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Depuis le décès de l’ex-directeur général exécutif de l’ONG Maison Guinéenne de l’Entrepreneur (MGE), Kerfala Camara, une vive guerre de succession secoue l’organisation. Ce mardi 3 juin, les employés se sont mobilisés devant le siège de l’ONG à Matam, fermé depuis le 28 avril dernier par un huissier de justice. Ils accusent la famille du défunt de falsification des statuts et règlements de l’ONG, ainsi que d’avoir imposé un nouveau directeur général exécutif sans décision collégiale du Conseil d’Administration (CA). Parmi les cinq membres du CA, seuls deux ont rédigé un procès-verbal désignant le nouveau DGE, ce qui soulève des contestations internes.
Une employée, victime d’une agression physique lors de la fermeture du bureau ayant nécessité une intervention chirurgicale revient sur la genèse du conflit. «Il y a un contentieux entre le directeur actuel et la famille de M. Kerfala Camara (paix à son âme), ancien directeur de la MGE. Deux membres du CA, représentant la famille, affirment avoir procédé à un recrutement. Or, le CA compte cinq membres actifs. Lors de la réunion du 3 juin 2024, seuls quatre étaient présents. L’objectif de la réunion était de confirmer M. N’Faly Camara à son poste. Selon le vice-président, M. Mori Yaya, M. N’Faly a travaillé plus d’un an sans problème ; il était donc temps de le confirmer », explique-t-elle.
Mais une fois réunis, les objectifs ont changé, poursuit-elle. «M. Mori Camara, autre membre du CA, a exigé un recrutement formel pour garantir le poste. Les deux autres ont refusé, arguant qu’ils étaient là pour confirmer le directeur. Les discussions ont alors dévié. Ils ont produit un procès-verbal que les deux autres membres n’ont pas vu. Le 7 juin, lorsque la famille a présenté ce PV au tribunal de première instance pour valider la nomination de M. N’Faly Camara, il était falsifié. Le document portait la mention “Conseil d’Administration”, alors qu’il n’émanait que de deux personnes. La liste de présence mentionnait sept personnes, dont seulement quatre membres du CA. Les trois autres étaient de simples participants, sans voix délibérative».
Par ailleurs, elle dénonce également la modification des statuts de l’ONG. «Ils ont modifié les statuts pour faire croire que la mort d’un “père fondateur” donne des droits successoraux aux héritiers. Ce n’est pas vrai. C’est un article qu’ils ont modifié sans l’accord du CA. L’ONG est de portée nationale. M. Kerfala Camara n’en était pas propriétaire. Les archives le prouvent : nous avons retrouvé la documentation administrative, ce ne sont pas des documents que nous avons fabriqués».
Que dit l’article 9 des statuts de l’ONG ?
«Il est clairement stipulé dans l’article 9 qu’en cas de dissolution, tous les biens de la MGE, après liquidation, reviennent de droit à l’État, qui décidera de leur affectation à des programmes ou structures similaires. L’ONG n’a donc pas d’héritiers. L’État est le seul “héritier”. Pourtant, la famille a produit un acte de succession dans lequel l’ONG est considérée comme un bien de feu M. Kerfala Camara. Les véhicules et motos du projet sont inscrits comme appartenant au Ministère de l’Agriculture. Nous avons les procès-verbaux confirmant qu’à la fin des projets, ces équipements doivent revenir à l’État guinéen. Comment une famille peut-elle donc prétendre hériter d’une ONG ?»
Enfin, les travailleurs, dont certains sont venus de l’intérieur du pays, réclament le déblocage de 279 000 000 GNF actuellement gelés à la banque. «Ce montant correspond au remboursement de nos dépenses pour janvier, février et mars. Nous travaillons sur le projet Saritem (Système rizicole sur le territoire de mangrove). Ce sont les salaires du personnel, les primes, les frais de fonctionnement, de carburant, etc. Cette somme est essentielle pour poursuivre nos activités sur le terrain. Le blocage a été imposé par la famille, représentée par Mori Yaya, via la Vistagui. Mais nous ne pouvons pas en vouloir à la banque, qui a simplement suivi les procédures », précise-t-elle.
Pour conclure, ces travailleurs au nombre d’une cinquantaine, dont certains d’un âge avancé, ne demandent qu’une chose, être rétablis dans leurs droits.
Mamadou Yaya Barry
L’article Guerre de succession à la tête de la MGE/279 000 000 GNF bloqués : «ce sont les salaires du personnel…» (travailleurs) est apparu en premier sur Mediaguinee.com.