Financement local en Guinée : missions, ambitions et réalisations – tout savoir sur l’ANAFIC sous la direction de Sékou Mawa Touré…

il y a 6 heures 41
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Face à l’immense défi du développement local, la Guinée, à travers l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Locales (ANAFIC), se positionne comme un acteur clé et innovant sur la scène nationale et africaine. Dans un entretien exclusif accordé à un reporter de Actuguinee.org, Sékou Mawa Traoré, Directeur Général de l’ANAFIC, a levé le voile sur les missions, les réalisations et les ambitions de cette institution stratégique, soulignant son rôle pivot dans la transformation des territoires guinéens et son rayonnement à l’échelle continentale africaine.

Établissement Public à Caractère Administratif (EPA) doté de la personnalité morale, l’ANAFIC a été créée par le décret 031 du 24 janvier 2023 avec une mission claire qui est celle de mettre en œuvre de la politique du gouvernement en matière de financement et d’accompagnement des collectivités locales en République de Guinée

Selon le Directeur Général de l’institution, cette mission se décline en plusieurs actions fondamentales, dont l’une des plus importantes est « la mobilisation de toutes les ressources à destination des collectivités pour la mise en œuvre de leurs actions de développement », dit Sékou Mawa Touré

L’Agence s’appuie sur un portefeuille de trois fonds principaux, chacun ayant des spécificités et des sources de financement distinctes. Ce sont : Le Fonds National de Développement Local (FNDL) est dédié aux 362 collectivités de l’intérieur du pays, et « ce fonds est principalement abondé par 15 % des revenus issus de l’exploitation minière », a précisé le Directeur Général.

S’agissant du Fonds de Développement Économique Local (FODEL), il est orienté vers les collectivités directement ou indirectement impactées par l’exploitation minière. Sa particularité réside dans son financement par les contributions au développement local des compagnies minières en phase d’exploitation, prélevées sur leur chiffre d’affaires comme l’explique le Directeur :

« Si la compagnie minière exploite des minéraux lourds, notamment la bauxite et le fer, elle prélève 0,5 % de son chiffre d’affaires pour contribuer à l’abondement du FODEL. Pour les autres minéraux, y compris les métaux précieux, le taux est évalué à 1 % de leur chiffre d’affaires, conformément à l’article 130 du Code Minier », a-t-il fait savoir

En ce qui concerne le Fonds de Développement des Communes de Conakry (FODECOM), comme son nom l’indique, est destiné aux 13 communes de la capitale, et est abondé par « les prélèvements qui sont faits au niveau de la douane, notamment au port et à l’aéroport de Conakry. Pour l’exercice 2025, conformément à Loi de finances initiales, le taux est estimé à 5%. Donc c’est 5% de toutes les taxes douanières prélevées au port et à l’aéroport de Conakry qui viennent abonder ce fonds » explique le Directeur

Au-delà de ces fonds, l’ANAFIC joue également un rôle de catalyseur pour d’autres ressources. Le Directeur Général Sékou Mawa Traoré souligne que l’Agence est en charge de mobiliser « tous les sectoriels qui évoluent dans le cadre de l’accompagnement des collectivités, notamment dans le cadre des domaines de compétences qui sont transférés aux collectivités », Il ajoute que « la loi a transféré à date 14 domaines de compétences aux communes rurales et urbaines et 8 domaines de compétences aux régions », a-t-il rappelé

En outre, l’ANAFIC coordonne les ressources « apportées par les différents partenaires techniques et financiers, notamment dans le cadre des projets et programmes de développement qui sont conçus et initiés par l’État guinéen et financés par ces différents partenaires », mentionne le Directeur

Des critères d’allocation équitables et une volonté d’amélioration continue…

La question de l’équité dans la répartition des fonds est au cœur des préoccupations de l’ANAFIC. Pour le FNDL et le FODECOM, les critères d’allocation reposent sur une formule de péréquation.

Le Directeur Sékou Traoré rappelle que deux critères fondamentaux étaient utilisés. Il s’agit : une dotation de structure (un montant forfaitaire alloué à chaque commune ndlr) et une répartition complémentaire basée sur la population.

