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Lors d’une conférence de presse tenue ce dimanche 29 juin 2025, le président du Conseil national de la transition (CNT), Dr Dansa Kourouma, a tenté de justifier certaines dispositions du projet de nouvelle Constitution, notamment la prolongation du mandat présidentiel à sept ans et l’introduction de la candidature indépendante. Des explications qui ont rapidement suscité la réaction d’Edouard Zoutomou Kpogomou, président de l’Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP) et vice-président de l’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (ANAD).
Dans son intervention, Dansa Kourouma a affirmé que l’extension de la durée du mandat présidentiel reflète la volonté de la majorité des citoyens consultés : « Après consultation, la tendance majoritaire s’est dégagée pour un mandat de sept ans », a-t-il déclaré.
Une justification rejetée par Zoutomou Kpogomou, qui dénonce une volonté de légitimer une confiscation du pouvoir. « Il n’est pas nécessaire de changer la Constitution sous prétexte de coups d’État récurrents. Les États-Unis, par exemple, ont la même Constitution depuis 1787, simplement amendée au fil du temps. Cela signifie que les objectifs fondamentaux restent les mêmes. Pourquoi alors changer la Constitution dans nos pays africains ? », s’interroge-t-il.
Selon lui, le projet actuel viserait à « tailler sur mesure » un cadre favorable au pouvoir en place : « En Guinée, après 65 ans d’indépendance, nous avons eu plusieurs Constitutions, ce qui montre que le texte est souvent adapté selon les intérêts du moment. Ce cas n’est pas une exception. Nous n’avions pas besoin d’une nouvelle Constitution, surtout une Constitution taillée sur mesure — et je n’hésite pas à le dire — taillée sur mesure pour ne pas respecter les termes qu’elle devrait normalement garantir. Sinon, rien ne nous empêcherait de reprendre une version consensuelle sur la durée du mandat, le nombre de mandats ou la séparation des pouvoirs. Je pense que cette manœuvre vise à noyer ces questions et à consolider le pouvoir exécutif. »
Sur l’argument de la stabilité avancé par Dansa Kourouma, Kpogomou reste sceptique : « Allonger la durée du mandat n’est pas un signe de stabilité, mais plutôt une manifestation d’une volonté de pouvoir. C’est une manière de multiplier les irritants pour la population, afin de justifier d’autres changements. Une Constitution doit être respectée dans son texte et dans sa mise en œuvre pour garantir la stabilité. (…) Regardez nos voisins : le Ghana, par exemple, a un mandat présidentiel de quatre ans depuis plusieurs années. C’est une véritable démocratisation de l’accès au pouvoir. Si on change la Constitution à chaque coup d’État, elle ne tiendra pas en cas de changement de régime. C’est ce qu’il faut éviter absolument. Fixer une durée de mandat ne garantit pas automatiquement le respect de la Constitution. »
Sur le plan politique, Edouard Zoutomou Kpogomou indique qu’aucune mobilisation spécifique n’est prévue pour l’instant, mais il invite les citoyens à s’exprimer dans les urnes : « Le référendum est précisément le moment où chacun peut se prononcer. Si nous sommes contre, et si on nous laisse voter librement, nous ne voterons pas oui pour cette Constitution. Comme je l’ai déjà dit, elle a été taillée sur mesure, notamment pour permettre un troisième mandat, dans une tentative de complexifier et de perturber le pouvoir. Rien d’autre.»
Concernant la question de l’âge pour se porter candidat, Kpogomou relativise : « Même dans nos sociétés, il faut un certain âge pour assumer des responsabilités sociales ou familiales, c’est un héritage de nos traditions et cultures. Mais il n’y a pas d’âge limite à ce que l’on peut apporter. Tant qu’une personne respire, qu’elle est en bonne santé et lucide, on ne peut lui imposer une date de péremption. (…) La vraie question est de savoir si chacun peut présenter un projet de société. Il n’y a aucune garantie qu’un projet survive à une durée déterminée. »
La disposition introduisant la candidature indépendante dans le projet de Constitution suscite également de vives inquiétudes. « C’est l’un des problèmes majeurs que nous rencontrons. À l’avenir, le véritable filtre pour valider une candidature individuelle devrait être assuré par des organisations comme les partis politiques, les syndicats ou les associations. Une candidature libre, même au niveau local, soulève de nombreuses questions. Quelqu’un pourrait être un trafiquant notoire qui, grâce à l’argent — et on sait à quel point la corruption est répandue en Guinée — achèterait son entrée comme candidat indépendant. (…) Sinon, une personne venue de l’étranger — des États-Unis ou de France — avec de l’argent, mais dont on ignore la moralité, pourrait se présenter sans que nous ayons le temps de vérifier son passé. Cela expose à des risques et c’est un terrain dangereux, à mon avis.»
L’article Candidature indépendante, mandat de 7 ans : Zoutomou Kpogomou répond à Dansa Kourouma est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.