Contenu local de substance, Champions nationaux et communautarisme minier

Quoi de mieux que de maîtriser les chaînes de valeur et d’approvisionnement des filières minières pour, enfin, retenir plus de richesses dans le pays, favoriser la recherche et le développement, et encourager le transfert d’expertise et de technologies ?

Mieux vaut tard que jamais, mais après plus de 65 ans d’exploitation minière et des perspectives claires de poursuite active et intensive d’extraction et d’exportation des ressources minérales, n’est-il pas temps d’exiger plus de transformation et surtout une plus grande maîtrise endogène des valeurs économiques créées, ainsi qu’une participation inclusive des acteurs nationaux ?

Si, dans cette perspective, la volonté politique s’est exprimée et qu’un cadre légal, réglementaire et institutionnel a été mis en place, le risque de voir celui-ci dénaturé par des rentiers et spéculateurs, opportunistes avérés, souvent en situation de conflits d’intérêts ou d’abus de confiance, devra être maîtrisé et éliminé. Oui, il nous faut des champions nationaux. Ces champions doivent être des entrepreneurs et des investisseurs. Cependant, ceux qui fondent leur esprit d’entreprise sur les initiatives de leurs anciens administrés ou leurs projets sur les moyens des autres ouvrent la porte à la mauvaise gouvernance et aux abus, ce qui entamerait gravement la réputation de la Guinée auprès des investisseurs. Pire encore, en s’unissant dans l’idée d’être privilégiés et de bénéficier de conditions préférentielles, incitatives et protectrices, ils créent ou veulent créer un cloisonnement, à l’opposé de l’ouverture et de l’inclusion qui caractérisent le secteur minier. Ces germes de communautarisme et de perpétuation des situations de rente, dans un secteur par nature ouvert, non discriminatoire et dynamique, devront être absolument proscrits. Or, des titres divers sont détenus et gardés jalousement et insidieusement par de pseudos investisseurs en quête d’un ticket d’entrée exorbitant, voire dissuasif, prêts à être troqués contre des parts d’actions, des postes chèrement rémunérés et de multiples autres conditions spéculatives. Toutes ces pratiques contribuent à geler les ressources, à décourager les investisseurs de capitaux et à freiner l’ouverture des marchés.

Les champions locaux dont le pays a besoin sont des entrepreneurs intègres et des investisseurs engagés, qui mettent en œuvre des modèles d’affaires et des projets structurés. Ceux-ci doivent générer des activités porteuses de valeur dans l’économie réelle, avec à la clé la réalisation des obligations de conformité administrative et fiscale, la création d’emplois formels valorisant la main-d’œuvre locale, et une redevabilité régulière et constante. Un contenu local de substance, celui qui favorise et valorise les initiatives locales et la main-d’œuvre guinéenne par un salaire rémunérateur, la promotion, la formation et la protection sociale, ne sera réussi qu’à ce prix.