« Jusqu’à une date récente, nous n’avons utilisé que deux critères fondamentaux dans le cadre de cette formule. Il y a ce que nous avons appelé la dotation de structure, c’est-à-dire octroyer à chacune ou allouer à chacune de ces 362 communes un montant forfaitaire sur la base du montant qui est alloué en début d’année à ces collectivités. Il faut préciser que le FNDL est d’abord un BAS, c’est-à-dire un budget d’affectation spéciale qui est inscrit dans le budget de l’État à travers la loi de finances initiale. Une fois que la loi de finances initiale est approuvée par le Conseil national de la transition et promulguée par le chef de l’État, nous procédons à ce qu’on appelle l’allocation au niveau des collectivités sur la base de ces deux critères fondamentaux. Le premier critère, c’est comme je l’ai dit, la dotation de structure qui consiste à octroyer ou à allouer à chacune des collectivités bénéficiaires un montant forfaitaire et la différence du montant inscrit dans la loi de finances est octroyée sur la base de la population. Donc plus la collectivité est peuplée, plus elle reçoit assez de ressources à destination de son développement tel que planifié par elle. Le second fonds qui est le FODEL, le Fonds de Développement Économique Local, comme je l’ai dit, c’est un fonds qui est destiné aux communes directement ou indirectement impactées. Et là, la clé de répartition se fait sur la base de l’article 5 de l’arrêté conjoint signé entre le ministère des Mines et le ministère de l’Administration du Territoire le 16 juillet 2024. Donc le taux de répartition varie entre 35 %, en passant par 25 %, 20 % et 13 % selon le niveau d’impact de l’exploitation au niveau de la collectivité. C’est ainsi que vous aurez 35 % pour la collectivité qui abrite le périmètre minier. Là où se passe l’exploitation minière, donc la zone ou la commune qui abrite la compagnie bénéficie de 35 %. Et de ces 35 % alloués à la commune qui abrite la zone d’exploitation, vous avez 50 % de ces 35 % qui reviennent au district ou au secteur dans lequel est implantée la zone d’exploitation. Ensuite, vous avez 25 % pour les autres communes qui sont dans le périmètre d’exploitation de la mine. Et ensuite, vous avez 20 % pour les communes qui sont contiguës à la zone d’exploitation de la mine et 13 % pour les autres communes appartenant à la préfecture qui abrite la compagnie minière et 7 % pour toutes les institutions qui accompagnent le processus d’accompagnement ou qui accompagnent du moins le processus de développement de ces communes bénéficiaires, y compris l’ANAFIC. Et le FODECOM qui est aussi un BAS (budget d’affectation spéciale), la clé de répartition est la même que le FNDL. Donc, c’est-à-dire que vous avez une dotation de structure et ensuite vous avez le reliquat qui est alloué sur la base de la population », a-t-il expliqué

Une vision ambitieuse et des réalisations concrètes malgré les défis…

Par ailleurs, Sékou Mawa Traoré souligne que la vision de l’ANAFIC, est celle de devenir ‘’l’institution de référence en matière de financement des collectivités locales’’

« Et qui parle de vision parle de se doter de moyens. Et c’est ce qui nous a amenés aujourd’hui à revoir tous nos outils de gestion. Nous sommes aujourd’hui en train de revoir notre manière de procéder pour nous adapter au nouveau contexte ou à l’environnement même institutionnel, parce qu’il y a eu des évolutions institutionnelles. Nous sommes partis d’un fonds que nous avons dans notre portefeuille à aujourd’hui trois, avec de nouvelles missions qui nous sont assignées. Donc nous avons estimé qu’il fallait d’abord revoir nos outils de gestion, notamment notre manière de procéder. Nous avons aussi estimé qu’il fallait aller vers une étude institutionnelle. Donc cette étude institutionnelle nous a conduits à revoir notre organisation, à créer même de nouveaux services pour pouvoir répondre aux nouvelles missions qui nous sont assignées. Et nous sommes aujourd’hui en train de nous inscrire […], dans la gestion innovante de la chose publique », a-t-il fait savoir citant l’engagement de l’ANAFIC dans une démarche de certification ISO 9001 et 14001 pour répondre aux normes internationales de performance. La digitalisation des activités est également une priorité majeure pour moderniser les processus.

