INTERVIEW- Cheick Tidiane Traoré : ‘’la Synergie GMD25 va disparaître dans les prochains jours au profit d’une nouvelle dynamique’’

L’honorable Cheick Tidiane Traoré est le secrétaire exécutif national de la Synergie Général Mamadi Doumbouya 2025 (SGMD25) pour le dialogue et la paix. Dans une longue interview accordée à Mediaguinee, l’homme politique et ancien député est revenu, sans langue de bois, sur la naissance de la Synergie, les courants qui la traversent actuellement, son opposition avec Alhoussein Makanéra Kaké et la fusion-absorption de la structure. INTERVIEW…

« On est en train d’aller vers la fusion. La fusion-absorption veut dire que la Synergie GMD25 va disparaître. On va aller vers la nouvelle dynamique. Ce sont les grands ensembles qui guériront les autres. L’ego, le repli sur soi ne sont plus d’actualité autour du Président Mamadi Doumbouya »

Mediaguinee : Comment se porte aujourd’hui la Synergie Général Mamadi Doumbouya ?

Cheick Tidiane Traoré : la Synergie Général Mamadi Doumbouya 2025 (SGMD25) pour le dialogue et la paix est à la croisée des chemins. La synergie GMD2025 s’apprête dans les jours qui viennent à aller en fusion avec l’Alliance des Forces Patriotiques. Nous allons faire de la fusion pour pouvoir mettre en place la base de la prochaine mouvance présidentielle. Voilà comment se porte aujourd’hui la synergie et vers quelles mutations elle va.

Mediaguinee : Depuis quelques jours, une cacophonie semble s’installer au sein de la SGMD25. Qu’est-ce qui ne va pas concrètement ?

Cheick Tidiane Traoré : La synergie est à la croisée des chemins. Il n’y a pas de cacophonie. Il y a une voie légale par laquelle la synergie communique. Toute voie qui sort de ce créneau est considérée comme non officielle à la synergie.

Donc nous considérons qu’il n’y a pas de cacophonie parce que par cette voie officielle, il n’y a qu’un seul sens.

Mediaguinee : Après l’annonce par Alhoussein Makanéra (coordinateur général de SGMD25) d’une tournée à l’intérieur du pays, vous avez publié un communiqué indiquant qu’aucune activité de ce genre n’est, pour l’instant, prévue par la SGMD25, et appelant au respect des structures légales. Pourquoi cette précision ?

Cheick Tidiane Traoré : Parce que nous avons appris sur les réseaux sociaux comme tous les Guinéens, toute l’opinion publique nationale, que cette tournée doit se tenir alors que ce n’est pas la voie légale. Quand on est dans une institution, quand on veut entreprendre une telle chose, ça se discute.

A la base, on se met d’accord sur les thèmes de référence de la tournée et elle s’organise. J’ai parlé avec le patron de Mediaguinee, il m’a dit qui vient pour l’interview, dans quel contexte il vient, vous êtes venue. On s’est mis d’accord sur un schéma de travail. C’est cela, l’organisation rationnelle.

Et voilà, c’est ce qui me semble manquer. Mais ça arrive dans toute action, tout regroupement d’hommes. Il y a des moments, il faut rappeler à l’ordre.

Il n’y a rien de méchant, ça ne vise pas une personne. Je suis dans la vie associative depuis 1990. Cela veut dire qu’il y a au moins 35 ans que je suis rodé à cela.

Dans la vie politique également, je pense que je suis l’un des plus anciens, voire le plus ancien acteur politique de ma génération. Voilà, donc je ne vais pas dans les questions de personne, mais je vais dans les questions de structure et de règlement.

Mediaguinee : Vous avez également dénoncé des actes de racket commis au nom de la SGMD25. À qui s’adressait ce message ?

Cheick Tidiane Traoré : Une fois de plus, je ne m’adresse pas à des personnes. Nous avons eu des soupçons et pour barrer la route à cela, nous avons des structures…

Vous savez ce qu’on fait en politique ? Tous ceux qui donnent un kopeck s’attendent à un retour. Mais quand ils ne sont pas enregistrés dans le livre des donations, au niveau de la synergie…Après, les gens peuvent venir et dire qu’ils ont été là quand il fallait aider la synergie pour mener ce combat.

« Je ne me compare à personne. Makanéra a son destin. C’est moi qui ai choisi Makanéra. Au sein de la synergie, il n’y a pas eu de vote, il n’y a pas eu de nomination. C’est moi qui ai invité tout le monde et j’ai demandé à tous nos pairs d’accepter qu’il soit devant. Je ne peux pas être en compétition avec lui. Si je voulais être en compétition avec lui, j’aurais pris la tête dès le départ »

Et aujourd’hui, nous venons d’ouvrir un trou d’ascenseur. On n’a pas le droit à quelque chose. C’est ce qu’on veut prévenir.

