Hommage à un homme d’exception : Boubacar Keïta, incarnation de la droiture, de l’excellence et du service

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Par Mouctar Diallo, ancien ministre et leader du parti NFD : Homme d’honneur, de rigueur et de service, Monsieur Boubacar Sidiki Keïta fut un patriote exceptionnel. Formé aux États-Unis, il fit le choix courageux de revenir en Guinée pour servir sa nation avec compétence, intégrité et dévouement. Chaque responsabilité fut pour lui une mission citoyenne, chaque fonction un levier d’impact.       

Après avoir laissé une trace remarquable à la CBG, à l’USAID-Guinée, à la Banque Islamique, à Ecobank, à l’ABAO, puis à l’ACGP, Boubacar Keïta fut nommé par le Président de la République à la tête de la SONAPI. Là, il impulsa une réforme audacieuse, fondée sur la transparence, l’innovation et un sens élevé de l’intérêt général. Dans un environnement trop souvent rongé par l’immobilisme, gangrené par le favoritisme, les privilèges et les compromissions, il fit preuve d’une discipline exemplaire. Son passage marqua une rupture salutaire : il donna souffle et sens à une institution marginalisée, en la hissant au rang d’acteur stratégique du développement national. Il laissa en héritage non seulement une SONAPI pleinement revitalisée, mais aussi des ressources publiques scrupuleusement préservées, par fidélité au devoir. Témoignage éclatant d’une gouvernance de référence, guidée par la probité, la vision et le respect profond des valeurs républicaines.     

Boubacar Keïta était allergique à la médiocrité et aux raccourcis. Toujours en éveil, il travailla jusqu’à son dernier souffle, fidèle à sa devise : « Le travail et l’engagement sont sacrés. » Pour lui, ils demeuraient les seules voies d’un véritable progrès, qu’il soit individuel ou collectif.  

Tonton Bouba (BK) était habité par la foi, l’humilité et la gratitude. Il représentait la grandeur discrète. Père aimant, guide éclairé, bâtisseur infatigable de vies et de consciences, il laisse l’empreinte durable d’un homme rare. Sa générosité, son écoute, sa loyauté et son amour indéfectible pour sa patrie resteront gravés dans les mémoires, tel un arbre dont l’ombre continue de protéger et les fruits nourrissent encore bien après la saison de sa floraison.

Par sa vie tournée vers le bien et son engagement sans relâche au service d’autrui, il reflète cette parole du Prophète Mohamed (paix et bénédictions sur lui) : « Les gens les plus aimés d’Allah sont ceux qui sont les plus utiles aux autres. »

Il incarne également cette sagesse mandingue :« Quand l’homme de bien ferme les yeux, ce n’est pas la fin : son nom marche encore, ses œuvres parlent pour lui et les vivants s’éclairent à sa lumière. »

Puisse Allah accorder le Paradis Firdaws à El Hadj Boubacar Sidiki Keïta. Amine !

TEXTE INTÉGRAL

Une âme façonnée par la sagesse divine

Il est des êtres que Dieu, dans Sa sagesse infinie, façonne avec une grâce singulière : une âme droite, un cœur vaste, une parole vraie, un sens du devoir profondément ancré. Monsieur Boubacar Sidiki Keïta était de ceux-là. Il ne fut pas simplement un homme bon, mais une référence. Il ne traversa pas la vie : il la remplit de sens, de foi et de service. Il fit du quotidien une mission et de la discrétion une forme de grandeur.

Les vies qu’il toucha, les douleurs qu’il soulagea, les espoirs qu’il raviva témoignent de ce qu’il sema bien au-delà de lui-même. Comme l’écrivait Khalil Gibran : « Ce que vous faites pour vous disparaît avec vous, mais ce que vous faites pour les autres demeure à jamais. »

Bien avant que nos chemins ne se croisent aux États-Unis, j’avais entendu parler de lui, en Guinée. Un jour, alors que j’étais ministre de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes, le Président Alpha Condé me téléphona : « Mouctar, contacte Boubacar Keïta, le Directeur général de la SONAPI. Échange avec lui sur les opportunités pour les jeunes. C’est un homme de confiance. Il saura aider. » Ce qui me frappa, ce ne fut pas tant la mission que le ton. Le Président, habituellement avare en éloges, parlait de lui avec une admiration peu commune. Il le décrivait comme un homme de compétence éprouvée et d’intégrité sans faille.

