7 mois après son enlèvement, A. Sacko raconte: « en cours de route, quelqu’un a dit toi, tu ne vas plus menacer, c’est fini pour toi »

il y a 3 heures 20
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Le coordinateur national du Forum des Forces Sociales de Guinée avait été enlevé à son domicile le 18 février 2025. Sept mois après Abdoul Sacko revient sur le film de qui ce qui s’est passé ce jour-là. Il était le grand invité de RFI ce mardi 26 aout.

« Effectivement, j’ai été enlevé la nuit du mardi. J’ai été surpris par la méthode, surpris que ce soit des hommes en treillis. Surpris par l’heure à laquelle ils sont venus. Surpris aussi par rapport à tout le temps qu’ils ont fait pour molester, menacer, violenter les voisins, mais aussi défoncer la porte de la maison près d’une heure de temps sans qu’il n’y ait aucune intervention des services de sécurité qui ne sont pas aussi loin que de chez moi. Donc, une fois encore, ça a été un moment de cauchemar, un moment de terrorisme, de traumatisme, aussi bien pour moi que pour ma famille », a-t-il entamé.

Ceux-là qui l’ont enlevé étaient encagoulés. Quand il a été sorti de sa maison au grand dam de sa famille, il a été embarqué dans un véhicule noir pour être conduit à une destination inconnue, se rappelle toujours l’activiste.

« Je me souviens, quand on a quitté la maison, ils communiquaient avec quelqu’un à distance. Ils lui ont dit dès le part d’ailleurs qu’ils ont le colis. Ils communiquaient avec quelqu’un et j’ai entendu dire qu’on est à cinq minutes de l’autoroute, c’est-à-dire l’autoroute Fidel Castro. De là-bas, j’ai été conduit à trois lieux différents. Je sais que c’est de Conakry, parce que de la maison à là où on me conduisait n’était pas aussi loin que ça », a rappelé Abdoul Sacko.

Enlèvement suivi de séances de tortues et d’interrogatoires   

Dans ces trois lieux différents, a-t-il révélé, il a été soumis à des séances de tortures et d’interrogatoires. Il se souvient s’être évanoui plusieurs fois avant d’être réanimé.

« C’est hors de l’imagination. C’est hors vraiment de toute description. Tout mon corps en a subi. Le dos, les mains, j’ai été violemment torturé avec la technique de l’eau. J’ai fait l’objet d’injures et de menaces. Quand on m’a attaché les mains au dos, totalement ligoté, on me faisait coucher sur le dos, je me rappelle de cela. A chaque fois, je m’étouffais, je m’évanouissais. Et en cours de route, quelqu’un a dit que maintenant, toi, tu ne vas plus menacer, maintenant c’est fini pour toi. Et quelqu’un a dit, lui, il ne s’agit pas de le présenter à un juge ou de le mettre en prison, c’est fini pour lui », a rapporté le coordinateur du FFSG.

Conduit en brousse puis retrouvé

L’activiste ignore les identités de ceux qui l’interrogeaient. Cependant, il pense qu’il y a des indices concordants lorsqu’une enquête sérieuse va être ouverte sur le dossier. Et après le troisième lieu de tortures et d’interrogatoires, il a été embarqué dans un véhicule qui a été pris dans des embouteillages jusqu’à la brousse où il a été abandonné et où il a été découvert par les riverains.

« Les paysans m’ont retrouvé dans la journée du 19 ou du 20 février. Je ne maîtrise pas totalement, parce que j’avais des pertes de connaissances. Il faut préciser que ce n’est pas loin du camp qu’on appelle 66. C’est un camp d’entraînement (…) Je marchais à peine, je ne pouvais user de mes mains, j’avais des maux de tête avec la douleur dans le dos, les côtes et notamment beaucoup plus sur le côté droit. Donc je ne pouvais pas aussi m’asseoir. Mes dix doigts, les ongles, tout était ensanglantés, tout était enflé », a décrit Abdoul Sacko.

Il informe que sa santé se rétablit progressivement, mais il a toujours des séquelles. Il dit être en convalescence entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord. L’activiste regrette le fait que jusqu’ici, la justice n’a pas daigné se bouger.

Sekou Diateya

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