On ne dit pas Paul ou Pierre. On n’a que des soupçons. Alors quand c’est comme ça, on prévient, on dit aux gens qu’il y a une voie légale par laquelle, une fois de plus, notre démarche ne consiste pas à jeter l’opprobre  sur une personne.

Notre débat ne saurait être un débat lié à la personne. Honorable Cheick Traoré est un des membres fondateurs de la synergie, il peut quitter la synergie. N’importe quel autre membre peut quitter la synergie, mais la synergie pour le général Mamadi Doumbouya continuera son chemin.

Pour faire une métaphore, la synergie général Mamadi Doumbouya, c’est comme quand vous quittez ici pour aller à Kagbelen, dans le train de banlieue, Il y a plusieurs gares. A chaque gare, il y a des anciens passagers qui descendent, il y a de nouveaux qui montent.

Comme certains montent là-dedans du début jusqu’à la fin. C’est un peu la métaphore. Ce n’est pas une question de personnes, ce n’est pas indispensable à la synergie et la synergie, personne n’y est indispensable. Ce qui est indispensable, c’est l’idéal, la vocation, de soutenir et de promouvoir l’image et la réputation du CNRD et du général Mamadi Doumbouya et surtout, faire la promotion de ce qu’il a réalisé comme acquis, pour lequel nous leur demandons de continuer.

Aujourd’hui dans le monde, c’est un binôme qui gagne. Si tu ne peux pas faire de l’argent, ne fais pas la politique.

Vous avez vu que tout dernièrement, pour que Trump vienne au pouvoir, il a fallu qu’Elon Musk le soutienne. Quand il a été élu président des États-Unis, dès qu’il a pris fonction, il a nommé à une fonction stratégique Elon Musk. Il a financé, même fait la promotion de ses véhicules qui avaient commencé à être boycottés.

Prenez le Nigeria, qui est la plus grande économie de l’Afrique de l’Ouest, Aliko Dangote. Il s’est investi pour que l’actuel président soit là. Maintenant en retour, sa raffinerie qui avait des problèmes d’approvisionnement en brut a été réglée par un décret.

Si vous ne savez pas faire de l’argent, vous devez changer de métier. La politique et l’économie, c’est une paire qui va ensemble. J’ai eu cette conviction quand j’ai été invité au nom des parlementaires francophones d’Afrique par le Congrès américain. C’était en 2008, c’est ma dernière mission en tant que député. On allait dans sept Etats américains.

J’ai été surpris de constater que dans les sept Etats américains, le séminaire commençait par la même phrase : Honorable député, si vous ne savez pas faire de l’argent, changez de métier et la politique. Quiconque veut faire de la politique, il va le faire sans argent.

C’est à cause de ça d’ailleurs que la septième législature à laquelle j’ai appartenu a voté une loi qui a fait désormais 0,5% de l’assiette fiscale au financement des partis politiques, pour éviter que les partis politiques cessent d’être des sociétés anonymes, qui ne dépendent que de leurs fondateurs ou de celui qui finance le parti. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, même dans nos partis, qu’ils soient au pouvoir ou de partis de l’opposition, il n’y a pas de démocratie interne.

Parce que celui qui donne l’argent, on ne peut pas le déplacer. C’est la vérité.

Mediaguinee : On dit que le terrain a horreur du vide. Makanéra semble l’avoir compris et a pris les devants dans les campagnes de soutien au chef de l’État. Ne regrettez-vous pas de l’avoir laissé occuper cet espace ?

Cheick Tidiane Traoré : C’est votre vision, modestement. Aujourd’hui, tout ce dont on se réclame comme implantation de la synergie, c’est avec ma modeste contribution. Quand on me dit que le terrain a  horreur du vide, le vide que nous avons comblé, c’est mon œuvre et l’équipe qui m’accompagne. Je mets n’importe qui au défi de le prouver.

Aujourd’hui, les statistiques sont claires. Nous avons aujourd’hui, au niveau de Conakry, 12 coordinations sur 13 qui sont installées. Les coordinations de Dubreka, Fria, Coyah, Forécariah, de Boké, de Gaoual, de Koundara, bientôt de Kindia, de Télimélé, et pour le reste du pays suit, et cela, j’ai revendiqué les 100% des acquis. Donc quand on me dit que c’est parce que le terrain est vide, s’il est comblé, il est comblé par mes actions et par celle de la commission qui a été démocratiquement mise en place au sein de la synergie qui s’occupait de ces tâches. Je pense que les objectifs sont atteints. Je ne me compare à personne. Makanéra a son destin. C’est moi qui ai choisi Alhoussein Makanéra.

