Hajj 2025 : un réseau frauduleux démasqué à Mafanco, un milliard en jeu

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Au tribunal de première instance de Mafanco, Gassime Ahmadou Kourouma est confronté à vingt plaignants qui l’accusent de leur avoir extorqué près d’un milliard de francs guinéens en leur promettant un voyage au Hajj 2025. L’accusé aurait agi seul, sous couvert d’une agence fictive, sans disposer d’aucun quota officiel pour le pèlerinage à La Mecque.

Les profils des victimes sont aussi variés que bouleversants : commerçants, enseignants, chauffeurs, marabouts… Tous affirment avoir remis d’importantes sommes à Kourouma dans l’espoir de décrocher un billet pour eux-mêmes ou leurs proches. Certains espéraient également profiter du voyage pour mener des activités commerciales.

Lors de l’audience précédente, Gassime Kourouma a reconnu les faits. Depuis le 26 mai, il est incarcéré à la maison centrale de Conakry. À tour de rôle, les plaignants l’ont confronté au tribunal.

Mohamed Diané, premier à témoigner, a raconté : « Mon frère voulait inscrire notre mère pour le Hajj. Les agences étaient déjà saturées. Quelqu’un m’a recommandé Kourouma. Il m’a montré des passeports, un compte bancaire… tout semblait crédible. J’ai versé 30 millions comme avance, puis 35 autres quand il m’a assuré que le visa était prêt. Je ne l’ai plus jamais revu. »

Les témoignages se succèdent. Kabinet Kaba, venu de Kankan, déclare avoir payé 60 millions pour sa mère : « Un ami m’a mis en contact avec Kourouma. On s’appelait régulièrement, tout semblait normal. C’est à l’aéroport que j’ai compris qu’il y avait un problème. Il a pris la fuite sous mes yeux. »

Hadja Nana, habituée du pèlerinage, évoque sa mésaventure : « C’était censé être mon quatrième Hajj. Une intermédiaire m’a orientée vers Kourouma et m’a parlé de passer par le Ghana. À l’aéroport, elle m’a demandé de ne pas dire qu’on partait pour le Hajj. Puis, on nous a fait descendre de l’avion. La police avait bloqué le vol. »

Cette intermédiaire, Maïmouna Camara, se trouve dans une position délicate : à la fois plaignante, témoin, mise en cause et intermédiaire. Elle reconnaît avoir conservé une partie de l’argent : « Il m’avait promis un pèlerinage gratuit si je lui envoyais des clients. »

Les versions divergent. Hadja Nana affirme lui avoir remis 60 millions, ce que Kourouma confirme. Une autre plaignante, Nana Diakhaby, dit avoir confié 64 millions à Maïmouna.

« Où sont passés les 4 millions manquants ? », interroge la juge. « Ils sont avec moi », admet Maïmouna.

Les cas similaires abondent. Alpha Kabinet Keïta réclame 240 millions pour quatre personnes. Le marabout Salimou Diaby évoque une perte de 63 millions. L’enseignante Mariama Sacko, 60 millions. L’entrepreneur Abdoulaye Ciré Sow, quant à lui, a cédé une parcelle et 5 millions pour financer le voyage de son père. Plusieurs plaignants envisagent désormais de porter plainte contre Maïmouna Camara.

À l’issue des confrontations, la défense a sollicité une liberté provisoire pour Gassime Kourouma. Une demande fermement rejetée par le procureur Siba Toupou : « Il ne sortira pas. Il restera en détention jusqu’à la décision de Madame la Présidente. »

Le tribunal, présidé par la juge M’balou Traoré, a renvoyé l’affaire au 12 juin 2025 pour la présentation des pièces, les réquisitions et les plaidoiries.

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