Ceux qui l’ont connu savent qu’il ne se définissait pas par ses fonctions. Pour moi, il fut bien plus qu’un beau-père : un repère, un confident, un père d’adoption. Dans les derniers jours de sa vie, j’eus le privilège de l’accompagner, de l’écouter, de le voir à l’œuvre, toujours animé par cette volonté de faire le bien, de tenir parole, de transmettre une sagesse.

Héritier d’une lignée d’excellence, artisan de sa propre légende

Il est des héritages qui ne se transmettent pas uniquement par le sang, mais par la force de l’exemple, le mérite et la noblesse. Boubacar Sidiki Keïta naquit dans une lignée où l’excellence et l’honneur n’étaient pas un simple idéal : c’était un devoir. Il fut un digne héritier d’une tradition familiale fondée sur le savoir, le service public et l’intégrité.

Son père, Ibrahima Sory Keïta, après de brillantes études à Gorée – haut lieu de formation intellectuelle en Afrique de l’Ouest – retourna en Guinée en 1922. Il débuta comme instituteur, avant d’être promu premier administrateur colonial originaire de sa région. Il devint ensuite l’un des deux premiers trésoriers guinéens sous l’administration coloniale française. Cette trajectoire, exceptionnelle pour l’époque, posa les fondations d’un legs fait de rigueur, de responsabilité et de patriotisme.

C’est dans ce creuset de valeurs et de discipline que naquit Boubacar Sidiki Keïta, au sein d’une grande famille malinké de Sanankörö, dans le Hamana, préfecture de Kouroussa. Onzième d’une fratrie de vingt-quatre enfants, il grandit dans un environnement où l’honneur, la dignité, l’effort et la probité étaient les piliers de l’éducation.

À l’image de son père et de ses frères aînés bien-aimés, Seydou et Mamady Keïta, tous deux anciens ministres, Boubacar Sidiki Keïta s’inscrivit dans une lignée d’hommes d’honneur, de rigueur et de service. Nourri dès l’enfance par cette culture d’excellence, il porta fièrement les valeurs familiales, tout en traçant son propre chemin avec la même exigence de mérite, d’éthique et de responsabilité.

Boubacar Keïta avait arpenté les quatre régions naturelles du pays, côtoyé toutes les composantes de la nation, partagé les joies comme les douleurs de ses compatriotes, au-delà des appartenances ethniques, des statuts sociaux ou des niveaux d’instruction. Il ne se contentait pas de connaître les Guinéens : il les comprenait, les aimait, les servait.

Fidèle à la tradition familiale, tout en affirmant sa singularité, Boubacar Keïta était un homme de lien, d’écoute et d’unité. Il fut un trait d’union entre les générations, entre les cultures, entre les différences. Un homme de nation, tout simplement.

Le parcours exemplaire d’un patriote, forgé dans l’honneur, la rigueur et le sens du devoir

Formé aux États-Unis, où il fut major de sa promotion dans une prestigieuse université, Boubacar Keïta aurait pu y bâtir une carrière prometteuse. Mais son cœur appartenait à sa terre natale. Par conviction, il rentra en Guinée pour servir avec abnégation, compétence et dévouement.

C’est avec un esprit de sacrifice, enraciné dans le patriotisme et nourri par l’excellence, qu’il entama un parcours professionnel remarquable. Boubacar Keïta mena une trajectoire exemplaire, marquée par une succession de responsabilités de haut niveau. Il débuta comme chef du bureau de la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) à Conakry, où il s’imposa rapidement par son sérieux et sa maîtrise des dossiers complexes. À son retour des États-Unis, il fut nommé Directeur financier de l’USAID-Guinée, un poste qu’il occupa pendant dix années.

Il y laissa l’empreinte indélébile d’un homme compétent et intègre. En reconnaissance de ses services remarquables, le Secrétariat d’État américain l’invita officiellement à Washington, en compagnie de sa famille, pour le célébrer et lui remettre un satisfecit honorifique.

Il poursuivit ensuite son parcours dans le secteur bancaire, où ses compétences et son éthique professionnelle suscitèrent respect et admiration. Après avoir marqué son passage à la Banque Islamique puis à Ecobank, il fut désigné Secrétaire général de l’Association des Banques de l’Afrique de l’Ouest (ABAO), basée à Freetown. Pendant cinq ans, il contribua activement à l’intégration et à la modernisation du secteur bancaire régional.

