Que sont-ils devenus ? : Guinéenews à la rencontre de l’homme-orchestre ‘’Doura Barry’’ (Suite et fin)

il y a 2 heures 24
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Sur son parcours, Doura Barry nous retrace ses expériences. Il nous tient en haleine dans cette dernière partie de son interview, et découvrons ensemble l’homme-orchestre, qui ne cache rien et nous  fait vivre ses instants franchis.

Lisez !

Guinéenews : Vous dites être une véritable galerie, et vous nous exposez ce sac de 50 kg remplies de cassettes, et qu’est-ce que tout cela représente pour vous ?

Doura Barry : Par rapport à ma musique, sans aucune modestie, je suis une collection. Dans ce sac, vous allez retrouver pleines de cassettes d’artistes guinéens : Fodé Kouyaté, Sékouba Bambino, Philippe Kourouma, feu Jean Paul Milimono, FAC Alliance, Deug J Force Tree, feu Prince Théo, Amadou Barry ‘’Accordéon’’… Je vous l’avoue, que j’étais en avance, et je le martèle ici par rapport aux autres. Très tôt, je me suis intéressé à la technologie, j’ai commencé à enregistrer, à travers mon oncle David, qui m’envoyait à chaque fois du matériel, venant de la Jamaïque. A travers les chaines wifi, et une petite console, j’ai commencé à enregistrer nombreux amis artistes, j’ai pris du gout, et j’ai assisté plusieurs dans leurs carrières. Finalement, j’ai eu un clavier, et j’ai suivi le chemin.

Guinéenews : Arrangeur, vous l’êtes aussi, et à part feu Fodé Conté de la troupe ‘’Fatala’’, peut-on savoir les noms de quelques artistes qui ont été arrangés par vous ?

Doura Barry : Il y en a eu beaucoup. L’arrangement c’est quoi ? L’artiste peut venir avec son air, et je le mets dans une structure. Donc cela peut être la structuration d’un air proposé. Dès fois, ils peuvent venir avec des paroles, ils ne savent pas jouer aux instruments, et j’ai ma belle voix. Je prends ma guitare, et je joue selon les compétences ou mon style.

Guinéenews : Pouvez-vous nous citer quelques-uns des artistes, que vous aviez assisté ?

Doura Barry : Je peux vous citer Ibro Diabaté, Amadou Accordéon, feu Prince Théo, feu Nianga Loramou, Fodé Kouyaté, le groupe FAC Alliance… Ils sont nombreux dont j’ai appuyé, et recommandé dès fois.

Guinéenews : Parlez-nous de votre discographie ? 

Doura Barry : Ma discographie est très pauvre. Elle se trouve dans les disques durs de mon ordinateur, et peuvent se chiffrer à plusieurs titres. Si vous avez le temps, on peut les écouter pendant plus de 72 heures.

Guinéenews : Peut-on appeler ces œuvres inédites. En pratique, vous aviez au moins fait, un ou quelques albums ?

Doura Barry : J’ai fait des albums, et celui sous vos yeux s’appelle ‘’Safari’’, il y a ‘’Nani nani’’ et autres. Sur l’internet, vous pouvez retrouver Doura Barry, sauf que je travaille aussi avec les institutions, les ONG par rapport à des thématiques du jour, telle la ‘’sécurité alimentaire’’ dont, j’ai traduit les textes dans nos langues, et c’est tout un album de 7 titres.

Guinéenews : Doura Barry, doté d’esprit de suffisance, qualifié de solitaire et d’individualiste en matière de musique, que dites-vous de ces nombreuses allégations, que vous collent plusieurs observateurs ?

Doura Barry : (rires). C’est dommage, que cette lecture soit la disposition, et provient de ces observateurs de Doura Barry. Mon éducation, ne me permet pas de me comporter de la sorte. Je suis ouvert à tous ceux-là, qui m’ouvrent la porte, et qui négocient équitablement avec moi. Si quelqu’un faillit, dans les relations contractuelles par exemple dans le domaine de la culture, ce qui arrive le plus souvent en Guinée, je m’engagerai à ne pas laisser passer ces exagérations. Individualiste me traitent-ils, avec tout ce monde, que j’ai eu à assister en matière de formation, j’aurai souhaité, qu’ils soient plus généreux que moi. Je me suis mis à disposition, et je continue encore à servir autant je peux.

