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À 80 jours du scrutin présidentiel, le paysage politique guinéen commence à se dessiner. Si plusieurs candidatures sont déjà annoncées, les poids lourds, eux, se font encore attendre. Qui sont les figures en lice — déclarées ou pressenties — et quelles sont leurs réelles chances de victoire ?
1. Le Général Mamadi Doumbouya : l’hypothèse devenue une quasi certitude
Bien que la Charte de la Transition lui interdisait toute candidature, la nouvelle Constitution, promulguée le 26 septembre dernier, a levé cette restriction. Depuis, tout indique que le Président Mamadi Doumbouya se prépare à briguer un mandat civil.
Même s’il n’a pas encore officialisé sa candidature, tous les signaux convergent vers une entrée en lice : mobilisation de la base, intensification des tournées présidentielles, communication gouvernementale valorisant le bilan, et rumeurs persistantes au sein du MND (Mouvement national pour le développement).
En cas de candidature, ses chances de victoire au premier tour sont élevées, pour plusieurs raisons :
• Un bilan jugé positif : croissance économique soutenue (+6,5 % au premier trimestre 2025), relance du méga-projet Simandou (chemin de fer, port, infrastructures minières), récupération des domaines de l’État, lutte contre la corruption et amélioration notable des infrastructures (Aéroport international de Conakry, Cité administrative de Koloma, routes régionales).
• Des réformes sociales tangibles : couverture maladie pour les fonctionnaires et retraités, revalorisation des pensions et des bourses, assistance aux Guinéens en détresse à l’étranger.
• Une administration aguerrie : la machine électorale de l’État, déjà bien rodée lors du référendum constitutionnel, pourrait encore jouer en sa faveur.
• Un atout sociopolitique déterminant : le vote communautaire, ancré dans l’histoire électorale du pays, pourrait encore bénéficier au candidat du pouvoir.
En effet , le vote étant traditionnellement ethnique en Guinée, il existe au moins une communauté ethnique numériquement importante qui a toujours majoritairement voté en Guinée pour le candidat de la mouvance présidentielle, et ce, de Sékou Touré à Alpha Condé. Et tout indique que cette communauté, faiseuse de roi, en fera de même lors du prochain scrutin présidentiel, si Doumbouya est candidat.
En somme, si Doumbouya se déclare, la présidentielle pourrait bien se jouer dès le premier tour.
2. L’UFDG à la croisée des chemins
Longtemps principal adversaire de la mouvance présidentielle, l’UFDG traverse une zone de turbulence. Suspendu pour des raisons judiciaires, le parti ne peut, pour l’instant, présenter de candidat. Et même si la suspension venait à être levée, son leader historique, Cellou Dalein Diallo, reste inéligible, n’étant plus inscrit sur la liste électorale.
Cependant, le parti pourrait soutenir un candidat indépendant. Le nom de Halimatou Dalein Diallo, épouse du leader de l’UFDG, circule avec insistance comme candidate putative et figure de substitution.
Si sa candidature se confirmait, elle pourrait mobiliser les bastions fidèles de l’UFDG et la diaspora, mais sa marge de progression électorale face au rouleau compresseur Doumbouya reste limitée.
En résumé, sans Cellou Dalein ni levée de suspension, l’UFDG risque de jouer un rôle d’influenceur plutôt que de vainqueur.
3. Les vétérans de l’opposition : Kouyaté, Kaba, Millimono
Dr Ousmane Kaba (PADES), Lansana Kouyaté (PEDN) et Dr Faya Millimono (BLD) comptent parmi les figures les plus anciennes du paysage politique guinéen.
Tous trois ont déjà participé à des présidentielles, avec des résultats plus ou moins honorables, et dirigent des partis encore présents sur le terrain.
Mais après une décennie d’opposition sans alternance, leurs forces — financières, politiques et symboliques — semblent s’éroder.
Leur présence médiatique s’est raréfiée, leurs meetings peinent à mobiliser, et leurs discours séduisent de moins en moins une jeunesse avide de renouveau.
Leur participation, si elle se confirme, aura davantage valeur symbolique que stratégique, leurs chances de victoire étant infinitésimales.
4. RPG Arc-en-ciel et UFR : les absents de taille
Les deux anciens grands partis de gouvernement, le RPG arc-en-ciel d’Alpha Condé et l’UFR de Sidya Touré, dirigés par des leaders octogénaires, ont officiellement renoncé à présenter un candidat à la prochaine présidentielle.
Une décision stratégique ou un aveu de faiblesse ?
En tout cas, leur absence ouvre un espace inédit au profit des nouvelles figures et du candidat du pouvoir.
5. Les 66 autres candidats : entre ambitions et illusions
Entre 50 partis politiques et 16 candidatures indépendantes déjà déclarées, la liste des prétendants s’allonge. Mais au-delà de quelques personnalités sérieuses, la plupart semblent motivées par la visibilité médiatique plutôt que par une ambition réaliste.
Les exigences de parrainages régionaux et le montant de la caution électorale, fixés à des niveaux élevés, devraient écarter la majorité de ces candidatures jugées farfelues et fantaisistes.
Leur impact politique sera donc négligeable, sinon pour animer le débat public.
À moins d’un bouleversement de dernière minute, le scrutin présidentiel s’annonce comme un duel déséquilibré entre un Doumbouya quasi-candidat et une opposition morcelée.
La vraie question n’est donc plus qui sera candidat, mais bien qui pourra réellement rivaliser avec le pouvoir en place.