Deux jours fériés en Guinée : le ministre du Travail n’a pas la compétence de les déclarer, selon Kalil Camara

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Dans un communiqué publié ce dimanche 8 juin 2025, le ministre du Travail et de la Fonction publique, François Faya Bourouno, a déclaré exceptionnellement les journées du lundi 9 et du mardi 10 juin 2025 fériées, chômées et payées sur toute l’étendue du territoire national. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la commémoration de la fête de Tabaski, célébrée cette année le vendredi 6 juin.

Mais selon le juriste-consultant Kalil Camara, cet acte constitue une violation de la loi. Il estime que le ministre n’a ni la compétence ni la qualité requise pour prendre une telle décision.

« Faut-il le rappeler, cet acte viole la loi. Le ministre du Travail et de la Fonction publique n’a pas l’autorité légale pour décréter un jour férié, même de manière exceptionnelle, en République de Guinée. Son rôle se limite à rappeler les jours fériés déjà établis aux travailleurs », explique-t-il.

La loi est claire : seuls les décrets présidentiels font foi

Kalil Camara renvoie au Code du travail, notamment à l’article 222.6, qui précise que les jours fériés, chômés et payés sont fixés par décret présidentiel. Un décret de référence, le D/2022/0526/PRG/CNRD/SGG, établit 12 jours fériés dans l’année. Dans le cas présent, seuls le vendredi 6 juin (jour de la Tabaski) et le samedi 7 juin (lendemain de fête) ont été légalement reconnus comme fériés.

« Toute extension, même exceptionnelle, ne peut être décidée que par le Président de la République, seul habilité à décréter un jour férié », précise le juriste.

Une décision aux conséquences juridiques et économiques

Outre la violation du Code du travail et du décret susmentionné, cette décision ministérielle pourrait avoir des conséquences financières pour les entreprises. En effet, les jours fériés imposent aux employeurs de rémunérer les salariés sans contrepartie de travail, ce qui peut entraîner des pertes économiques, notamment pour les secteurs déjà fragiles.

« Les travailleurs mobilisés pendant ces jours doivent recevoir une rémunération spéciale, sans préjudice de leur salaire habituel. Ce qui représente un coût supplémentaire pour les entreprises », avertit Kalil Camara.

Un acte attaquable en justice

Selon le juriste, les entreprises qui s’estiment lésées par cette décision peuvent saisir la Cour suprême pour demander son annulation et éventuellement réclamer des dommages et intérêts.

« Toute entreprise affectée par l’acte du ministre du Travail peut introduire un recours pour excès de pouvoir devant la plus haute juridiction du pays », conclut Kalil Camara.

Cette controverse relance le débat sur les limites des compétences ministérielles et rappelle la nécessité d’un strict respect de l’État de droit, même dans des circonstances exceptionnelles comme les fêtes religieuses.

Saidou Lébêré

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