La diaspora africaine : acteur majeur d’une nouvelle coopération Nord-Sud, le FISD 2025 redéfinit les ponts à Montréal

il y a 2 heures 21
PLACEZ VOS PRODUITS ICI

CONTACTEZ [email protected]

Le Centre Mont-Royal est devenu, les 5 et 6 décembre 2025, le théâtre d’une réinvention audacieuse des relations Nord-Sud. La 2e édition du Forum International Solidarité et Développement (FISD 2025) n’était pas seulement un rassemblement ; il a servi de laboratoire pour une nouvelle hypothèse : la diaspora africaine, en particulier francophone, peut et doit devenir l’acteur central d’une coopération internationale affranchie des sentiers battus des circuits étatiques.

​Réunissant 330 participants venus de 21 pays, le FISD a brillamment atteint son objectif fondamental : mobiliser et connecter les diasporas avec l’ensemble des acteurs du développement pour établir des passerelles économiques et sociales durables entre le Canada et le continent africain.

​Une alliance cité-citoyen face aux tensions géopolitiques

​Dans un contexte mondial marqué par la contraction de l’aide publique au développement et les crises sécuritaires, le FISD a proposé un modèle de coopération horizontale et décentralisée. Cette approche a été concrétisée par la présence remarquable d’acteurs de terrain, incluant des maires sénégalais, un sénateur tchadien, et des délégations ministérielles africaines, côtoyant entrepreneurs, universitaires et surtout, de nombreuses organisations de coopération internationale québécoises et canadiennes. Leur forte implication a souligné l’engagement du Québec et du Canada à soutenir cette diplomatie menée par la société civile.

​Il est crucial de noter que le succès de ce forum repose sur un Comité d’organisation dévoué, composé de citoyens canadiens originaires de quinze pays africains ainsi que d’Haïti. Cette diversité d’origines garantit une compréhension nuancée et une légitimité profonde dans les initiatives proposées.

​Du transfert individuel à l’investissement collectif

​Les 17 panels et ateliers ont dessiné les contours d’un développement holistique, allant bien au-delà des indicateurs purement économiques.

​Un panel particulièrement marquant s’est concentré sur « Le rôle des diasporas africaines et des organisations de la solidarité internationale dans la promotion de l’entrepreneuriat agricole pour une souveraineté alimentaire du continent. » Ce débat de haute importance a été honoré par la participation de Son Excellence Redouwane AG Mohamed Ali, Ministre Commissaire à la Sécurité alimentaire du Mali, illustrant la volonté du FISD de placer des enjeux vitaux au cœur de la discussion.

​Un autre atelier a brisé un tabou sociétal en abordant la santé mentale masculine chez les immigrants africains, reconnaissant que la détresse psychologique constitue un frein majeur à la pleine capacité d’action et de contribution de la diaspora.

​Enfin, l’exploration de la finance solidaire a mis en lumière comment l’épargne diasporique peut être stratégiquement mobilisée pour des investissements collectifs – non plus seulement via des transferts individuels de fonds, mais pour le financement d’infrastructures locales et d’entreprises sociales créatrices de valeur pérenne.

​Reconnaissance institutionnelle et diplomatie de terrain

​L’événement a bénéficié d’une reconnaissance institutionnelle significative, attestée par l’intervention du Ministre québécois des Relations internationales, Christopher Skeete. Plus encore, un voyage de la délégation à Québec a permis d’établir des ponts concrets (mobilité étudiante, promotion de la Francophonie) entre les ministères québécois et les élus locaux africains (Sénégal, Mali, Bénin). Cette « diplomatie municipale » s’affirme comme une nouvelle force de frappe dans la coopération.

​Le succès retentissant du FISD 2025, magnifié par les 46 exposants qui ont illustré la richesse des initiatives nées des parcours migratoires, laisse une question stimulante : cet enthousiasme parviendra-t-il à se consolider en structures durables et influentes ? Le comité d’organisation, sous la direction d’Alpha Touré, donne rendez-vous en 2026, avec l’éducation comme levier thématique privilégié, pour tenter d’y répondre et de transformer l’essai.

Lire l'article en entier