Conscient de son engagement éthique, de sa compétence, de sa vision et de son sens élevé du service public, le Président Alpha Condé le nomma d’abord Administrateur adjoint à l’ACGP (Administration et Contrôle des Grands Projets), où il fit rapidement ses preuves. Soucieux de maximiser son impact, il le nomma ensuite Directeur général de la SONAPI (Société Nationale d’Aménagement et de Promotion Immobilière), une institution alors marginalisée, peu productive et fragilisée par des années de gestion approximative.

Réformateur audacieux, Boubacar Keïta insuffla à la SONAPI une nouvelle dynamique, fondée sur l’innovation, la transparence et l’efficience dans l’action publique. Il ne se borna pas à gérer l’existant : il redéfinit les orientations stratégiques de l’institution, modernisa ses outils de gouvernance et la transforma en un véritable levier du développement national.

Grâce à sa clairvoyance et son exigence, il lança une refondation structurelle ambitieuse. Il identifia, sécurisa et valorisa les domaines de l’État, mit en place des systèmes modernes de cartographie et de gestion foncière, structura des bases de données fiables et optimisa les circuits de décision.

Il introduisit de nouveaux mécanismes de planification stratégique et engagea des partenariats public-privé innovants. Il positionna ainsi la SONAPI comme un acteur clé de la modernisation de l’habitat, de l’aménagement du territoire et de la mise en œuvre des politiques publiques.

Son action permit de mobiliser des ressources inédites, d’élargir significativement le portefeuille foncier de l’État, tout en maintenant une ligne de conduite irréprochable sur le plan budgétaire. Il donna à l’institution sa place dans l’architecture du développement national. Sous son leadership, la SONAPI devint un outil stratégique au service de l’État, des collectivités et de l’intérêt général.

À l’occasion des fêtes tournantes de l’indépendance, il réalisa de nombreuses infrastructures administratives et socio-économiques dans les régions. Il contribua activement au renforcement de la présence de l’État sur tout le territoire.

Homme de devoir bien plus que d’ambition personnelle, Boubacar Keïta ne chercha jamais les projecteurs. Il incarna une autre forme de grandeur : celle de la conscience tranquille, du service accompli. Il fut un homme d’État au sens noble, mû par le sens du devoir et habité par un amour de la République.

Tous ceux qui eurent l’honneur de croiser son chemin – collègues, collaborateurs ou proches – sont unanimes : il fut un homme d’une profonde humanité, d’une rigueur exemplaire, d’une compétence rare, d’un patriotisme sincère et d’une intégrité inébranlable. Il ne prônait pas ces vertus : il les incarnait avec une humilité naturelle. J’en témoigne. L’Histoire inscrira son nom parmi les bâtisseurs silencieux mais très importants de notre nation.

Fidèle à ses principes, en quittant la SONAPI en 2021, il laissa dans les caisses plus de quarante milliards de francs guinéens. Ces fonds, mobilisés et gérés sans détour, sans faveur, sans compromis et sans calcul personnel, témoignaient de son intégrité. Là où d’autres auraient profité, il transmit un modèle de gouvernance de référence, prouvant qu’une gestion publique efficace était possible. Une véritable leçon de loyauté envers l’État.

L’intégrité comme boussole, l’effort comme ligne de vie

Boubacar Keïta éprouvait une aversion viscérale pour la malhonnêteté et la médiocrité. Il me le confiait souvent, avec cette franchise désarmante qui le caractérisait : « Mouc (comme il aimait m’appeler), je n’aime pas les malhonnêtes. Je n’ai jamais menti, je n’ai jamais volé ! »

Ce n’était pas pour lui une posture, mais une règle de vie. La droiture était, pour lui, une exigence fondamentale. Il rejetait avec la même fermeté la paresse et le laxisme. Il disait encore : « Je suis allergique aux médiocres et aux paresseux. Toute ma vie, je me suis battu. L’effort est, à mes yeux, la seule voie vers la réussite, qu’elle soit individuelle ou collective. »

Son épouse, Hadja Aïssatou Barry, me confia un jour, avec tendresse et admiration, que son époux n’avait cessé de se consacrer à ses responsabilités, inlassablement, jusqu’à la fin. Il ne croyait ni aux raccourcis ni aux faveurs faciles. Son chemin était celui de l’effort constant, du mérite et de la fidélité au devoir.

Je garde en mémoire une scène forte et symbolique, trois jours avant son décès. Nous avions prévu une réunion importante à Baltimore. Ce matin-là, il était épuisé. Il me dit au téléphone : « Mouc, je suis très fatigué, mais nous devons respecter notre programme. »

Je lui proposai de reporter la réunion, soucieux de son état. Il refusa aussitôt : « Non. Le travail et l’engagement sont sacrés. Viens me chercher, il faut qu’on y aille. »

Et pendant plus de trois heures, malgré l’épuisement, il participa activement à la réunion sans fléchir.

