Prix Hadiatou Sow du journalisme : Elisa Camara et neuf autres femmes des médias guinéens distinguées pour leur courage

L’Alliance Femme et Médias (AFEM), à travers la 8ᵉ édition du « Prix Hadiatou Sow du journalisme », a distingué dix femmes des médias pour leur engagement exceptionnel dans le paysage médiatique guinéen.

Pour cette édition, cent femmes issues de différents domaines des médias ont été nominées, et dix d’entre elles ont reçu des distinctions spéciales en reconnaissance de leur professionnalisme, lors d’une soirée organisée ce vendredi 24 octobre dans un imposant hôtel à Kaloum, centre administratif et des affaires de Conakry.

Selon la directrice exécutive de l’AFEM, Nanténin Traoré, ce prix est « inspiré du parcours exemplaire d’une femme pionnière reconnue pour ses compétences et son intégrité. Le Prix Hadiatou Sow du journalisme a pour vocation de reconnaître et de valoriser le travail des femmes des médias guinéens dans toute leur diversité. Il récompense le talent, la rigueur, le courage et la contribution de celles qui informent, éduquent, inspirent et transforment, souvent dans des conditions difficiles. »

Évoquant les statistiques mondiales sur la représentation féminine dans les médias, la directrice a rappelé : « Selon le Global Media Monitoring Project 2025, une seule personne sur quatre citée ou visible dans les médias est une femme. Un chiffre resté quasiment inchangé depuis quatre ans. Sur notre continent, la progression n’a été que de 1 % en trois décennies. Comme l’a justement souligné ONU Femmes, quand les femmes sont absentes, la démocratie est incomplète. Les médias, ici comme ailleurs, continuent trop souvent de reproduire des stéréotypes qui enferment les femmes dans certains rôles ou certaines rubriques. Elles couvrent les pages dites “douces”, mais sont rarement présentes dans les sphères politiques, économiques ou sportives. »

Pour elle, l’implication féminine a un impact considérable dans divers domaines. Elle a également formulé plusieurs plaidoyers : « Changer les images, c’est aussi changer les mentalités. L’égalité ne se joue pas seulement dans les lois, mais aussi dans la visibilité, les représentations et les symboles. Quand une femme n’est pas visible, c’est une partie de la réalité qui disparaît. En Guinée, la féminisation du secteur médiatique est réelle, mais encore fragile. Oui, les femmes sont de plus en plus présentes dans les médias, mais les postes de décision demeurent largement dominés par les hommes. Malgré leurs compétences, elles doivent redoubler d’efforts pour être entendues, promues ou simplement considérées. Notre organisation, Alliance Femmes et Médias, plaide avec détermination pour le renforcement des capacités des femmes de médias à Conakry et surtout à l’intérieur du pays, pour l’encouragement des journaux spécialisés et des initiatives portées par des femmes, ainsi que pour la mise en place d’un régime fiscal spécifique pour les entreprises de presse, garantissant leur pérennité et leur indépendance. »

Le président du jury, Ibrahima Sory Traoré, a expliqué le processus de sélection : « Par le passé, il s’agissait d’articles et de reportages ; cette fois-ci, ce sont des profils qui ont été soumis au jury. Nous avons travaillé avec conscience et déontologie. »

Elisa Camara, journaliste et cheffe des reporters de Mediaguinee

Les prix ont été décernés à : Hadjiratou Bah, Maladhö Traoré, Marie Louise Diallo, Safiatou Condé, Djaraye Guirassy, Oumou Khaïry Touré, Marie Louise Kolié, Kadiatou Traoré, Elisa Camara (journaliste et cheffe des reporters à MediaGuinee.com) et Fatoumata Baïlaou Bah.

Trois autres femmes ont également reçu des prix spéciaux : Aminata Camara, Makèmè Bamba et Kadiatou Kaba.

Hadiatou Sow, dont le prix porte le nom

Au nom de sa collègue Elisa Camara, absente à la cérémonie de remise, la journaliste Christine Finda Kamano a exprimé sa satisfaction : « C’est un sentiment de fierté. Je faisais aussi partie des 100 nominées. Même si je n’ai pas été lauréate, ma consœur Elisa l’a été. C’est une grande fierté pour toute notre rédaction. Cela nous encourage à être plus déterminées encore, car cela prouve que, quand on est brave, cela finit toujours par payer. Elisa le mérite, et cela nous pousse à donner encore plus. »

La fondatrice du prix, Hadiatou Sow, Monique Curtis Briggs, a encouragé la persévérance des femmes dans les médias : « Certes, nous n’avons pas totalement brisé le plafond de verre, mais nous sommes visiblement engagées sur la voie de la réussite. En ce jour d’hommage au courage des femmes de médias, il est impératif d’unir nos forces pour pérenniser nos actions et résister aux pressions. Je tiens à vous réitérer ma disponibilité à vous accompagner dans cette exaltante mission. »

De son côté, la ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, Charlotte Daffé, a souligné : « Recevoir le Prix Hadiatou Sow est un honneur, mais aussi une responsabilité. C’est le début d’une mission : celle d’inspirer et de donner la voix à d’autres femmes. Chaque lauréate devient l’ambassadrice d’un message fort : le mérite féminin n’est pas une exception. Ce prix est un appel à aller plus loin, à innover et à continuer d’informer avec passion et détermination. Nous devons continuer à créer des espaces où les femmes des médias peuvent s’exprimer librement, évoluer sereinement et exister pleinement. »

La ministre du Commerce, Fatima Camara, a également salué l’initiative : « Vous pouvez compter sur moi à tout moment, pour un appui moral, technique et financier. »

Enfin, le ministre de l’Information et de la Communication, Fana Soumah, a mis en avant l’importance du thème de cette édition.

« Le thème de cette année, Informer, résister, exister, résonne profondément avec la mission des médias et le parcours de chaque femme journaliste. Les femmes des médias ne demandent pas de faveur, mais la reconnaissance de leur mérite. Permettez-moi ici de réaffirmer l’engagement de Son Excellence le Président, le Général Mamadi Doumbouya, et de tout le gouvernement, en faveur de la liberté de la presse. Nous continuerons à œuvrer pour un environnement propice à l’exercice du métier de journaliste et à renforcer les mécanismes de protection des professionnels des médias », a-t-il souligné.

Mayi Cissé

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