Tamisso, grenier agricole oublié : les habitants lancent un cri d’alarme

il y a 4 heures 19
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Dans la préfecture de Kindia, plus précisément dans la sous-préfecture de Madina-Oula, la localité de Tamisso tente de survivre dans l’oubli et l’isolement. Malgré ses importantes potentialités agricoles et pastorales, cette zone rurale peine à se développer en raison du manque criant d’infrastructures de base : routes impraticables, écoles délabrées, absence de structures de santé. La population en appelle aux autorités pour une intervention urgente.

« Je suis muté ici depuis 2005, cela fait maintenant vingt ans que je vis aux côtés de cette communauté. J’ai vu des enfants grandir ici, certains n’ont même pas pu terminer l’école faute d’infrastructures adéquates. La route est dans un état catastrophique. Il nous faut parfois une journée entière pour atteindre Kindia, même à moto. En saison des pluies, certains tronçons deviennent complètement inaccessibles. Cette situation nous isole et décourage même ceux qui veulent investir ou travailler dans la localité. Le pire, c’est qu’on n’a même pas une école digne de ce nom. Les élèves sont entassés dans des bâtiments en banco, sans tables-bancs, sans manuels, sans enseignants qualifiés. Quant au centre de santé, il n’y en a pratiquement pas. Les malades sont souvent transportés à dos d’homme ou sur des motos pendant des heures pour atteindre une structure sanitaire, parfois trop tard », raconte Abdoulaye Bangoura, visiblement ému par la situation.

Tamisso est pourtant une zone bénie par la nature. Ses terres fertiles permettent la culture du riz, du maïs, du manioc, de l’arachide et des fruits tropicaux, tandis que l’élevage y est également une activité dominante. Mais sans routes pour évacuer les récoltes, tout ce potentiel reste inexploité.

« Ici, les gens travaillent dur. L’agriculture et l’élevage sont nos seules richesses. Mais imaginez que vous produisiez des tonnes de maïs et que vous n’ayez aucun moyen de les transporter vers les marchés de Kindia ou de Conakry. Vous êtes obligés de brader vos produits à vil prix, voire de les laisser pourrir. C’est un énorme gaspillage. Nous avons aussi des femmes dynamiques, prêtes à faire du petit commerce, mais qui se retrouvent bloquées à cause des routes défoncées. C’est frustrant. Nos enfants veulent apprendre, mais dans quelles conditions ? Nous avons besoin de salles de classe dignes, de livres, de maîtres. Et sur le plan de la santé, c’est encore plus grave. Une femme enceinte qui fait une complication ici risque sa vie, car nous n’avons pas de centre de santé équipé. Nous demandons simplement ce qui est normal : une route praticable, une école fonctionnelle, et un poste de santé bien équipé. Ce n’est pas trop demander », plaide Moussa Camara, responsable communautaire.

Les habitants de Tamisso n’en peuvent plus. Ils appellent les autorités locales, régionales et nationales, ainsi que les partenaires au développement, à porter leur regard sur cette localité enclavée mais pleine de promesses. « Tamisso a un avenir. Mais sans l’intervention des autorités, ce village restera figé dans la pauvreté. Nous avons besoin de routes en bon état, au moins de pistes rurales aménagées, d’un vrai centre de santé et d’une école équipée. Il est temps que les dirigeants entendent notre cri », conclut Moussa Camara.

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