Quand le faux devient méthode : la dérive autoritaire au sein de l’UFDG [Par Mamadou II Barry]

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Résolutions internes, violations statutaires, pouvoir personnalisé : plongée dans une crise de légitimité.

Un document peut-il suffire à défaire des principes que l’on croyait inaltérables ?

À l’approche du congrès annoncé pour juillet 2025, une série de résolutions internes réapparaît dans le débat politique. Jusque-là restées en dehors du regard du grand public, elles sont désormais mises en lumière pour ce qu’elles révèlent : une dérive assumée des pratiques statutaires.

L’une des deux résolutions, datée du 6 septembre 2020, désigne Cellou Dalein Diallo comme candidat du parti à la présidentielle. Une décision attendue, conforme à l’histoire récente de l’UFDG. La seconde, en revanche, tranche : elle proroge de cinq ans les mandats de toutes les instances dirigeantes, sans congrès ni débat. L’argument avancé ? Une situation sanitaire exceptionnelle, et l’impossibilité d’organiser une session ordinaire. En guise de cadre juridique, une « Convention nationale » dont la seule mention ferait tiquer n’importe quel lecteur des statuts.

Car c’est là que le bât blesse. Ni les statuts, ni le règlement intérieur de l’UFDG ne reconnaissent l’existence d’une telle instance. Le parti se réfère à deux organes délibératifs de ce niveau : le Congrès national et le Conseil national. Rien d’autre. La « Convention nationale » apparaît donc comme un corps étranger aux textes, et partant, aux pratiques légitimes. Quant au pouvoir de proroger un mandat, il ne revient qu’au Congrès, organe souverain. Toute autre procédure, même circonstanciée, relève de l’abus.

Le doute s’épaissit lorsqu’on apprend, par la voix de certains cadres, qu’aucune de ces résolutions n’a été soumise à validation, ni publiée à l’époque. En 2020, aucun communiqué, aucune prise de parole n’en avait fait état. Rien non plus dans les circuits internes habituels. Et pour cause : ces résolutions, affirme-t-il, n’ont jamais existé en l’état. Elles auraient été rédigées après coup, pour justifier des changements opérés unilatéralement dans les fédérations, souvent au détriment des figures dissidentes.

Ce qui se joue ici dépasse le simple litige de procédure. Il s’agit d’une relecture du fonctionnement interne de l’UFDG, où la fidélité aux textes semble céder le pas aux arrangements de circonstance. En transformant un acte interne en instrument de pouvoir, le risque est grand de voir l’UFDG perdre ce qui faisait sa singularité : sa prétention à l’exemplarité démocratique.

À l’approche du congrès, une question demeure : sur quelle base juridique seront convoquées les structures de base chargées de désigner les délégués ? Plusieurs n’ont pas été renouvelées depuis cinq ans. Et ce ne sont ni le contexte sanitaire passé, ni une résolution sans fondement statutaire, qui peuvent justifier une telle entorse aux règles internes.

En l’état, les documents invoqués soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Jusqu’où peut-on aller pour garder la main sur un parti ?

Quand la règle devient variable, la confiance devient chimère.

Mamadou II BARRY
Journaliste indépendant

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