Jusqu’au bout, Boubacar Keïta incarna ce qu’il prônait : l’honnêteté comme socle, le travail comme vocation, le service comme devoir et l’excellence comme signature.

La force d’un esprit jeune, au combat jusqu’au bout, dans un corps éprouvé

D’une exigence rare – surtout envers lui-même – Boubacar Keïta se remettait sans cesse en question, convaincu que tant que l’on respire, on doit continuer de progresser. Animé d’une soif de connaissance inaltérable, il passait des heures, parfois tard dans la nuit, absorbé par l’actualité du monde, la quête d’idées nouvelles, d’opportunités, de savoirs. Curieux, humble, toujours en éveil, il croyait que grandir, c’était apprendre chaque jour. C’est aussi cela qui faisait de lui un homme intensément vivant.

À 75 ans passés, alors que beaucoup auraient songé au repos ou au retrait, il conservait une ardeur étonnante, une vitalité d’esprit défiant l’âge et les limites du corps. Il rêvait encore, pensait, planifiait, construisait, comme un jeune homme animé par l’enthousiasme des premiers élans professionnels.

Il parlait projets, il parlait avenir, comme si l’éternité s’ouvrait devant lui et servait les créatures de Dieu comme s’il allait Le rencontrer le lendemain.

Je le regardais parfois avec un mélange d’admiration et d’étonnement. Moi, à 50 ans, persuadé d’entrer dans l’âge du recul, je trouvais en lui une source d’inspiration constante, une voix me soufflant : « S’il continue de rêver et de porter de grandes ambitions malgré le poids des ans… alors, quel est mon prétexte pour renoncer ? »

Il m’arrivait de recevoir ses messages à trois heures du matin : idées nouvelles, orientations stratégiques sur des projets… L’heure comptait peu : l’urgence d’avancer l’emportait sur la fatigue.

Un jour, pensant lui offrir un peu de répit, je tentai de ralentir le rythme. Mais il me répondit, avec malice et affection, par un message envoyé à 00h19, devenu pour moi un moteur : « De toi, j’attends des initiatives concrètes. Tu constates tout de moi pour que l’on aille de l’avant. Force un peu que l’on avance. J’attends un peu de ton agressivité mais pas de ta passivité !!!!! […] On doit tout essayer pour aller de l’avant en tenant compte de ma santé précaire. Ton papa. » Ce message fut un électrochoc. Cette nuit-là, je ne dormis presque pas. Il m’avait réveillé, au sens propre comme au figuré.

Il était ainsi jusqu’au bout : un guerrier de l’esprit, un bâtisseur infatigable, un provocateur d’excellence et un père exigeant. Exigeant par amour, par foi en l’autre et par passion pour le devoir.

Il ne m’a pas seulement soutenu : il m’a constamment poussé au dépassement, me rappelant par sa propre vie que le temps n’est jamais un frein à l’engagement, tant que l’âme est vivante.

Une vie donnée aux autres

Tonton Bouba ou BK, comme on l’appelait affectueusement, vivait pour les autres. Il concevait son existence comme une présence bienveillante, un engagement discret mais constant au service de ceux qu’il croisait.

Mais malgré cet engagement auprès de tous, il ne délaissa jamais les siens. Son sens de la famille était profond. Il tenait aux liens du sang comme on tient à une promesse divine. Ses frères, sœurs, oncles, tantes, neveux, nièces, etc., chacun avait sa place, chacun recevait une part de sa bienveillance. Il savait donner de l’importance à chacun, au point que tous se sentaient uniques. Ses relations familiales étaient tissées de constance, de respect et d’affection et il les entretenait avec un soin rare.

Sa mère, Aissatou Woury Touré, affectueusement appelée “Diadia”, occupait une place unique dans son cœur. Il la couvrait d’une tendresse inaltérable, d’un soin permanent et lui témoignait une révérence empreinte de piété filiale. À travers elle, il incarnait pleinement cette parole prophétique : « Le Paradis de l’homme se trouve sous les pieds de sa mère. »

Il avait la conviction que servir ses parents est l’un des actes les plus nobles qu’un être humain puisse accomplir. Ce n’était pas seulement un devoir, mais une joie, une grâce, une forme suprême de gratitude.

