Lutte contre la traite des êtres humains : la Guinée encore sur la liste de surveillance

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L’humanité célèbre, ce 30 juillet 2025, la Journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains, sous le thème : « La traite des êtres humains est un crime organisé – Mettons fin à l’exploitation ». En Guinée, l’événement a été marqué par un point de presse organisé par le ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, en collaboration avec les institutions engagées dans la lutte contre ce fléau.

Lorraine Ndayirukiye, responsable du programme Protection et Réintégration à l’OIM Guinée, a saisi l’occasion pour dresser un état des lieux peu reluisant. Selon elle, le dernier rapport 2024 du Trafficking in Persons (TIP) publié par le Département d’État américain classe la Guinée au niveau 2 – liste de surveillance. Une position qui, malgré certains progrès, souligne de « sérieuses lacunes » dans la réponse nationale à la traite : faible nombre de poursuites judiciaires, mécanismes insuffisants pour identifier et accompagner les victimes, et coordination institutionnelle encore fragile.

« Ce classement est un appel à l’action. Il rappelle que la Guinée reste un pays d’origine, de transit et de destination pour la traite des êtres humains », a-t-elle déclaré, en appelant à une mobilisation collective de toutes les couches sociales. Pour elle, il ne s’agit pas d’un combat réservé à l’État ou aux ONG, mais d’un « devoir commun de chaque citoyen ».

Une réalité complexe et préoccupante

Le président du Comité national de lutte contre la traite des personnes, Aboubacar Sidiki Camara, a, lui aussi, dressé un tableau inquiétant de la situation. S’appuyant sur les cas traités, il a révélé que les femmes et les enfants sont les principales victimes des différentes formes d’exploitation : exploitation sexuelle, travail forcé, proxénétisme, pornographie infantile…

« Sur les cas d’exploitation sexuelle, 80 % des victimes sont des femmes. Les jeunes filles représentent 30 % de ces cas, et les enfants sont aussi fortement touchés, notamment dans les contenus pornographiques où ils constituent 65 % des victimes », a-t-il précisé. Dans le cas du travail forcé, notamment le travail domestique, les jeunes filles venues du milieu rural pour travailler dans les ménages à Conakry sont particulièrement vulnérables. « Ce sont souvent les recruteurs qui tirent profit de leur labeur, pas elles », a-t-il indiqué.

Malgré la promulgation en 2024 d’une loi spéciale sur la traite des personnes, le président du comité a indiqué que quatre textes d’application attendent toujours d’être adoptés, freinant l’efficacité de la mise en œuvre.

Le lieutenant Diallo Thierno Hamidou, du service central de protection des personnes vulnérables, a rappelé le rôle central de la gendarmerie dans la répression de ces crimes. « Nous intervenons dès qu’une plainte est déposée, à travers des dénonciations, des signalements par les ONG, ou en cas de flagrant délit. Notre mission est de constater les infractions, rassembler les preuves, et présenter les auteurs présumés à la justice », a-t-il expliqué.

Parlant au nom de la ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, le conseiller principal Sékou Fofana a insisté sur la nécessité de renforcer les actions à tous les niveaux. « Bien que la traite existe depuis longtemps, il est temps d’agir de manière plus décisive. Les engagements pris doivent se traduire par des actes concrets. »

Lorraine Ndayirukiye a insisté sur l’union des forces des partenaires internationaux et la société civile contre ce fléau silencieux: « Tant qu’un seul enfant, une seule femme ou un seul homme sera exploité, notre combat ne sera pas terminé. »

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