Forages domestiques : un expert alerte sur les risques sanitaires liés à la contamination des eaux souterraines

À Conakry, les forages domestiques sont devenus la principale source d’approvisionnement en eau pour de nombreux foyers. Bien que cette pratique permette d’améliorer l’accès à l’eau, elle expose cependant les habitants à de graves risques sanitaires, car les eaux souterraines peuvent être contaminées.

Selon Mamadou Hafiziou Barry, expert en gestion intégrée des ressources en eau et secrétaire exécutif du Partenariat national de l’eau de Guinée, la contamination peut provenir de plusieurs sources. Les eaux souterraines sont particulièrement vulnérables aux effluents des réseaux d’égouts mal conçus ou non entretenus, ainsi qu’aux eaux des fosses septiques.

« C’est pour cela qu’une distance réglementaire doit impérativement être respectée. On doit aussi s’assurer que les réseaux d’égouts respectent les normes techniques requises », a alerté Mamadou Hafiziou Barry, dans un entretien avec un journaliste de Mosaiqueguinee.com.

L’expert souligne également que les eaux usées industrielles, si elles ne sont pas correctement traitées, peuvent s’infiltrer dans le sol et polluer les réserves d’eau. Il rappelle que des bactéries fécales comme les coliformes et les streptocoques peuvent être retrouvées dans les eaux de forages construits dans des zones inappropriées ou sans le respect des normes.

Pour garantir la potabilité de l’eau, un suivi rigoureux est indispensable. Mamadou Hafiziou Barry insiste sur le respect des réglementations encadrant l’implantation des forages, notamment les distances de sécurité.

Il met aussi en garde contre les risques liés à une mauvaise construction.

« Si les forages sont mal réalisés, des particules fines et solides peuvent s’y infiltrer et remonter dans les réservoirs, ce qui présente un autre danger pour la santé. C’est pourquoi les forages devraient toujours être réalisés par des professionnels agréés », a-t-il prévenu.

Pour inverser cette tendance, l’expert propose d’améliorer de manière significative le système d’approvisionnement et de distribution de la Société des Eaux de Guinée (SEG). « Si ce système est amélioré et que la couverture est étendue, le recours aux forages diminuera de manière drastique », conclut-il.

Une autre piste est la création de forages communautaires urbains qui desserviront plusieurs foyers, ou la mutualisation des efforts entre habitants. L’eau pourrait alors être partagée via un mini-réseau, ce qui réduirait le nombre total de forages. Cependant, la mise en œuvre de ces solutions demande une grande sensibilisation et des efforts concertés de l’État et des acteurs de la société civile.

Alhassane Fofana