Lorsqu’il tendait la main, il ne s’arrêtait jamais au strict nécessaire. Quand quelqu’un l’appelait dans la détresse, il dépassait toujours les attentes. J’ai été témoin, à plusieurs reprises, de voix étranglées d’émotion, de pleurs sincères, provoqués par une générosité inattendue. Il ne faisait pas qu’aider : il soulageait, il relevait, il portait, comme si les fardeaux étaient les siens.

Je me souviens d’un moment marquant, sur la route du New Jersey. Ce trajet se transforma en une chaîne d’assistance humaine : appels à un malade, à une famille en difficulté, à un jeune en quête de repères… Il écoutait, conseillait, agissait, avec calme, sans plainte, comme s’il accomplissait une mission sacrée. Il savait trouver les mots justes, poser les gestes qu’il fallait, être présent.

Touché par tant de dévouement, je lui dis : « Papa, vous passez tout votre temps à résoudre les problèmes des gens… » Il me répondit avec sérénité : « Mouc, aider les autres, c’est à la fois une responsabilité et une source de joie. Quand Dieu t’accorde Ses bienfaits, tu dois en faire bénéficier ceux qui en ont besoin. Dieu n’agit pas directement du ciel : Il agit à travers nous. Alors, si tu peux aider, fais-le sans attendre. »

Boubacar Keïta tendait la main sans bruit, mais avec une force rare. Il reconstruisait des trajectoires, ouvrait des portes, semait des opportunités, soutenait des projets pour restaurer la dignité et nourrir l’espérance. Non pour briller, mais pour élever.

Il ne promettait pas : il accomplissait. Il ne vendait pas d’illusions : il concrétisait. Là où d’autres annonçaient, lui réalisait. Avec sobriété, mais une efficacité dont les traces demeurent.

Il n’a pas seulement vécu : il a fait vivre. Et comme l’a si bien exprimé Nelson Mandela : « Ce qui compte dans la vie, ce n’est pas le simple fait d’avoir vécu. C’est la différence que l’on a faite dans la vie des autres qui détermine le sens de la vie que l’on a menée. »

Une sagesse nourrie d’humilité, de gratitude et de fidélité

L’islam enseigne la gratitude comme une forme de foi vivante – une foi qui ne se contente pas de croire, mais qui remercie et s’incline devant la source de tout bien. Boubacar Keïta ne cessait de témoigner sa reconnaissance aux hommes et de louer son Créateur. À chaque étape de son parcours, dans chaque relation, chaque réussite, il discernait un signe de la faveur divine, jamais un mérite personnel à revendiquer.

Il avait une parfaite compréhension de ce verset du Coran : « Et si vous êtes reconnaissants, très certainement J’augmenterai [Mes bienfaits] pour vous. » (Sourate Ibrahim, verset 7)

Il disait régulièrement : « Aujourd’hui, à 76 ans, je vis le quatrième quart de mon siècle. Chaque jour qui m’est encore accordé est un pur bonus, une grâce supplémentaire. La plupart de mes amis sont déjà partis. J’ai fréquenté de grands milieux, j’ai fait le tour du monde. J’ai connu les honneurs, exercé d’importantes responsabilités, mené une vie pleine et utile. J’ai eu un peu de moyens. Je suis issu d’une bonne famille et j’ai eu des enfants dont je suis fier. Alors, si avec tout cela je ne suis pas reconnaissant envers Dieu, c’est que je suis un ingrat, et que Dieu m’en préserve. » Que dire de plus ?

Ces mots, d’une grande lucidité, reflétaient l’humilité d’un homme que ni les honneurs ni les réussites n’avaient détourné de la conscience de la fragilité de toute chose.

Dans un monde souvent pressé, avide et oublieux, il était un rappel vivant que la grandeur ne réside ni dans ce que l’on possède ni dans ce que l’on affiche, mais dans la manière dont on rend grâce – avec dignité, humilité et engagement envers autrui. Comme l’écrivait Cicéron : « La gratitude est non seulement la plus grande des vertus, mais la mère de toutes les autres. » Et c’est peut-être là, dans cette disposition intérieure, que résidait la source secrète de la noblesse de tonton Bouba.

Il avait cette capacité rare à entretenir une multitude de relations sans jamais les banaliser. Chacun de ses proches – famille, amis, collègues – se sentait reconnu, valorisé, tant il savait être présent, attentif, fidèle. Il portait en lui une mémoire affective vive, capable de se souvenir d’un détail, d’un anniversaire, d’un moment partagé, même après des décennies.

