n’est pas du n’importe quoi. Une salle de cinéma, ce n’est pas allé s’asseoir seulement pour regarder un film. C’est un lieu de rendez-vous. Il y a des couples qui se sont rencontrés au cinéma, les gens sont devenus des amis en allant voir un film.

C’est un lieu où, les jeunes se rencontrent, initient des projets, qui peuvent aider parfois le pays à émerger. A l’époque, il y avait des salles de cinéma, de Kassa à Yomou. Il y avait des quartiers, qui avaient 2 ou 3 salles de cinéma. Après 1984, vu l’annonce de la libéralisation, les cadres véreux, en ont profité pour brader les édifices culturelles, dont les salles de cinéma, et il  n’y en a plus.

Guinéenews : La prolifération des types de séries et leurs constantes diffusions sur les chaines de télévision de par le monde, n’influencent-elle pas sur le public et le cinéma proprement dit ?

Mohamed Camara : Quand on voit les séries qui viennent d’ailleurs, de l’extérieur de l’Afrique, ce sont des séries, qui abroutissent les enfants. Les séries-là, sont des communications. Ce sont des communications, qui détruisent des sociétés.

C’est dans ces séries que l’on montre, comment un enfant peut dire NON à son père, une femme peut gifler son mari, comment un enfant peut traiter sa mère d’idiote, ou comment un enfant peut violenter une femme… C’est terrible,  je regrette cet état de fait. Nous avons vécu le temps où passaient à la télévision nationale les séries des troupes Masalan misali Pèsè, Lewru djéré, Benso sodia, Nil palawou,C’était instructif, éducatif et c’est ça notre culture. Au lieu d’acheter les séries, qui viennent d’ailleurs, il est préférable d’acheter les films réalisés par les jeunes, au moins, eux ils parlent de notre culture. Donc, la projection de ces séries étrangères a une influence négative sur la population.

Guinéenews : Durant votre parcours de cinéaste, en tous genres confondus, dites-nous 2 bons films qui ont toujours retenu votre attention ?

Mohamed Camara : Un premier, il s’appelle ‘’les 7 téméraires’’. C’est le premier film que j’ai vu de ma vie. J’étais tout petit, environ à l’âgé de 10 ans. Cela m’est resté, et c’est mon oncle qui m’avait amené au Syli cinéma, où est l’actuel Centre Culturel Franco Guinéen (CCFG). C’était un film western, venu en retard. Nous avions eu des places de devant.

A un moment donné du film, il y avait les chevaux qui couraient derrière un train, et du coup, c’est devenu comme si le train rentrait dans la salle. J’ai eu peur et j’ai hurlé ! Et l’hôtesse est venue nous faire sortir de la salle, mon oncle était furieux ce jour. C’est quand j’ai commencé à travailler dans le cinéma, j’ai compris que c’était une contre plongée. C’est-à dire on mettait la caméra complètement basse, on soulevait la gueule de la caméra, et on prenait la cible, qui vient directement en face de la caméra, et quand on projette, on a l’impression que la cible va traverser.

Le second film que j’ai suivi, est ‘’Devine qui vient diner’’, de Sydney Poitier.

Guinéenews : Quelles sont vos relations avec les autres cinéastes guinéens et africains ?

Mohamed Camara : Les cinéastes africains sont des collègues, des copains, avec lesquels on s’est toujours rencontré dans les festivals et ailleurs. Quand je suis en France, je viens les voir, et quand ils ont l’occasion de venir en Guinée, ils viennent me voir. Je fréquente les anciens cinéastes, qui sont mes ainés, et à chaque fois que je fais un nouveau projet, je soumets à leurs approbations et j’écoute leurs conseils. C’est vrai que j’ai eu la chance de gagner certains grands prix. Je suis le Guinéen le mieux primé à l’international, n’empêche que je retourne toujours écouter les anciens, et cette démarche est très importante.

Guinéenews : Avez-vous des projets en vue ?

Mohamed Camara : Oui bien sûr, j’ai des projets, et vu pour l’instant, qu’ils sont encore à l’état embryonnaire, je préfère les taire.

Guinéenews : Etes-vous affilié au BGDA et percevez-vous vos droits d’auteur ?

Mohamed Camara : J’étais affilié au BGDA, et une seule fois j’ai perçu mes droits d’auteur, et c’était le temps où, Chaloub Riad, dirigeait cette maison. Depuis je n’ai plus rien perçu et j’ai tout laissé tomber.

Guinéenews : Des droits d’auteur, est-ce vous en percevez ailleurs et parlez nous en ?

Mohamed Camara : Oui, je perçois des droits d’auteur car, je suis affilié en France, à la Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques (SACD).

Guinéenews : Que dire sur l’avenir du cinéma guinéen ?

Mohamed Camara : Le cinéma guinéen, doit avoir un avenir radieux, dans la mesure où, on a beaucoup de talents. Il faut nécessairement, que l’Etat s’implique plus, au niveau de la création des salles de cinéma, de l’octroi des subventions aux jeunes, qui doivent être responsables, en rentabilisant les films, pour que l’argent soit remis, là où il été pris, comme dans les autres pays. L’avenir du cinéma guinéen est une question de responsabilité à partager, chacun de son côté doit jouer sa partition.

Guinéenews : Quels conseils avez-vous à prodiguer aux jeunes cinéastes, ou à tous ceux qui veulent en faire du 7ème art un métier ?

Mohamed Camara : Il faut déjà beaucoup de patience et d’humilité. Il ne faut pas croire puisque l’on est sorti d’une école, on fait des images, qu’ils sont arrivés. On n’arrive pas en cinéma. Il faut toujours faire beaucoup de recherches. Comme on aime le dire, l’Afrique c’est le berceau de l’humanité. Cela étant, elle regorge toujours des sujets universels. Donc, il ne faut pas que les jeunes s’attellent à copier, il faut qu’ils soient fiers d’eux-mêmes. On peut copier la technique, c’est l’art. Les sujets universels, sont en abondance dans notre pays, et mieux exploités, ils peuvent être bien compris dans le monde entier.

Pour cela, il faut que les jeunes n’oublient pas de s’approcher des vieux, un retour à la source est primordial. Ce retour permet de déterrer, tout ce qui a été caché depuis trop longtemps, les sortir et les mettre sur table.

C’est avec toutes ces démarches, que les jeunes pourront se construire, être des patriotes, et faire avancer le pays dans ce domaine.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews

 

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