N’Zérékoré : le musée ethnographique régional en ruine, un patrimoine en péril (Reportage)

il y a 5 heures 19
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Situé dans l’enceinte de la Maison des jeunes, en plein cœur de la commune urbaine de N’Zérékoré, le musée ethnographique régional, créé il y a plusieurs années pour mettre en valeur la richesse culturelle de la Guinée forestière, se trouve aujourd’hui dans un état de dégradation poussée. Ce lieu autrefois dédié à l’éducation, à la mémoire et au tourisme est devenu l’ombre de lui-même.

Le bâtiment, vétuste et mal entretenu, menace de s’effondrer. Le toit fuit à plusieurs endroits, les murs sont fissurés, et les objets d’exposition — pour la plupart anciens et non restaurés — sont exposés à l’humidité et à la poussière. À cela s’ajoutent un manque total d’électricité et l’absence d’équipements de base : pas de bureaux fonctionnels, pas de gardien, ni de personnel d’entretien.

Le musée ne compte qu’un seul travailleur : Joël Gbamou, directeur par intérim depuis vingt ans… et sans salaire.

« Le musée ethnographique est un instrument éducatif, un véritable trésor qui regroupe des objets emblématiques des principales ethnies de la région. Mais aujourd’hui, le bâtiment est complètement dégradé. Quand il pleut, même le bureau est inondé. Les murs se fissurent, la peinture s’écaille, et nous n’avons toujours pas d’électricité. Alors que nous sommes en plein centre-ville de N’Zérékoré, alimenté par l’interconnexion », déplore M. Gbamou.

Sans subvention ni appui institutionnel, le responsable tente tant bien que mal de maintenir le musée en vie.

« Je suis le seul à y travailler, et bénévolement. J’accueille parfois des stagiaires, mais ils ne restent jamais longtemps. Certains abandonnent parce qu’ils ne peuvent même pas payer leur transport. L’entretien, c’est moi qui le fais, souvent avec l’aide de mes enfants. Je ne peux pas engager quelqu’un, faute de moyens », confie-t-il.

La fréquentation, elle aussi, est quasi inexistante. Le musée reste largement méconnu du grand public, même à N’Zérékoré.

« J’ai adressé des lettres de partenariat aux deux universités de la ville et à d’autres institutions pour améliorer la visibilité du musée, ne serait-ce qu’avec une plaque signalétique, mais je n’ai jamais eu de réponse. Si j’avais une petite subvention, je pourrais faire de la promotion et attirer des visiteurs », regrette-t-il.

Malgré cette précarité, un brin d’espoir subsiste. Un projet de construction d’un nouveau musée, initié par la Direction nationale des musées de Guinée, serait en préparation.

« On m’a promis qu’un site a déjà été choisi pour bâtir un musée digne de ce nom. Si ce projet voit le jour, ce sera une grande fierté pour toute la région », confie Joël Gbamou, avant de lancer un appel : « j’invite les autorités, les partenaires et les personnes de bonne volonté à m’aider à restaurer ce musée, entretenir les objets existants et lui redonner vie. C’est notre patrimoine, il ne doit pas disparaître. »

Un cri d’alarme pour la mémoire culturelle régionale

Gardien de la mémoire des peuples forestiers, le musée de N’Zérékoré risque aujourd’hui de disparaître dans l’indifférence générale. Sa survie dépend d’une prise de conscience collective et d’un engagement concret des autorités culturelles pour préserver ce patrimoine inestimable — témoin de l’histoire et de l’identité de toute une région.

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