Vers un arrêt du recensement biométrique à Conakry ? Un agent dénonce de nombreux dysfonctionnements et menace

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Alors que le recensement biométrique dans le Grand Conakry était censé être une étape cruciale pour la réussite du Programme national de recensement administratif à vocation d’état civil (PN-RAVEC), les agents recenseurs se disent trahis et abandonnés. Billo Dioubaté, agent recenseur dans la commune urbaine de Lambanyi, interrogé par un reporter de Guineematin.com, dénonce un non-paiement généralisé, des prolongations de contrat non planifiées et un manque de transparence totale de la part de l’entreprise en charge du processus.

Billo Dioubaté, agent recenseur affecté à la commune de Lambanyi, s’est exprimé sur l’évolution du processus de recensement dans le Grand Conakry. Selon lui, le processus est actuellement à l’arrêt, en raison de l’arrêt collectif de près de 98 % des agents recenseurs.

Billo Dioubaté, agent recenseur dans la commune de Lambanyi

En effet, le non-paiement des salaires prévus par leur premier contrat est au cœur de la crise « Il faut signaler que le processus est suspendu car la quasi-totalité des agents, soit environ 98 %, ont cessé toute activité. Cela est dû au non-paiement des salaires, alors que notre premier contrat stipulait clairement que nous devrions être payés avant sa fin », a déclaré M. Dioubaté.

Il explique que, contre toute attente, le gouvernement a annoncé une prolongation de 20 jours du contrat initial sans que les agents n’aient reçu leur dû. Cette décision unilatérale a provoqué un profond mécontentement parmi les travailleurs.

« À notre grande surprise, dès le 31 mai, nous avions envisagé d’arrêter le processus. Pourquoi ? Parce que le contrat initial, annoncé pour 45 jours, a finalement été établi pour 50 jours. C’est une situation que tout le monde connaît. Malgré tout, nous avons accepté les termes, y compris le montant qui était bien en dessous de nos attentes, par esprit de patriotisme », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, Billo Dioubaté précise que le contrat prévoyait une avance de 1 500 000 GNF couvrant le transport, la connexion internet et une autre avance d’un million de francs guinéens. Bien que cette avance ait été versée, les conditions de travail se sont rapidement détériorées, notamment l’obligation de travailler les jours fériés et les dimanches, sans compensation supplémentaire. « Même le jour de la fête de Pâques, nous étions sur le terrain. En cas de maladie, il était difficile, voire impossible, d’être remplacé. Nous avions pourtant été informés que le paiement interviendrait au plus tard le 4 juin », explique notre interlocuteur.

Selon l’agent, les superviseurs ont même envoyé des messages d’avertissement aux recenseurs, exigeant le respect des 50 jours de travail, malgré l’absence de paiement et la fatigue accumulée. La formation, censée précéder le déploiement, s’est déroulée dans des conditions éprouvantes. « Nous avons parfois travaillé jusqu’à minuit pour valider nos modules de formation. Mais aujourd’hui encore, ces jours ne sont pas reconnus dans le calcul du contrat. Nous avons quand même poursuivi du 31 mai au 4 juin pour atteindre les 50 jours requis ».

Le 4 juin dernier, alors qu’ils espéraient enfin recevoir le paiement complet, un message leur annonce qu’ils allaient percevoir seulement un million de francs guinéens, et que le reste serait versé plus tard, accompagné d’un nouvel avenant pour ceux souhaitant continuer ou se désister. « Comment comprendre qu’un contrat signé, avec un engagement clair de paiement avant son échéance, ne soit pas respecté ? Et que malgré cela, l’on exige encore que les agents retournent sur le terrain, sans nouveau contrat disponible ? » s’interroge M. Dioubaté.

En outre, il revient sur les expériences passées avec le PN-RAVEC, dénonçant la récurrence des abus. « Lors du recensement précédent, les agents avaient travaillé deux semaines sans contrat. Ils ont restitué les tablettes, mais personne n’a été payé. Aujourd’hui encore, la même entreprise, en collaboration avec les plateformes digitales, agit dans l’opacité. »

Plus grave encore, Billo Dioubaté accuse certains superviseurs de favoritisme et de menaces à l’encontre des agents récalcitrants. « Certains des agents actuellement sur le terrain n’ont même pas suivi la formation requise. Ils ont été recommandés par des superviseurs. Pendant ce temps, ceux d’entre nous qui ont recensé plus de 3 000 citoyens sont mis de côté », dénonce-t-il.

Dans les différentes communes, la mobilisation des agents est au point mort. « À Lambanyi, sur 101 agents, à peine 5 sont encore actifs. À Ratoma, même constat. À Matoto, Gbessia, Manéah, la situation est identique… »

Il estime qu’en moyenne, un agent compétent peut enregistrer entre 50 et 100 citoyens par jour, avec toutes les informations nécessaires. Toutefois, sans motivation ni paiement, le travail est désormais bloqué partout dans le pays. « Nous avons arrêté le 4 juin à 18h. C’est un fait. Même à Labé, le coordinateur a tenté une réunion avec les agents, sans succès », informe monsieur Dioubaté.

Les revendications sont claires : le paiement intégral des 2 millions 50 mille GNF dus par agent, la fourniture d’un téléphone fonctionnel, d’un kit sanitaire et d’un sac à dos, éléments promis mais jamais livrés ou de qualité médiocre. « Les téléphones fournis sont de la pire qualité que je n’ai jamais vue. Une fois éteints, ils deviennent inutilisables », conclut-il, amer.

Amadou Bailo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél : (00224) 628 51 67 96

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