Guinéenews : Parlant de la musique pastorale, le Podha, occupe présentement une place de choix. À quel type de musique, pourrait-on assimiler la vôtre ?

Doura Barry : C’est une musique de fusion, authentique guinéenne, issue de toutes ces influences diversifiées, que j’ai vécu. Par la fidélité de ces effets, j’ai la possibilité aujourd’hui, bien que nous soyons dans l’aire électronique, vous faire écouter des chansons ‘’Niamakala’’, enregistrés, et qui datent de plus de 40 ans. De sorte, que j’ai un album non encore mixé de feu El hadj Bah ‘’Moghèrè’’ (paix à son âme).

Guinéenews : Doura Barry est donc un partisan du traditionnel qui tends l’oreille ?

Doura Barry : Je tends l’oreille, et en même temps, je m’intéresse aux proses et vers, aux proverbes et devinettes dans nos langues. Je viens à la source pour déguster, et mettre en valeur cette culture guinéenne, qui a besoin d’une valorisation de son identité, qui tend à disparaitre.

Guinéenews : Manamba Kanté qui reprends ‘’Bhouloun Dyouri’’ de Hadja Binta Laly, et son époux Soul Banks, qui relais feu Fodé Conté dans le titre ‘’M’Makhady’’, sans compter que les héritiers de feu Elhadj Sory Kandia Kouyaté (Sékouba et Kaabi), s’emploient à perpétuer les gigantesques œuvres de leur père. Qu’est-ce que cela vous procure comme sensations ?

Doura Barry : C’est salutaire ! Si Soul Banks était là, il aurait certainement témoigné des conseils, que j’ai eu à lui prodiguer en France, lors d’une de ses présences, sur la campagne concernant le VIH SIDA. Je lui avais simplement signifié de revenir à la source. En lui reconnaissant sa belle voix dans le style de gospel, en durcissant sa voix, sans se lancer dans ces variations, les transpositions. Je lui ai conseillé de mettre sa voix, au service de notre tradition. Est-ce, c’est ce conseil qui a porté fruit ? Je n’en sais rien, et je suis fortifié d’entendre toute cette jeune génération, qui pense à reprendre les airs, les tubes de nos anciens musiciens.

Guinéenews : Quel constat, faites-vous sur la disparition progressive de quelques instruments traditionnels dans la pratique de la musique pastorale, et celle guinéenne en général ?

Doura Barry : Vous me permettrez de rebondir à l’instant sur la spécificité musicale guinéenne, le style, et le genre. Pour moi, trahir cette originalité, c’est trahir sa propre personnalité, son identité. C’est aussi trahir l’humanité, la culture universelle, puisque chaque peuple a un devoir sacré, celui de sauvegarder son patrimoine culturel, afin d’enrichir ceux des autres. C’est d’apporter, sa part de pierre à l’édifice universel.

Guinéenews : Que pensez-vous de ces emprunts du genre, qui entraine même de l’immoralité dans les compositions musicales de nos artistes du moment ? 

Doura Barry : A mon avis, là où le problème se pose, ce n’est pas l’emprunt, de façon pratique et proprement dite. Ce n’est pas le désir d’aller dans la Soul, le reggae, le Zouk, le M’Balax, le High life ou autres rythmes et genres musicaux. Tous ces genres sont enrichissants, et nourrissants. Et toutes ces pratiques, permettent d’enrichir l’artiste, une fois qu’il serait prêt à créer sa propre musique, à pouvoir emprunter les différentes thématiques structurelles de la musique, pour l’appliquer à la musique guinéenne. C’est technique, ce que je suis en train de vous expliquer. Sans compter qu’il y a des équations rythmiques, 1 sur 4, 2 sur 4, 3 sur 4 et autres, qui sont identiques à plusieurs cultures. Mais, il y a le genre, le style, les harmonies, et la succession mélodique, qui font des particularités, et qui définissent l’identité. Ce que les jeunes jouent aujourd’hui, excusez-moi de ne pas traiter cela d’immoral.

