Mort d’homme dans un conflit domanial à Kindia : en cavale juste après les faits, le président du district de Dar-Es-Salam s’explique enfin

il y a 14 heures 59
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Les débats relatifs à l’affrontement entre les familles issues des districts Sékhou Soryah et Dar-Es-Salam, dans la commune urbaine de Kindia, ont été rouverts ce jeudi 16 octobre 2025 devant la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Conakry.

Ce conflit, survenu en juillet 2024, avait coûté la vie à deux jeunes de Sékhou Soryah. Des condamnations avaient été prononcées par le tribunal de première instance (TPI) de Kindia contre plusieurs personnes, dont Fodé Mociré Dramé, alors président du district de Dar-Es-Salam.

En cavale lors du jugement de cette affaire en première instance, ce sexagénaire a enfin eu l’opportunité de s’expliquer sur ces faits qui ont endeuillé la famille Sékhou Soryah. Devant les juges de la Cour d’appel, Fodé Mociré Dramé s’est gardé d’entrer dans les détails concernant les raisons de sa fuite et son lieu de refuge avant son interpellation.

Cependant, il affirme avoir tout fait pour éviter l’affrontement, en vain : « Pour cette bagarre, ça a duré un peu. Pour l’éviter, on a tout essayé. C’est à cause de notre lieu où on fait l’agriculture qu’il y a eu bagarre. L’imam central a fait ce qu’il devait faire. On est allés chez l’imam central, Elhadj Mamoudou Camara, pour donner des explications sur le domaine litigieux. Il a dit que ce sont nos parents, nos voisins — une manière de dire que ce lieu ne devait pas causer de problème. Mais ils sont partis faire des dégâts là-bas. Les gendarmes qui sont allés sur le lieu ont constaté que des arbres avaient été abattus. Neuf personnes ont été arrêtées. Il y a eu des tentatives de négociation pour leur libération. Ensuite, ils ont brûlé notre village. Les gens de Linsan qui passaient par là se sont retournés pour dire qu’il y a bagarre.

Ce qui s’est passé, je ne peux pas l’expliquer parce que je n’y étais pas. Ils ont brûlé cinq de mes maisons. Nos villageois ne partaient plus au marché hebdomadaire, car celui qui s’y rendait était arrêté. J’ai averti le président du CRD de venir intervenir ; il m’a demandé de lui donner le prix de l’essence… Depuis 15 ans, je suis président du district. Je suis devant la justice parce que c’est ma population. Ceux qui sont morts, c’est Dieu qui les a tués, je peux dire. Sinon, je n’ai envoyé personne », s’est défendu l’accusé.

Ce sexagénaire a été précédé à la barre par Moussa Dramé, secrétaire général du district de Dar-Es-Salam, également condamné à 10 ans de réclusion criminelle par le TPI de Kindia. Considéré comme le meneur de l’affrontement entre les familles Sékhou Soryah et Dar-Es-Salam, il a nié toute implication directe :

« Je n’étais pas sur les lieux, mais j’étais au village quand même », a-t-il déclaré.

Pour le confronter aux faits, le juge lui lance : « Vous avez envoyé des gens sur le terrain litigieux pour chasser ceux qui y travaillaient. C’est cette instruction qui a provoqué l’affrontement ayant entraîné des morts, des blessés et des dégâts matériels. »

Réponse de l’accusé : « Moi, je n’ai appelé personne et je n’étais pas sur le lieu de l’affrontement », s’est-il défendu.

Constatant des contradictions dans ses propos, le juge lui rappelle quelques passages de son audition devant le juge d’instruction, sans toutefois obtenir de lui un aveu.

Parlant des dispositions qu’il aurait prises, en tant que deuxième personnalité du district de Dar-Es-Salam, pour éviter l’affrontement, Moussa Dramé affirme avoir informé son coaccusé Fodé Mociré Dramé ainsi que M’Mah Sylla, mairesse de Madina Oula.

S’appuyant sur les décisions de justice, le juge Sékouba Condé rappelle qu’en première comme en seconde instance, la famille de Dar-Es-Salam a perdu le procès face à celle de Sékhou Soryah. Mais devant la Cour suprême, elle a obtenu un sursis à exécution.

« Alors pourquoi n’avez-vous pas attendu la décision de celle-ci ? Pourquoi êtes-vous allés attaquer les autres ? », interroge le magistrat.

Moussa Dramé garde le silence, malgré l’insistance du juge.

Alors que les débats touchaient à leur fin, les avocats de la défense ont attiré l’attention de la Cour sur la détention irrégulière des nommés Sidiki Fofana et Fodé Alpha Dramé, qui ne sont pourtant pas visés par la présente procédure.

Jugeant cette détention « extraordinaire », la Cour et le parquet ont procédé à des vérifications. Finalement, le juge Sékouba Condé a ordonné leur remise en liberté et renvoyé l’affaire au 30 octobre 2025 pour la suite des débats.

Les dépositions de Bouhary Dramé et Aboubacar Chérif sont attendues à la prochaine audience.

Ils sont poursuivis, au même titre que Fodé Mociré Dramé et Moussa Dramé, pour assassinat, séquestration, coups et blessures volontaires, des faits prévus et punis par les articles 208, 303 alinéa 1 et 209 du Code pénal.

Affaire à suivre…

Saidou Lébêré

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