Kankan- Lamine Sow, 2è de la République SM : “en pleine préparation du Bac, on avait démoli notre maison… ”

Après la publication des résultats du Brevet d’études du premier cycle (BEPC) jeudi dernier, ceux du baccalauréat unique, session 2025, ont été rendus publics tôt ce samedi 19 juillet par le ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, sur toute l’étendue du territoire national. Le taux de réussite s’élève à 33,34 %, toutes options confondues.

Comme lors de la session précédente de 2024, la ville de Kankan a, cette année encore, enregistré plusieurs lauréats dans les différentes séries.

Parmi eux, Lamine Sow, élève du Complexe scolaire Bandjou Keita, situé dans le quartier Bordo, a été classé deuxième de la République en sciences mathématiques. Actuellement en vacances dans la sous-préfecture de Sinko (préfecture de Beyla), il a été joint par téléphone par notre correspondant basé à Kankan. Il a partagé son émotion : « Quand j’ai appris que les résultats étaient disponibles ce matin, j’ai appelé mon grand frère et je lui ai envoyé mon PV. Ensuite, il m’a répondu que j’étais classé deuxième de la République. La joie était immense. Moi-même, j’ai vérifié pour voir si c’était vrai, et j’ai vu que j’étais bel et bien deuxième en sciences mathématiques. »

Avec ce résultat, Lamine estime avoir réalisé un rêve de longue date. Mais ce parcours d’excellence n’a pas été sans embûches. Il raconte avoir travaillé dur et surmonté de nombreuses difficultés, notamment les opérations de déguerpissement menées à Kankan en mai dernier.

« J’ai commencé à préparer mon bac depuis la 11e année. J’ai d’abord fait une 11e à Sinko, une sous-préfecture proche de Beyla. Ensuite, je suis allé à Kankan pour m’inscrire au lycée-collège Saint Jean. Là-bas, j’ai passé un test, mais on a jugé mon niveau insuffisant. On m’a demandé de reprendre la classe, ce que j’ai accepté sans problème. J’ai refait la 11e à Saint Jean, où j’ai terminé premier de la classe. Ensuite, je me suis orienté vers Bandjou Keita. Quand j’y ai déposé mes dossiers, ils ont vu que je venais de Saint Jean et ne m’ont pas fait passer de test. Ils ont dit que les élèves de cette école sont très intelligents. De la 7e jusqu’en terminale, j’ai toujours été premier », explique le jeune lauréat.

Durant les vacances, Lamine est allé à Conakry, où son grand-frère l’a inscrit dans un club de révision.

« Le deuxième de la République en sciences mathématiques en 2022 était aussi mon grand frère, et il fréquentait ce même club. J’y ai passé deux mois. Je n’avais pas informé le censeur de Bandjou Keita. Un jour, il m’a appelé pour savoir où j’étais. Quand je lui ai dit que j’étais à Conakry, il a exigé que je rentre. Il appelait souvent mon grand frère pour lui demander de me laisser revenir à Kankan. Finalement, mon frère a accepté, et je suis revenu avec l’objectif d’être parmi les cinq premiers de la République. »

De retour à Kankan, le rythme s’intensifie : « On avait cours de 8h à 18h. Le soir, je me lavais, puis je reprenais mes exercices. J’ai beaucoup travaillé. Quand je ne comprenais pas une partie, je retournais vers mes professeurs pour demander des explications. »

Puis vient l’épreuve du déguerpissement : « En mai, il y a eu une opération de déguerpissement à Kankan. Notre maison a été complètement démolie. Je me suis alors déplacé chez un ami à Bordo. On se débrouillait ensemble. Son grand frère nous a même acheté un tableau pour qu’on puisse continuer à travailler. Je m’étais fixé l’objectif d’être dans les cinq premiers. Je demandais à mes anciens professeurs de Conakry de m’envoyer des sujets pour mieux m’exercer. »

Aux candidats qui n’ont pas réussi, Lamine adresse un message d’encouragement : « Je demande à mes amis qui n’ont pas été admis de garder le courage, car l’échec ne détermine pas l’avenir. Il faut redoubler d’efforts, avoir confiance en soi et corriger ses faiblesses. »

À noter que le deuxième de la République en sciences expérimentales ainsi que le huitième en sciences sociales sont également issus de la ville de Kankan.

Pathé Sangaré, correspondant à Kankan

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