Enlèvement de Me Mohamed Traoré: le SPPG apporte son soutien au Barreau de Guinée

Le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) était au siège du Barreau de Guinée ce mardi 24 juin 2025, pour lui témoigner sa solidarité suite à l’enlèvement et la maltraitance de leur confrère Me Mohamed Traoré. Pour le Secrétaire général du syndicat, cet acte n’honore pas la République.

« Nous sommes venus ce matin apporter notre soutien au barreau de Guinée, lui exprimer notre solidarité, la solidarité de toute la presse guinéenne par rapport à ce qui est arrivé au bâtonnier Me Mohamed Traoré. Nous disons qu’un avocat ne mérite pas un tel traitement parce que l’avocat c’est une lumière qu’on ne doit pas essayer d’éteindre. Nous disons que le barreau ne mérite pas un tel traitement parce que le barreau c’est un pilier de la démocratie, de l’État de droit. Et même quand tout le monde parviendra à se taire, le barreau à travers ses avocats doit continuer à s’exprimer. Les audiences ne vont pas s’arrêter dans la marche d’une nation. Donc les avocats ne vont pas cesser de parler. Si on n’est pas d’accord avec un avocat, on doit utiliser la parole pour le faire savoir, parce que c’est un usager de la parole, de l’expression libre. Leur arme c’est la parole, ce n’est pas des coups et blessures. C’est avec la parole qu’on doit les combattre si on n’est pas d’accord avec eux. Et ceux qui ont agi ainsi, nous leur rappelons qu’ils n’ont pas rendu service ni à la population parce que la population a toujours besoin des avocats une fois qu’ils ont des problèmes. Ils n’ont pas rendu service à l’Etat parce que même l’Etat, bien que ce soit le plus fort dans un pays, a besoin des avocats. Quand il est impliqué dans un dossier, vous entendez parler de l’Agent judiciaire de l’Etat qui est représenté par un avocat. Donc, et si ce sont des bandits qui ont agi ainsi, ils n’ont pas rendu service au gang et à eux-mêmes parce que le jour où ils seront interpellés dans le cadre de ce dossier, ce sont des avocats qui vont les défendre encore. Les avocats qui vont être constitués ne diront pas que puisque vous vous êtes attaqué à un avocat on ne va pas vous défendre. Vous voyez la noblesse de leur métier, l’importance de leur rôle dans une nation? Autrement dit, tout le monde a besoin des avocats, a besoin du barreau », rappelle Sékou Jamal Pendessa.

En tout cas, c’est ce message qu’il a voulu transmettre au bâtonnier Mohamed Traoré ainsi qu’à ses proches au nom de la presse guinéenne. « Donc, nous réitérons ce soutien, notre esprit de solidarité au barreau de Guinée, à Me Mohamed Traoré et à sa famille. Ils ont besoin de tranquillité. C’est pourquoi nous ne sommes pas allés chez lui.

Il a été traumatisé. La famille, donc, il faut leur laisser le temps de se reposer et voilà, un temps d’accalmie, de tranquillité. Une fois encore, nous vous réitérons notre soutien maître à travers tout le barreau et à toute la nation, parce que c’est la nation qui a besoin des barreaux », a-t-il conclu.

Le bâtonnier par intérim se réjouit de cet élan de solidarité. Me Faya Gabriel Kamano dit n’être point surpris de la mobilisation et l’accompagnement de la presse depuis que leur confrère a été enlevé. L’avocat apprécie à sa juste valeur ce geste.

« Le Barreau est très content, très satisfait de recevoir la visite de monsieur le secrétaire général de la presse qui est venu avec sa délégation au nom de toute la presse guinéenne. Mais cependant, le Barreau n’est pas surpris de cette visite. Merci. Nous savons que nonobstant quelques moments de contradiction que nous pouvons avoir entre nous les uns et les autres, nous avons toujours eu les mêmes objectifs, c’est-à-dire la lutte pour la promotion de l’Eat de droit, le respect de la liberté individuelle, mais aussi la promotion de la démocratie. Nous savons que dans un Etat de droit, l’Etat de droit et la démocratie ne peuvent s’apprécier que par la liberté de ton que les avocats ont à dénoncer les choses, la liberté que la presse a à être indépendante, mais aussi à dénoncer ce qui ne va pas dans la bonne marche. Il ne peut y avoir un Etat de droit où la critique n’est pas permise. Le bâtonnier Traoré, en s’attaquant à lui, ces personnes se sont attaquées à tout le barreau de Guinée, mais aussi à l’ensemble des avocats du monde. Parce que depuis que cet événement est arrivé, le barreau de Guinée et le bâtonnier Mohamed Traoré lui-même ont reçu un élan de solidarité de tous les barreaux du monde qui nous ont écrit pour exprimer leur indignation. Donc c’est le lieu de remercier tous les confrères pour le combat qu’ils sont en train de mener, les confrères de Guinée et d’ailleurs, mais aussi c’est le lieu de remercier beaucoup de diplomates de la place, qui ont témoigné leur solidarité au barreau, mais aussi à la personne du bâtonnier Traoré. Les journalistes que vous êtes, vous avez été d’un apport inestimable, parce que c’est vous qui nous avez permis d’être audibles, hier au cours de notre assemblée générale, mais aussi au cours de notre visite avortée chez le Procureur Général. Je voudrais remercier les ministres de la Justice qui ont eu un mépris inqualifiable à l’égard du barreau et à l’égard des avocats, mais ça fait partie de la marche de la vie. Peut-être qu’aujourd’hui nous sommes incompris par eux, mais demain ils sauront déjà où ils sont en train de les savoir, pour savoir l’utilité des avocats dans le bon fonctionnement du service public, la justice, parce que vous avez dû faire le tour des tribunaux, tout est désert, on dirait des cimetières. Donc nous vous remercions une fois de plus. À travers vous, nous remercions toute la presse guinéenne. Merci beaucoup », a dit Me Kamano.

Saidou Lébêré

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