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Alors que le processus d’indemnisation des victimes du 28 septembre a démarré, les noms de certaines d’entre elles ne figurent pas sur la liste. C’est le cas de Fatoumata Sylla, couturière, survivante du massacre du 28 septembre 2009 au stade de Dixinn, qui a encore une balle dans ses parties génitales. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce lundi 9 juin 2025, quinze ans après les événements, elle explique son calvaire. Malgré sa reconnaissance officielle en tant que victime par l’AVIPA (Association des Victimes, Parents et Amis du 28 Septembre), son nom ne figure pas sur la liste des 334 bénéficiaires du programme d’indemnisation annoncé après le procès. Malgré les démarches qu’elle a entreprises avec son mari, celles-ci sont restées sans suite. Le couple lance un appel aux autorités.
Fatoumata Sylla, couturière, victime des événements du 28 septembre 2009, raconte sa situation et appelle à l’aide.
« Tout le temps, nous partions à l’AVIPA pour des réunions. Depuis un moment, on ne nous a plus appelés. Un jour, je suis allée là-bas, j’ai trouvé que c’était fermé. J’en ai parlé à mon mari. Plus tard, nous y sommes retournés et c’était ouvert. Asmaou était là-bas, il y avait beaucoup de monde. Ils ont dit que plusieurs personnes n’avaient pas leurs noms sur la liste, même Asmaou n’y figurait pas. Les gens ont insisté, mais on nous a répondu que seuls les 334 noms retenus étaient maintenus. Ensuite, ils ont dit qu’ils allaient voir la situation. Moi-même, mon nom ne figure pas sur le registre. Actuellement, j’ai des douleurs au ventre, je ne peux plus travailler comme avant. Ce sont d’autres personnes qui travaillent à ma place. Dès que je fais un petit effort, j’ai mal au ventre. Quand je suis allée à Camp Samory, on m’a dit que la balle est toujours dans mon ventre, qu’elle bouge. On faisait de la radiographie à l’époque, et c’est l’État qui payait. Mais maintenant, c’est mon mari qui prend tout en charge. Même actuellement, je dois faire une radio, mais je n’ai pas pu à cause du manque d’argent. Avant, c’est moi qui me débrouillais seule. Je demande aux autorités de nous venir en aide. Je n’ai rien, et mon mari non plus. Il ne travaille pas, il fait juste du gardiennage. Donc, je supplie qu’on nous aide, pour qu’on puisse extraire cette balle de mon ventre. Nous gardons espoir », affirme-t-elle.
Pour sa part, Lamine Sacko, mari de Fatoumata Sylla, a expliqué sa situation, notamment ses difficultés à faire face aux besoins en médicaments pour sa femme.

« Parmi les victimes, ma femme a sa carte, elle a son livret. Même le premier jour du procès, elle était présente dans la salle. Mais dans la liste des 334 personnes à indemniser, son nom ne figure pas. Et moi, je souffre beaucoup. Ma femme ne peut plus bouger. Elle est couturière, mais elle a arrêté son travail parce qu’elle a une balle dans le ventre. Comme elle est très jeune, les médecins ont conseillé d’attendre que la balle se stabilise avant d’envisager une opération, sinon cela nécessiterait une opération générale, très risquée à son âge. Elle ne peut plus coudre. Dès qu’elle fait des mouvements, elle ne dort pas la nuit. Le bas-ventre lui brûle, car la balle bouge dans son ventre. On a consulté presque tous les grands hôpitaux de Conakry. L’État avait pris en charge les soins au début, avec un lot de médicaments arrivé le 30 septembre 2009. Elle faisait deux radios par jour pour suivre les mouvements de la balle. Elle devait rester allongée 30 minutes avant chaque radio, ensuite marcher un peu, puis repasser la radio. Mais maintenant, c’est moi qui paie tout. Je paie les produits chaque semaine. Les médecins m’ont déconseillé de ne pas trop lui donner de médicaments. Au début, je lui donnais du paracétamol, mais ça ne suffisait pas. Maintenant, on utilise des produits très amers de la pharmacopée. Et là, à l’approche de la fête, voilà cinq jours qu’elle est clouée au lit. J’ai fait des démarches. Le deuxième jour de l’indemnisation, j’étais à la Cour d’appel. Quand j’ai signalé son cas à certains responsables de l’AVIPA, ils étaient surpris. Ils m’ont conseillé d’aller voir Maître D.S. Je suis allé, mais il n’était pas là. On m’a dit de lui envoyer un message. Son secrétaire a écrit un message pour moi. Toute la semaine, je suis allé au siège, mais c’était fermé. Après, ils nous ont appelés pour une réunion. J’y suis allé avec ma femme, elle était malade ce jour-là. Beaucoup de victimes ont pris la parole. J’ai écouté les mots de la présidente de l’AVIPA. Elle a dit qu’elle avait elle-même perdu son fils, et que son propre nom ne figurait pas sur la liste. À ce moment-là, je n’ai pas pu parler. J’étais bouleversé. J’ai failli pleurer, car je sais ce que je vis. La balle est au niveau du vagin de ma femme. Elle ne peut pas faire de mouvements sans souffrir », a-t-il dit
Poursuivant, Lamine Sacko, lance un appel à l’aide. « Je n’ai pas de moyens. Depuis 15 ans, je souffre avec elle. Je ne travaille pas. Le peu que je gagne, c’est pour sa santé ou la nourriture. C’est la seule femme que j’ai. Ce jour-là, à la réunion, il y avait une dizaine de personnes, mais tout le monde n’a pas parlé. J’ai confiance en l’AVIPA, mais c’est difficile. Quand on dit que seuls 334 seront indemnisés, ça inquiète. J’espérais avoir du soutien, car c’est moi qui m’occupe d’elle. Quand le décret est sorti, on a eu de l’espoir, mais quand j’ai vu que son nom n’y était pas, j’ai perdu espoir. Ce jour-là, je voulais prendre la parole, mais je n’ai pas pu. Je suis resté silencieux dans la salle. Mon numéro est le 628 61 11 28 Le numéro de ma femme : 624 63 64 14 (Tous deux sont sur Orange Money) ».
Ismael Diallo pour Guineematin.com
Tél: 624 69 33 33
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