Crise des taxes à N’Zérékoré : la situation reste tendue entre Mairie et commerçants

il y a 8 heures 23
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À N’Zérékoré, le différend autour de la hausse des taxes au grand marché révèle une crise plus profonde : celle de la confiance entre la mairie et les acteurs économiques locaux. Entre accusations de « mauvaise foi », soupçons de détournement et désaccords sur la gestion du recouvrement, la tension demeure vive malgré les appels à l’apaisement.

Tout est parti de la décision de la mairie d’instaurer de nouveaux tarifs de location pour les boutiques, magasins et conteneurs du grand marché. Interrogé le mercredi 29 octobre 2025, Niankoye Georges Oscar Lamah, président de la délégation spéciale de la commune urbaine, justifie cette mesure par la nécessité d’accroître les recettes communales.

« Depuis longtemps, la commune ne percevait presque rien. Il faut rétablir un minimum d’ordre et de justice fiscale », explique-t-il, assurant que la réforme a été adoptée « en commun accord avec la Chambre préfectorale de commerce ».

Mais sur le terrain, les commerçants n’ont pas la même lecture. Pour beaucoup, la décision a été imposée sans concertation suffisante. Certains évoquent une augmentation « brutale » et « insoutenable » pour des activités déjà fragilisées par la conjoncture économique. Résultat : une manifestation spontanée mardi dernier, marquée par la fermeture des boutiques et des échanges houleux avec les agents municipaux.

Un bras de fer sur le contrôle du recouvrement

Derrière cette contestation se cache aussi une bataille de pouvoir autour de la gestion des recettes du marché. Selon le receveur communal, Karifa Traoré, certains responsables du commerce chercheraient à maintenir leur mainmise sur les fonds collectés.

« Le véritable problème, c’est le recouvrement. Dès qu’on a voulu reprendre la gestion au niveau communal, la résistance a commencé. Beaucoup perçoivent des loyers élevés mais ne reversent rien à la mairie », dénonce-t-il, pointant un « système parallèle » en place depuis plusieurs années. Il précise que la mairie a déjà consenti des concessions.

« Nous avons revu les tarifs à la baisse après la médiation du préfet. Mais certains veulent garder le contrôle du recouvrement pour continuer à gérer les recettes à leur guise »,
ajoute-t-il.

La Chambre de commerce plaide pour le dialogue

Du côté de la Chambre préfectorale de commerce, le ton se veut plus conciliant, même si la critique persiste. Son trésorier, Issiaka Bérété, reconnaît la légitimité de la mairie à revoir les tarifs, mais déplore la manière.

« Les commerçants ne refusent pas de payer, mais l’augmentation a été trop brusque. Certains voyaient leur loyer annuel passer de 300 000 à plus d’un million de francs guinéens. Une hausse de 200 % d’un coup, c’est difficilement supportable », explique-t-il.

Il plaide pour une application progressive des nouveaux tarifs et une meilleure concertation entre la mairie et les représentants des commerçants.

« Si nous avions été associés dès la phase d’exécution, la situation aurait pu être mieux maîtrisée », souligne-t-il.

Vers une sortie de crise ?

Pour tenter d’apaiser les tensions, la mairie prévoit de convoquer une réunion élargie regroupant la Chambre de commerce, les commerçants et les détenteurs de boutiques afin de « lever les malentendus et renforcer la transparence ».

Mais le climat reste tendu. Dans les allées du grand marché, beaucoup craignent encore une nouvelle confrontation entre les autorités locales et les exploitants.

Pour le président de la délégation spéciale, la ligne reste inchangée : « le développement de N’Zérékoré ne peut se faire sans discipline fiscale. Chacun doit contribuer à la hauteur de ses moyens. »

Reste à savoir si cet appel à la responsabilité suffira à restaurer la confiance entre la mairie et les acteurs économiques d’un marché vital pour toute la région forestière.

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