« Montrez-moi un seul écrit dans lequel je cite le nom de quelqu’un. Je ne l’attaque (Makanéra, ndlr) pas, pas du tout. J’attaque des démarches, des actions qui peuvent aller en dehors du convenu, de ce qu’on a convenu ensemble »

Au sein de la synergie, il n’y a pas eu de vote, il n’y a pas eu de nomination. C’est moi qui ai invité tout le monde et j’ai demandé à tous nos pairs d’accepter qu’il soit devant. Je ne peux pas être en compétition avec lui.

Si je voulais être en compétition avec lui, j’aurais pris la tête dès le départ. Il faut que cela soit clair dans l’esprit de tout le monde. Je ne suis en compétition avec personne. Je crois aux idéaux et aux responsabilités, aux engagements initiaux que nous avons eus après.

Mediaguinee : Les gestes du président Doumbouya à l’égard de Makanéra, notamment en public, ne traduisent-ils pas un soutien en sa faveur ?

Cheick Tidiane Traoré : Non, en fait, c’est un soutien en faveur de la synergie. Makanera vit en Guinée depuis belle lurette. Mamadi Doumbouya est venu trouver que Makanera est sur la scène politique. Il ne l’a jamais adulé, il ne l’a jamais salué en public. Il l’a fait parce qu’il représente la Synergie Général Mamadi Doumbouya 2025. C’est à nous qu’il le doit. C’est à la synergie que chacun de nous doit l’aura qu’il a aujourd’hui auprès de Mamadi ou du CNRD, pas l’inverse. C’est parce qu’il incarne une responsabilité qu’on lui a confiée que, quand Mamadi Doumbouya le voit en public, ça aurait pu être Paul, Pierre, ça aurait pu être vous, madame. Donc, il ne faut pas qu’on mélange les genres. Moi, personnellement, je ne suis pas dans les débats de personnes. Je considère ça comme un débat de caniveau.

Mediaguinee : Vous avez attaqué le bureau de la SGMD25 présenté par Makanéra sur Facebook. Pourquoi cet endroit (ou cette démarche) vous gêne-t-il à ce point ?

Cheick Tidiane Traoré : Je ne l’attaque pas, une fois de plus. Je précise.

Je vous mets au défi de montrer un seul de mes écrits. Je communique par communiqué. Je suis au numéro 4. Montrez-moi un seul écrit dans lequel je cite le nom de quelqu’un. Je ne l’attaque pas, pas du tout.

J’attaque des démarches, des actions qui peuvent aller en dehors du convenu, de ce qu’on a convenu ensemble. Je pense que ce débat va tourner en rond, mais ce n’est pas dans mes habitudes. Ça n’a pas commencé aujourd’hui. Ça ne finira pas aujourd’hui. Je ne suis pas friand des débats de personnes.

Mediaguinee : En suivant de près l’actualité de la SGMD25, on a l’impression qu’il existe aujourd’hui deux camps opposés. Pensez-vous que vous êtes arrivés à un point de non-retour ?

Cheick Tidiane Traoré : Non, on est en train d’aller vers la fusion. La fusion-absorption veut dire que la Synergie va disparaître. On va aller vers la nouvelle dynamique. Ce sont les grands ensembles qui guériront les autres. L’ego, le repli sur soi ne sont plus d’actualité autour du Président Mamadi Doumbouya. En politique, c’est ça. En 2010, c’est le RPG qui a présenté le candidat Alpha Condé pour qu’il soit président de la République.

Il a fallu qu’on crée le RPG-Arc-en-ciel. Là, chacun a fait violence sur soi pour créer un grand ensemble gagnant.

Mediaguinee : On vous voit également très actif sur le terrain en faveur du chef de l’État. Certains disent que vous bousculez Makanéra. Que répondez-vous ?

Cheick Tidiane Traoré : Je ne peux pas bousculer quelqu’un que j’ai mis à la place. Il faut que ce soit très clair. Il n’a pas été élu, il n’a pas été nommé. Les sept membres fondateurs ont créé la synergie. Je suis venu leur dire : acceptons que Makanera soit élu. Et les autres ont accepté mon choix. En quoi je vais vouloir le bousculer ? C’est parce que les gens ne sont pas informés. Je ne peux pas être en compétition avec lui.

Mediaguinee : À la veille des joutes électorales en Guinée, comment comptez-vous dynamiser la SGMD25 ?