Sa loyauté faisait de lui un pilier dans la vie des autres, un soutien constant, fidèle à tous les moments de l’existence.

Une perte immense

Le     décès     de     Boubacar     Sidiki     Keïta     retentit     comme     un     coup     de     tonnerre.

L’annonce de sa disparition, le 8 juillet 2025 aux États-Unis, plongea des milliers de personnes dans la sidération, la douleur et un chagrin profond. Dès ce jour, les appels, les messages, les témoignages affluèrent sans relâche, tant l’homme avait su tisser autour de lui des liens solides, sincères et durables.

À son domicile de Clarksburg, dans le Maryland, la maison n’a cessé d’accueillir, jour et nuit, des vagues humaines venues pleurer, prier, témoigner, partager une peine commune.

Des jours durant, la foule se succéda sans interruption. Même après l’inhumation, les visites, les prières, les gestes de solidarité continuèrent, comme si nul ne voulait refermer cette page lumineuse de leur vie.

À Conakry, dans sa maison de Nongo, la même émotion collective s’exprima avec une intensité bouleversante. La grande cour familiale ne suffisait plus à contenir les proches, les voisins, les délégations venues de partout pour lui rendre un dernier hommage. Dans un élan de solidarité d’une rare ampleur, une quarantaine de bœufs furent offerts. Témoignage vibrant de l’amour, du respect et de l’attachement que tant de cœurs lui vouaient.

Il est de ces hommes dont la perte laisse un vide que nul ne saurait combler, mais dont l’exemple continue d’inspirer comme une lumière intérieure.

Époux aimant de Hadja Aissatou Barry, père attentionné de Ibrahima Sory (Pa Sory), de Nene Oumou et de Ramatoulaye Keïta, El Hadj Boubacar Sidiki Keïta transmit bien plus qu’un nom. Il laissa une empreinte vive, une étincelle d’espérance dans le cœur de tous ceux qu’il avait aimés, soutenus, servis, inspirés. Un homme comme lui ne disparaît jamais tout à fait : il continue de vivre dans le bien qu’il a semé, les valeurs qu’il a incarnées, les consciences qu’il a éveillées.

Comme le dit une sagesse mandingue : « Quand l’homme de bien ferme les yeux, ce n’est pas la fin : son nom marche encore, ses œuvres parlent pour lui et les vivants s’éclairent à sa lumière. »

Un serviteur pour qui nous espérons le Paradis, par la grâce d’Allah

El Hadj Boubacar Keïta fut un homme dont la vie tout entière fut un don : envers Dieu, envers les siens, envers les autres, envers la Guinée et au-delà. Il fut un cœur habité par la foi, une âme tendue vers le bien, un homme dont chaque geste semblait porter la marque d’une mission : soulager, construire, encourager, élever.

Dieu, Lui, ne laisse jamais le bien sans rétribution. Celui qui voit ce que les hommes ignorent, Celui qui pèse les intentions et lit les cœurs, l’a promis dans Sa Parole éternelle : « Quiconque fait le bien, fût-ce du poids d’un atome, le verra. » (Sourate Az-Zalzala, verset 7).

Et le Prophète Mohamed (paix et bénédictions sur lui) a dit : « Les gens les plus aimés d’Allah sont ceux qui sont les plus utiles aux autres. » (Tabarânî).

Si les œuvres sont des témoins, alors celles d’El Hadj Boubacar Keita parlent en sa faveur. Qu’Allah les agrée. C’est pourquoi, en toute humilité, portés par l’espérance et sans vanité, nous croyons, oui, qu’il fut de ces hommes de Dieu.

Bien sûr, nul n’entre au Paradis par ses seules actions, comme l’a rappelé notre bien-aimé Prophète : « Nul n’entrera au Paradis par ses œuvres, mais par la miséricorde d’Allah. » (Muslim)

Puisse Allah, dans Sa bonté infinie, ouvrir à El Hadj Boubacar Sidiki Keïta les portes du Paradis Firdaws, en compagnie des prophètes, des véridiques, des martyrs et des justes.

Et puisse son souvenir continuer de nous éclairer, comme une étoile bienveillante, sur le chemin du bien, du dévouement et de la foi.

Amine !

Dr Mamadou Mouctar Diallo, ancien ministre et président du parti NFD

Dr. Mamadou Mouctar Diallo

Enseignant

Ancien Ministre 

Ancien Député à l’Assemblée nationale de Guinée

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