Guinéenews : Les paroles qui émanent aujourd’hui de ces compositions musicales, sont la plupart, non instructifs, et éducatifs de l’avis de plusieurs, et quand vous dites le contraire, votre position reste perplexe ?

Doura Barry : Je vous dis le pourquoi ? C’est parce que tout simplement, leurs sources d’inspirations externes, développent ces types de thématiques dans leurs chansons. C’est une question de culture.

Guinéenews : Peut-on donc qualifier ce type d’agissements ‘’de déracinement’’ ?

Doura Barry : Quelque part, je dirais oui.

Guinéenews : Pourquoi ne pas faire revenir tout ce monde à la source, et c’est immoral pour quelqu’un qui écoute ce genre de textes ? 

Doura Barry : Acceptons des fois l’hybridation, la génétique, à l’amélioration des espèces, d’où est sorti le métissage. En Agriculture, on associe plusieurs espèces différentes, qui créent autres races ou types. Aujourd’hui, ce que je peux reprocher, c’est le pourcentage d’emprunts. Nous sommes dans un monde de métissage. Au niveau de l’apport par rapport à l’édifice culturel mondial, il faudrait qu’on arrive à nous démarquer, à enrichir notre industrie culturelle par nos œuvres authentiques. C’est-à-dire, amener les jeunes à surfer sur ces pratiques musicales, sans pour autant se fermer aux autres.

Guinéenews : Vous n’êtes pas partisan de l’évolution à vase clos dans le domaine musical ; et faut-il se valoriser, Youssou N’Dour dans son balax sénégalais en est un exemple ?

Doura Barry : Mon premier garçon porte le nom de Youssou N’Dour, et jusque-là, je continue de collaborer avec lui dans tous les domaines. C’est encore cela l’ouverture. Youssou N’Dour est resté sénégalais dans la source ; et ce qui fait partout où il part, les sénégalais se reconnaissent. Il a mondialisé ce rythme sénégalais.

Guinéenews : Quelles sont les raisons, qui vous ont motivé pour aujourd‘hui vivre à l’extérieur (France) ?

Doura Barry : C’est en somme la curiosité. Je suis parti dans l’intention de faire une autoproduction, et c’était en 2004. Arrivé, je faisais des tournées qui me rapportaient des cachets. J’avais l’intention d’utiliser ces cachets pour payer le studio, suivre la chaine de production, pour savoir comment tout cela devrait se passer. Ici je n’ai pas trouvé de producteurs.

Guinéenews : C’est votre produit qui n’a pas plu, ou qu’est-ce qui s’était passé réellement ?

Doura Barry : Vous l’aviez-dit à l’entame, Doura Barry orgueilleux, Doura Barry, doté d’esprit de suffisance, etc… C’est ma collaboration judiciaire, qui ne plaisait pas. On me tend un texte juridique, et étant franchement universitaire, après lecture, je constate des pièges. Comparer à d’autres textes, et pour éviter d’aller en justice, je renonce. Ma principale motivation était de savoir, comment se passe la chaine de production.

Guinéenews : Vous étiez venu pour acquérir des connaissances, et malgré que cela n’ait pas marché, finalement vous aviez pris gout et vous êtes resté ?

Doura Barry : Ce n’est pas que j’ai pris gout. J’ai commencé par après à travailler, entretemps j’ai eu des opportunités de pouvoir me former en informatique musicale, en MAO (Musique Assistée par Ordinateur).

Guinéenews : Doura Barry a donc acquis d’autres casquettes de connaissances en France ?

Doura Barry : Evidemment, je suis arrangeur et ce voyage m’a permis de faire des featuring avec de nombreux artistes de par le monde. Je peux citer Saoul Varidel, avec lequel je suis venu à la Francophonie. J’avais commencé ma production, et mon visa était terminé. En situation irrégulière, j’ai quand même continué à travailler, à faire des spectacles. Finalement, je me suis marié en France, puisque j’avais déjà divorcé en Guinée, et ma première femme était décédée suite à un accident (Paix à son âme).