Cheick Tidiane Traoré : Je vous dis que c’est une fusion-absorption. Quand on voit une fusion dans une situation pareille, on renonce à son identité pour apporter sa part de placement dans la nouvelle entité. Tout ce que nous avons acquis aujourd’hui comme implantation, nous venons avec ce monde-là dans la nouvelle entité pour dire : voilà ce que nous posons aujourd’hui. Et proportionnellement, on va nous accueillir et la marche va continuer.

C’est une entreprise politique. Comme toute entreprise, tu peux commencer en entreprise individuelle, tu vas aller en société à responsabilité limitée, tu vas aller en société anonyme. Puisque la société anonyme est unipersonnelle. C’est à plusieurs étapes dans ma vie.

En démocratie, ce n’est pas une question d’être d’accord personnellement : la décision, c’est la dictature de la majorité. La synergie n’appartient à aucun de nous.

Quand on décide de faire quelque chose collectivement, quand la majorité a décidé pour quelque chose, on se soumet à ça. C’est ça aussi la démocratie. Je suis secrétaire exécutif, je ne suis pas propriétaire de la synergie, même si j’en suis initiateur.

Si aujourd’hui, dans une discussion, je suis mis en minorité, je me mets au respect derrière la majorité. Aujourd’hui, la majorité a décidé d’aller dans le cadre de cette fusion.

C’est les grands ensembles qui gagnent désormais… Vous vous rendez compte qu’aujourd’hui, quand l’Europe parle aux États-Unis et non pas les pays individuels, ce sont les grands ensembles qui décident aujourd’hui de la direction du monde. Nous ne pouvons pas être à la marge. En ce qui concerne la fusion qui va arriver, je vous donne rendez-vous dans 72 heures. Je ne vais pas donner pour l’instant la primeur de ces informations dans la mesure où une structure de communication, une stratégie de communication qui va dans le sens de cette fusion est en train d’être mise en place par les partenaires et, par ce biais, vous serez informés de tous les détails.

Mediaguinee : Allez-vous continuer les campagnes?

Cheick Tidiane Traoré : Absolument, c’est fait pour ça. Et en plus grand, et en plus fort.

Quand tout ce que nous avons fait en tant que synergie dans les localités que je viens de vous citer, quand on ajoute cela à ce qui a été fait par le partenaire AFP, la nouvelle entité est plus forte que la synergie, la nouvelle entité est plus forte que l’AFP. Vous convenez avec moi.

Mediaguinee : Vous savez qu’il y a moins de 24 heures, la direction des élections a interdit les campagnes. Comment allez-vous procéder ?

Cheick Tidiane Traoré : C’est parce que vous n’avez pas vu mon communiqué numéro 4 que je viens de vous remettre. Je vais profiter pour vous le lire.

Dans le strict respect du communiqué numéro 001-1-1-T du DGE 2025, émanant de la direction générale des élections, la synergie générale Mamadi Doumbouya 2025 pour le dialogue et la paix informe les autorités compétentes ainsi que l’opinion publique nationale que la tournée unilatérale annoncée par le coordinateur national, en collaboration avec la coordination nationale RASDEL, prévue en région forestière du 10 au 17 octobre 2025, n’engage en rien notre organisation.

« Tous ceux qui s’adonnent au repli identitaire sont des gens en manque d’inspiration, des personnes qui veulent se battre pour leurs propres intérêts. Et moi, je ne fais pas partie de ces personnes-l »à.

Aucune concertation préalable n’a été menée, cette initiative relève exclusivement de la responsabilité de ses promoteurs. Par conséquent, la Synergie Général Mamadi Doumbouya 2025 les tiendra pour responsables de toutes violations susceptibles d’être constatées dans le cadre de cette activité.

Non, ça ne s’arrête pas.

Ça ne s’arrête pas du tout. Je vous ai dit que, dès après la fusion, nous allons nous attaquer à compléter la marche au niveau de la Basse-Guinée. Compléter, cela veut dire qu’on va s’installer à Kindia, au niveau région, au niveau de la préfecture, au niveau de la commune, urbaine et rurale. Nous allons faire la même démarche à Télimélé. Vous trouverez que la Basse-Guinée, avec ses deux régions administratives, est comblée : la région de Boké et la région de Kindia. Ensuite, nous allons poursuivre sur la Moyenne Guinée, la Haute-Guinée et la Guinée forestière. On rentre dans un processus d’élections générales. Le processus que nous avons commencé, ce n’est pas un processus qui s’arrête au référendum.

Après le référendum, il y a la présidentielle, il y a les législatives, il y a les élections locales au niveau des communes, il y a les élections des maires centraux.

Donc c’est un processus qui va continuer, je pense que modestement jusqu’à la fin de 2026.

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