Kankan : Karamo Lanciné Traoré, un aveugle qui défie les limites du handicap

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Aveugle, oui. Mais ni mendiant ni oisif.

À Bananköröda, dans la commune urbaine de Kankan, vit un homme dont la détermination force l’admiration : Karamo Lanciné Traoré, un vieil aveugle qui refuse de se laisser dominer par son handicap. Depuis plusieurs années, il partage son temps entre le maraîchage et l’enseignement coranique, deux activités exigeant force, foi et endurance.

Un homme qui refuse la résignation

Rencontré ce dimanche sous un soleil accablant, Karamo Lanciné Traoré travaille dans son jardin, les pieds dans la terre, les mains effleurant les plantes qu’il reconnaît au toucher.

« Dieu m’a rendu aveugle, mais il ne m’a pas enlevé ma passion de me battre », confie-t-il d’une voix calme.

C’est alors qu’il était élève à l’école coranique que la maladie l’a frappé. Sa mère, bouleversée, avait pleuré. Mais lui, déjà philosophe dans l’épreuve, l’avait apaisée : « Dieu qui m’a donné cette maladie, c’est Lui qui m’aidera à vivre avec. » Depuis, il cultive la salade, l’oignon et d’autres légumes, tout en continuant à prêcher dans les villages voisins.

La terre comme thérapie

Sur un lopin de terre au bord du fleuve Milo, Karamo s’active chaque jour avec une rigueur exemplaire. Ses gestes précis trahissent une longue expérience et une connaissance intime du sol.

« Si tu perds la vue, Dieu t’ouvre un autre esprit. Je ne vois pas, mais j’ai un champ de réflexion très large. Quand mes enfants me conduisent ici, je reconnais les plantes et les outils en les touchant. C’est Dieu qui me guide », dit-il, le sourire aux lèvres.

La dignité avant tout

Père de famille, Karamo rejette fermement la facilité de la mendicité :

« J’ai des amis qui mendient jour et nuit. Ils gagnent parfois beaucoup, mais moi je préfère travailler et manger le fruit de mes efforts. »

Pour lui, la dignité vaut plus que l’argent. Sa femme et ses enfants, qu’il décrit comme respectueux et solidaires, sont à la fois son soutien moral et ses yeux sur le terrain.

Depuis plus de 28 ans, il pratique le maraîchage. Mais cette année, les inondations du Milo ont ravagé ses deux jardins.

« Nous pensions qu’il n’y aurait plus d’inondation après le 10 septembre, mais Dieu en a décidé autrement. L’eau est venue et a tout emporté. »

Entre foi et espoir

Malgré les pertes, Karamo garde espoir. Il montre les pneus usagés servant de clôture à son jardin et déplore le manque d’équipement :

« Je n’ai pas de forage. Pendant la saison sèche, c’est très difficile de trouver de l’eau. »

Son vœu le plus cher reste pourtant simple :

« Je vis encore en location avec beaucoup de personnes à ma charge. Je prie Dieu de m’aider à avoir une maison et d’accomplir le hadj avec celui qui tient mon bâton, pour mourir en paix. »

Un appel à la solidarité

Aujourd’hui, le vieux Karamo Lanciné Traoré lance un appel aux autorités locales, aux ONG et aux bonnes volontés pour un soutien en matériel agricole, semences et accompagnement adapté à sa situation.

Son histoire est celle d’un homme qui prouve que le handicap n’est pas une fin, mais une épreuve que la foi, la dignité et le travail peuvent sublimer.

À Bananköröda, entre les sillons de son jardin, le vieux Karamo cultive bien plus que des légumes : il sème une leçon de courage et d’humanité.

Karifa Doumbouya, correspondant à Kankan

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