Sékouba révèle : ‘’Dadis, alors en charge du carburant, organisait des mutineries pour déstabiliser le général Lansana Conté. C’est moi qui y ai mis fin’’

L’ancien président de la transition guinéenne, Sékouba Konaté, est récemment revenu, dans un entretien accordé à VoxAfrica, sur une discussion qu’il a eue avec son ex-compagnon de lutte, Moussa Dadis Camara. Celle-ci portait notamment sur la volonté de ce dernier de s’emparer du pouvoir par la force à l’époque du général Lansana Conté, une position à laquelle Sékouba Konaté affirme s’être toujours opposé.

Selon l’ancien homme fort de la transition guinéenne de 2008, devenu par la suite président par intérim, Moussa Dadis Camara, alors responsable du carburant sous le régime Conté, aurait financé des actions visant à déstabiliser le pouvoir en place.

« Tout le monde sait comment s’est faite la prise du pouvoir par le CNDD. Moi, personnellement, je n’ai voulu occuper aucune fonction. Il y avait un deal entre lui et moi. J’ai respecté ma parole, c’est lui qui ne l’a pas fait. C’est lui qui m’a trahi. Pourquoi ? Il sait ce qui s’est réellement passé. Au contraire, c’est lui qui a trahi. Je l’ai dit à Ouagadougou, il sait très bien ce qu’ils ont semé à Conakry », a-t-il déclaré.

Revenant sur cette période de tension, celui que l’on surnommait El Tigre a expliqué les circonstances de son retour à Conakry, alors que Dadis Camara menait des actions de déstabilisation contre le régime de Lansana Conté.

« J’étais commandant du Front Sud. Il a organisé des mutineries à Conakry, car il était au carburant tout en donnant de l’argent aux hommes pour déstabiliser le feu général Lansana Conté. C’est ainsi que le président Conté m’a fait appel. Je suis allé prendre le Bataillon Autonome des Troupes Aéroportées (BATA) en main et j’ai mis fin à la mutinerie. Toute la Guinée est au courant de cela, et c’est dans ces circonstances que notre amitié s’est consolidée », a-t-il expliqué.

Toujours selon Sékouba Konaté, il aurait à plusieurs reprises tenté de dissuader Dadis Camara de toute tentative de prise du pouvoir tant que Lansana Conté était encore en vie : « À chaque fois qu’il parlait de prise de pouvoir, je lui disais non. Tant que le président général Lansana Conté est là, on ne peut pas le déranger. Mais le jour où il ne sera plus là, il y aura alors une possibilité. Il disait vouloir le pouvoir, moi je lui ai répondu que je voulais autre chose dans un premier temps », a-t-il confié.

Sékouba Konaté assure également avoir respecté sa parole lors de la prise du pouvoir par les militaires, contrairement à Dadis Camara, qu’il accuse de n’avoir pas respecté leur accord tenu à Ouagadougou, devant témoins.

« Dans le procès, vous avez entendu ce que Marcel et Toumba ont dit. C’est lui qui n’a pas respecté sa part du contrat. À Ouagadougou, le président Blaise Compaoré, le président Embaló et le général Diendéré — malgré sa détention actuelle — ont assisté à cet accord. Entre lui et moi, nous savons ce qui s’est réellement passé là-bas », a-t-il insisté.

Pour conclure, Sékouba Konaté a affirmé avoir été nommé ministre de la Défense sans son consentement, précisant qu’il n’avait jamais exercé cette fonction de manière effective.

« Dans le pouvoir, j’ai dit que je ne voulais absolument rien. J’étais chez moi quand ils m’ont mis à la Défense, sans concertation. Je lui ai demandé pourquoi il m’avait nommé, il m’a répondu que c’était provisoire. J’ai aussitôt confié la gestion au directeur de cabinet militaire, qui occupe encore ce poste aujourd’hui. Je ne suis jamais entré dans le bureau du ministre de la Défense, car j’attendais toujours qu’il respecte notre accord pour que je décroche. C’est tout », a conclu l’ancien président de la transition.

Mamadou Yaya BARRY

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