Tronçon Labé-Kindia : neuf heures de calvaire sur 285 kilomètres de désespoir

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Sur la route nationale numéro 1 (RN1), reliant Labé à Kindia, le voyage tourne désormais au parcours du combattant. Entre bourbiers, déviations hasardeuses et tronçons ravinés, les usagers de ce principal axe de la Moyenne Guinée subissent au quotidien les affres d’une route en décomposition avancée. De Garambé (commune urbaine de Labé) à la gare routière de Condetta (commune urbaine de Kindia), l’état de dégradation de la RN1 interroge la volonté des autorités à offrir au pays des infrastructures routières dignes de ce nom, rapporte Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Partir de Labé pour Kindia, c’est aujourd’hui affronter un itinéraire semé d’embûches, où la patience devient vertu, et la fatigue, une compagne de route. Ce samedi matin, à 9 heures précises, notre véhicule de transport en commun a quitté la gare routière de Kouroula, commune urbaine de Labé, après le paiement d’un ticket d’embarquement fixé à 140 000 francs guinéens. Objectif : rallier Kindia, distante de 285 kilomètres. Neuf longues heures plus tard, à 18 heures, nous foulions enfin la gare routière de Condetta, à Kindia. Un trajet interminable, révélateur du triste état de notre réseau routier national.

À peine sorti du centre-ville de Labé, la traversée de Garambé donne déjà le ton : la route nationale numéro un (RN1) n’a plus rien d’une voie digne de son statut. Quelques kilomètres plus loin, à Mitty (sous-préfecture relevant de Dalaba), les véhicules sont contraints à un arrêt prolongé. Un vaste chantier y est ouvert — une entreprise chinoise y déploie des engins lourds, tentant de sauver l’essentiel pour permettre une circulation temporaire. Mais l’aménagement reste sommaire, et chaque passage ressemble à une épreuve.

À Dalaba, atteinte vers 12h40, le climat reste doux et accueillant, mais le contraste est frappant entre la beauté du paysage et la désolation de la chaussée. Peu après, à Boulliwel (Mamou), la déviation de Gobiré, longue de deux kilomètres, se transforme en un véritable bourbier. À 13h25, les passagers descendent parfois pour alléger le véhicule et franchir les obstacles.

Puis, vient Danboukoye, cette portion mythique nichée entre deux montagnes. À 13h40, les falaises imposent leur loi : virages serrés, pentes abruptes et route éventrée par les pluies. Les visages se ferment, les conversations s’éteignent. À 15h, l’arrivée à Mamou est vécue comme un soulagement provisoire.

Le constat est sans appel : les pluies torrentielles ont aggravé la dégradation d’une route déjà moribonde. Les trous béants, nids d’éléphant, bourbiers et couches d’asphalte arrachées témoignent d’un chantier de réhabilitation à l’arrêt, ou du moins sans visibilité claire. Les anciennes couches de bitume, autrefois protectrices, ont été retirées par une entreprise censée moderniser le tronçon. Ironie du sort : cette « réhabilitation » a transformé l’espoir en désillusion.

Sur les 134 derniers kilomètres entre Mamou et Kindia, la route paraît plus praticable. Le bitume y est intact, mais construit en hauteur, jalonné de virages serrés qui exigent prudence et vigilance. À 18h, enfin, l’arrivée à la gare routière de Condetta clôt neuf heures d’un voyage éprouvant.

Ce périple met en lumière un paradoxe : comment un pays aspirant à la refondation de l’État peut-il tolérer une telle situation sur un axe aussi vital ? La RN1 est plus qu’une route, elle relie des régions entières, des familles, des échanges commerciaux, des vies. Sa dégradation n’est pas seulement un problème d’infrastructure ; elle symbolise le retard d’un pays qui rêve pourtant d’émergence.

Face à cette réalité, les regards se tournent vers les autorités de la transition, interpellées dans leur propre credo de refondation. Car refonder, c’est avant tout reconstruire. Et reconstruire, c’est redonner à chaque citoyen le droit de circuler dans la dignité.

De retour de Labé, Amadou Baïlo Batouala Diallo, pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 628 51 67 96

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