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Dans cet entretien accordé à Guinée360, le consultant sportif Thierno Saidou Diakité revient sur l’élimination du Syli national de Guinée dans la course à la Coupe du monde 2026. Il met en cause le manque d’infrastructures sportives, défend le sélectionneur Paulo Duarte, et appelle à une refondation en profondeur du football guinéen, axée sur la valorisation du championnat local et la discipline au sein de la sélection.
Guinée360 : Quel bilan tirez-vous des performances du Syli national lors de ces éliminatoires, notamment après le dernier match contre le Botswana ?
Thierno Saidou Diakité : Le bilan n’est pas du tout élogieux. Nous avons échoué à décrocher la première place directement qualificative, comme la deuxième qui donnait accès aux barrages. Le constat est donc globalement négatif : la Guinée n’a pas atteint ses objectifs.
Selon vous, quelles sont les principales faiblesses techniques et tactiques qui ont coûté la qualification à l’équipe dirigée par Paulo Duarte ?
Paulo Duarte est arrivé à un moment où nos chances d’obtenir la première ou la deuxième place étaient déjà très faibles. D’ailleurs, dès ses premières déclarations, il avait précisé qu’il ne comptait pas sur une qualification immédiate, mais qu’il se projetait vers une reconstruction du Syli en vue de la CAN 2027, avec l’objectif d’atteindre la finale et de remporter le trophée.
En somme, il est arrivé quand les carottes étaient déjà cuites.
Peut-on dire qu’il n’est pas directement responsable de cet échec ?
Effectivement, on ne peut pas lui imputer cette responsabilité. Ce serait injuste.
À qui revient alors la responsabilité de cette élimination ?
Elle incombe principalement aux entraîneurs qui l’ont précédé. C’est, à mon sens, une circonstance atténuante qu’il faut accorder à Paulo Duarte.
Comment jugez-vous la gestion mentale et physique des joueurs durant ces éliminatoires ?
En observant le passage de plusieurs techniciens — Kaba Diawara, Michel Dussuyer ou encore Charl Paquille — je constate qu’avec Duarte, une lueur d’espoir est apparue. Il a introduit ce qui manquait au Syli : la discipline de groupe et la rigueur tactique. J’avais d’ailleurs longtemps plaidé pour l’instauration d’un code de discipline que chaque joueur convoqué devrait signer. Duarte semble s’engager dans cette voie, en imposant un cadre clair et un comportement exemplaire en sélection.
C’est un atout important. Il faut maintenant lui laisser la liberté d’appliquer son programme sans interférences extérieures.
Quelles leçons la Fédération guinéenne de football et le staff technique doivent-ils tirer de cet échec ?
Avant tout, il faut exiger du sélectionneur un rapport technique détaillé. Ce document permettra à l’administration technique et au comité exécutif de l’analyser, d’en tirer les enseignements et de mettre en œuvre ses recommandations. L’objectif est que le Syli aborde désormais chaque compétition avec un esprit d’excellence, de compétence et de performance.
Malgré cette élimination, quelles sont les pistes de relance pour le Syli national ?
À mon avis, la relance doit passer par une meilleure intégration du football local. Le Syli doit s’appuyer à 50 à 60 % sur des joueurs évoluant dans le championnat national. Certains d’entre eux ont le niveau pour concurrencer les expatriés. Il faut trouver un équilibre intelligent entre joueurs locaux et professionnels. La Ligue guinéenne de football professionnel doit, pour cela, élever le niveau du championnat, attirer des sponsors et mobiliser plus de ressources. De son côté, la Fédération guinéenne de football doit continuer à professionnaliser la gestion des clubs.
Comment maintenir la motivation des joueurs et l’enthousiasme des supporters avant les prochaines compétitions ?
Sur le plan financier, la motivation est désormais bien encadrée. Un arrêté conjoint des ministères des Sports, du Budget et des Finances fixe une grille de gratifications pour toutes les équipes nationales. Cet aspect est donc maîtrisé. En revanche, le problème majeur demeure : l’absence d’infrastructures sportives fonctionnelles. Sans stades homologués, il est difficile de détecter les talents et de pratiquer un football de haut niveau. Nos matchs délocalisés nous ont lourdement pénalisés. Jouer à Conakry aurait sans doute augmenté nos chances de qualification.
Peut-on dire que ce manque d’infrastructures a directement pesé sur la non-qualification
Absolument. L’absence d’installations homologuées et certifiées a joué un rôle déterminant. Je dirais que ce facteur compte pour 40 à 50 % dans notre élimination.
Quel message adressez-vous aux acteurs du football guinéen ?
Nous devons nous unir autour d’une vision commune, fondée sur l’ambition et le patriotisme.
Les intérêts personnels doivent être mis de côté au profit de l’intérêt supérieur du pays.
Journalistes, supporters, dirigeants, autorités : chacun a un rôle à jouer. Ensemble, nous devons tirer le football guinéen vers le haut.
Une amélioration semble avoir été observée sur la question des primes. Qu’en pensez-vous
Oui, les autorités ont tiré les leçons des précédentes compétitions, notamment du CHAN, où les primes avaient été versées en retard. Des dispositions ont été prises pour éviter ce genre de désagrément lors des derniers matchs. Il faut poursuivre dans cette dynamique, en mettant en place des mécanismes de dépenses urgentes, sans passer par des circuits administratifs trop longs.
Les compétitions étant programmées un ou deux ans à l’avance, l’administration doit anticiper afin d’éviter tout retard.
L’article Thierno Saïdou Diakité prend la défense de Paulo Duarte : “Il a hérité d’une situation déjà compromise” est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.