Disparition de Foniké Mengué et Billo Bah : un an après, l’enquête au point mort

il y a 6 heures 17
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Du 9 juillet 2024 au 9 juillet 2025, cela fait un an jour pour jour que deux figures emblématiques du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Oumar Sylla alias Foniké Mengué, et Mamadou Billo Bah, ont disparu dans des circonstances encore non élucidées.

Dans une vidéo diffusée peu après les faits, un militant du FNDC, Mohamed Cissé, affirme avoir été arrêté en même temps que les deux hommes avant d’être relâché 24 heures plus tard. Il soutient que Foniké Mengué et Billo Bah auraient été enlevés par des hommes encagoulés, emmenés d’abord à la gendarmerie de Belle-Vue, puis au palais Mohamed V, avant d’être transférés vers l’île de Kassa.

Face à l’indignation suscitée par cette disparition, le parquet général près la Cour d’appel de Conakry avait réagi à travers un communiqué, dénonçant « des informations persistantes faisant état d’enlèvements et de séquestrations ». Le procureur général, Fallou Doumbouya, alertait alors sur les conséquences de telles allégations, estimant qu’elles « affectent la sérénité nationale » et entretiennent « une psychose et un sentiment d’insécurité » au sein de la population. Il soulignait aussi que cela portait « gravement atteinte à l’image du pays, tant sur le plan national qu’international ».

Le même communiqué assurait qu’« aucun organe d’enquête n’a procédé à l’interpellation ou à l’arrestation des personnes citées » et qu’« aucun établissement pénitentiaire du pays ne détient Foniké Mengué ou Billo Bah ». Il annonçait néanmoins l’ouverture d’« enquêtes minutieuses » confiées aux parquets d’instance de Conakry, en application des articles 41 et suivants du Code de procédure pénale.

Le 26 juillet 2024, lors d’un point de presse, le ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, accompagné du général Amara Camara, porte-parole de la présidence de la Transition, avait provoqué une vive polémique : « Lorsqu’un enfant disparaît, l’appareil judiciaire est immédiatement déclenché. Pour un adulte, il faut une démarche. Les adultes ont le droit de disparaître volontairement. On n’a pas automatiquement le droit de les rechercher, sauf s’il y a une requête judiciaire. » Une déclaration interprétée comme une tentative de minimiser la gravité de la situation.

Le 19 juillet 2024, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’était dit « extrêmement préoccupé » par la disparition des deux activistes et avait appelé les autorités guinéennes à les « libérer immédiatement et sans condition, à moins qu’ils ne soient formellement inculpés conformément aux procédures judiciaires en vigueur ».

Un an plus tard, aucune avancée notable n’a été rendue publique. Les familles de Foniké Mengué et Billo Bah restent sans nouvelles de leurs proches. Interrogé ce jeudi 3 juillet 2025 par notre rédaction au Tribunal de première instance de Dixinn, juridiction territorialement compétente, le procureur de la République, Algassimou Diallo, a simplement déclaré : « Je ne peux pas vous satisfaire, car le dossier est en information. » Une manière de rappeler que l’affaire est toujours couverte par le secret de l’instruction.

Cette affaire s’inscrit dans une série de disparitions inquiétantes enregistrées en Guinée depuis le 5 septembre 2021. Le cas de Mamadou Billo Bah et de Foniké Mengué n’est pas isolé.

Parmi les disparus figure le colonel Cécé Célestin Bilivogui, introuvable depuis le 8 novembre 2023, quatre jours après l’évasion de Claude Pivi, alias Coplan, de la Maison centrale de Conakry. Un an plus tard, sa dépouille a été identifiée par sa famille à la morgue de l’hôpital Ignace Deen.

S’y ajoutent les disparitions non élucidées de Saadou Nimaga, ancien secrétaire général du ministère des Mines, et du journaliste Habib Marouane Camara.

D’autres ont été retrouvés, mais dans des conditions dramatiques : comme Abdoul Sacko, coordinateur du Forum des forces sociales de Guinée, enlevé par des hommes encagoulés à son domicile. Il a été retrouvé grièvement blessé dans une brousse à Forécariah, quelques heures après son enlèvement, le 19 février dernier.

Le cas le plus récent est celui de Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier, enlevé dans la nuit du 20 au 21 juin 2025 à son domicile à Conakry par des hommes encagoulés et armés. Il a été retrouvé blessé à Bangouyah, dans la préfecture de Coyah.
Autant de cas qui, mis bout à bout, nourrissent une inquiétude croissante dans l’opinion publique sur la sécurité et le respect des droits fondamentaux dans le pays.

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