Malgré un contexte initial difficile marqué par le gel des comptes des collectivités, l’ANAFIC a su obtenir des résultats significatifs. Sekou Mawa Traoré rappelle :

« Nous avons pratiquement fait deux ans sur les trois que nous avons passés à la tête de cette institution, sans pour autant aller sur des actions de réalisation d’infrastructures ». Néanmoins, indique le Directeur, dès le dégel des comptes, des actions ont été menées notamment la formation des nouveaux acteurs au sein des délégations spéciales qui a été un axe majeur, reconnaissant que « qui parle de gestion de ressources parle d’abord de personnel et qui parle de personnel parle d’abord de capacité à mener à bien les actions », dit-il.

L’ANAFIC a également accompagné les collectivités dans la réalisation de diagnostics socio-économiques locaux et dans la mise en œuvre de leurs plans de développement locaux.

« Nous avons accompagné ces collectivités dans la mise en œuvre de leurs actions et aujourd’hui nous avons 2000 infrastructures que nous avons accompagnées dans le cadre du financement des actions de ces collectivités. Donc il y a 2000 infrastructures et qui sont réparties selon les domaines de compétences et ça ce n’est pas une surprise, parmi les 2000 infrastructures vous avez près de 31 % qui sont des infrastructures scolaires, il y a 20 % qui sont des infrastructures sanitaires et les autres, presque la moitié, sont entre les deux secteurs principaux et les 50 % des autres secteurs se répartissent en passant par l’agriculture, la construction des sièges de communes, l’environnement et les autres qui suivent. Et aussi nous avons développé des outils avec l’accompagnement des partenaires techniques et financiers, nous avons mis en place dans les collectivités des mécanismes d’engagement citoyen », a martelé le Directeur Général de l’Agence

En outre, l’ANAFIC a développé des mécanismes innovants d’engagement citoyen, tels que la budgétisation participative, le suivi et la validation participative, et un mécanisme de gestion des réclamations via un centre d’appel gratuit (numéro 132). Un système d’alerte précoce et de réponse a également été mis en place pour gérer les conflits potentiels dans les zones minières et agricoles, illustrant l’approche proactive de l’Agence dirigée par Sékou Mawa Touré face aux défis locaux.

Élection de la Guinée élue à la tête du RIAFCO

À l’issue de l’Assemblée Générale Ordinaire Élective du Réseau des Institutions Africaines de Financement des Collectivités Locales (RIAFCO), tenue à Conakry le 25 juin 2025, la Guinée, à travers l’ANAFIC, a été élue à la tête du Réseau des Institutions Africaines de Financement des Collectivités (RIAFCO) pour un mandat de trois ans.

Ce réseau, créé en 2014, regroupe aujourd’hui 15 pays francophones. Le Directeur Général de l’ANAFIC Sékou Mawa Traoré a souligné que l’adhésion active de la Guinée, notamment à partir de 2022, a été rapidement récompensée par le poste de chargé de finances au sein du bureau sortant. L’élection de la Guinée à la présidence du RIAFCO est le fruit d’une « volonté politique exprimée par […] le président et son gouvernement », selon Sékou Mawa Traoré.

Le soutien unanime des membres du RIAFCO à la candidature guinéenne est une preuve de la crédibilité et de l’influence croissante de l’ANAFIC. Le Directeur Traoré confie que : « dès qu’on a demandé qui veut être président ça veut dire qu’il faut demander qui est candidat. Je me suis pas choisi. C’est clair. A l’unanimité ils m’ont tous indexé ils disent non c’est la Guinée que nous nous proposons pour la destinée de notre réseau pour les trois prochaines années », a révélé le Directeur Général.

Cette reconnaissance internationale faut-il le souligner, s’inscrit dans la vision du Chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya, de « repositionner la Guinée », une vision que l’ANAFIC s’efforce de concrétiser dans le domaine du financement du développement local.

Pour finir, il faut noter que l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Locales (ANAFIC), sous la direction de Sekou Mawa Traoré, se révèle être une institution dynamique et stratégique, dont l’impact sur le développement local en Guinée est sans équivoque.

Entre la mobilisation innovante des ressources, l’amélioration continue des critères d’allocation et une reconnaissance internationale grandissante, l’Agence est bien positionnée pour continuer à jouer un rôle essentiel dans l’autonomisation et la transformation des collectivités locales guinéennes.

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