Guinéenews : Qui est présentement Doura Barry à l’extérieur, est-il cet aventurier qui a refait surface ?

Doura Barry : Pour le moment, je suis animateur socioculturel, je travaille avec la ligue de l’enseignement, mais je suis aussi le 1er secrétaire chargé des arts, des sports, de culture et jeunesse du conseil des guinéens de France. J’ai été élu à l’ambassade de Guinée en France, à travers le Ministère des affaires étrangères. Je suis le président d’organisation des Dyélitombas, dans l’association des artistes griots, quoique je ne sois un griot de souche. Cette association regorge toutes ces grandes vedettes guinéennes résidant en France.

Guinéenews : Avez-vous des projets envisagés, et quel est l’objet de votre présente visite au pays ?

Doura Barry : Aujourd’hui, mes projets sont diversifiés, tant sur le plan social que musical. Ce que j’ai plutôt pour l’instant, c’est de trouver un pied à terre, d’avoir une maison. Je n’ai pas beaucoup de moyens pour réaliser ce projet, et c’est devenu très cher. J’habite présentement chez mon papa, et je suis le premier fils, et j’ai investi un moment, pour que la maison familiale puisse vivre. Pour un projet à court terme, sur le plan social, c’est bien cette envie de réaliser cette nécessité. Par ailleurs, sur le plan musical, je veux rencontrer le président de la République. J’ai proposé une chanson, par rapport à tout ce qui se passe présentement en Guinée.

Guinéenews : Etes-vous en bonne voie pour accomplir ce second projet ?

Doura Barry : La seule voie dont je vais taire le nom, est en train d’aider, et il est depuis longtemps, convaincu de la portée de mes œuvres. Je viens de vous faire écouter cette œuvre, et certainement vous avez l’oreille musicale, et c’est à vous d’apprécier cette composition.

Guinéenews : Etes-vous un artiste engagé, arborez-vous une couleur politique, ou bien vous comptez faire de ‘’l’opportunisme culturel’’, comme plusieurs en profite du moment ?

Doura Barry : L’opportunisme culturel, si on l’entend par le faite de chanter pour un président en exercice, je dis oui. Je serai volontiers d’être un opportuniste culturel en Guinée, et puisqu’ils sont d’ailleurs les artistes les plus vus. Un artiste engagé, je le suis aussi, mais pas partisan, et plutôt modéré.

Guinéenews : Etes-vous affilié au Bureau guinéen des droits d’auteur (BGDA), êtes-vous satisfait des droits provenant de cette structure et quelles sont vos sources de revenus ?  

Doura Barry : Depuis 1987, je suis affilié au BGDA. Je ne suis pas du tout satisfait. Quand je suis revenu en 2024, j’ai refait ma carte, et j’ai constaté, que je ne figure pas dans le fichier numérique. Du coup, après tout ce que j’ai fait, je ne me suis pas senti respecté. Revenu récemment, j’ai trouvé que cette carte n’est pas valable aussi. J’ai ma carte de la SACEM depuis 2005, et c’est toujours la même carte. Depuis le temps de Riad Chaloub, j’ai mes droits partout dans le monde, sauf en Guinée. Je dois normalement touché mes droits, et j’ai évité les tapages. Voilà pourquoi, et parfois on qualifie Doura Barry de tous les mauvais noms d’oiseaux. Après l’université, je n’ai fait que de la musique. Je suis vraiment désolé, et rien n’est encore rentré en ordre. Mes sources de revenus c’est la musique, et puis mon travail que je fais présentement.

Guinéenews : Il serait exagéré de dire que l’artiste Doura Barry, a choisi l’extérieur pour définitivement continuer sa carrière musicale ? 

Doura Barry : Ce serait trop dire. Si je suis en Guinée en ces moments précis, c’est que je veux contribuer à l’essor de la culture guinéenne, à travers mes compétences et expériences. En cela, savoir faire changer certains types de fonctionnements, et pouvoir créer, et compartimenter les genres musicaux. Créer un canal, où on va distinguer les artistes, qui fournissent des efforts pour promouvoir la particularité de notre culture.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour  Guineenews 

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