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Depuis plusieurs semaines, le ciment se fait rare dans la capitale guinéenne. Les magasins de matériaux de construction sont presque vides, une situation qui complique le quotidien des vendeurs, des acheteurs et des ouvriers du bâtiment.
À Cosa, quartier réputé pour la vente de ciment et de fer à béton, l’activité commerciale est fortement perturbée dans de nombreux points de vente, en raison d’un manque criant de livraison.
Des vendeurs comme Amadou Dieng, commerçant spécialisé dans la vente de ciment et de fer à béton, font face à d’énormes difficultés.
« Depuis plusieurs semaines, nos magasins sont vides, car nous ne recevons plus de ciment. Nous passons pourtant des commandes chez nos fournisseurs, mais ils ne livrent pas, sans nous fournir d’explication. Les clients viennent chaque jour ou nous appellent pour faire la commande, mais nous sommes à court de stock. Comme vous pouvez le constater, nos magasins sont totalement vides. Cette situation est très difficile, car nous vivons de cette activité. », s’est-il lamenté.
Une pénurie généralisée avec une flambée des prix
Elhadj Ibrahima Baldé, un autre vendeur de matériaux de construction, affirme être touché par cette crise depuis bientôt deux mois.
« Comme vous le voyez, nos magasins sont complètement vides. Depuis près de deux mois, les fournisseurs ne nous livrent plus rien. Lorsqu’on les appelle, ils disent être eux-mêmes en rupture de stock. Franchement, cette crise devient incompréhensible. », a-t-il déploré.
Il explique qu’avant la pénurie, un sac de ciment de 42 kg lui coûtait 70 000 GNF en gros, et était revendu entre 72 000 et 75 000 GNF. Aujourd’hui, le prix a grimpé à 95 000 voire 100 000 GNF chez les rares vendeurs qui sont approvisionnés.
Mamadou Baïlo Barry est également vendeur de ciment à Cosa. Il pointe du doigt les problèmes logistiques, qui aggravent la situation.
« Actuellement, nous faisons face à un sérieux problème de livraison. Mon magasin est presque vide, car nous avons du mal à trouver du ciment ou même des véhicules pour le transporter. Parfois, un camion peut rester stationné à l’usine pendant une semaine sans être chargé, alors qu’en temps normal, cela se fait en une journée. Nous souffrons énormément. Nous n’avons aucune autre source de revenus. Nos activités tournent au ralenti, et pourtant, c’est de cette activité que nous faisons vivre nos familles. », témoigne-t-il.
Les vendeurs ne sont pas les seuls à subir les conséquences de cette crise. Les maçons et autres ouvriers du bâtiment sont également touchés. C’est le cas de Souleymane Soumah, maçon de profession, rencontré ce matin au carrefour Cosa, où il venait de s’approvisionner.
« Sincèrement, cette crise nous affecte énormément. J’ai quitté Sonfonia, où il n’y avait pas de ciment. Je suis venu jusqu’à Cosa pour acheter un sac à 95 000 francs guinéens, alors qu’en temps normal, je le prends à 75 000 ou 80 000 GNF. », a-t-il souligné.
Le projet Simandou au cœur des préoccupations
Selon plusieurs témoignages, cette pénurie serait liée à une concentration de la production et du transport du ciment vers les grands projets de l’État, notamment le projet minier Simandou.
Les usines de production privilégieraient ces chantiers à forte rentabilité, au détriment du marché local.
« J’ai appris que cette crise est liée au projet Simandou. Apparemment, tous les camions sont réquisitionnés pour approvisionner les chantiers à l’intérieur du pays. Je demande aux autorités de nous aider à obtenir du ciment. Nous sommes des ouvriers, nous vivons au jour le jour. S’il n’y a pas de ciment, je ne peux pas travailler. J’ai des enfants, un loyer… Sans ciment, je suis bloqué. », plaide Souleymane Soumah.
« On nous parle des travaux liés à Simandou, qui auraient fait exploser la demande. Les usines réservent leur production aux grands chantiers gouvernementaux. Il y a aussi un manque de camions pour le transport, ce qui aggrave encore la pénurie. », ajoute Elhadj Ibrahima Baldé.
Un autre commerçant déplore également cette forte demande de la part du gouvernement dans le cadre du projet Simandou.
« On a appris que le gouvernement paie mieux que nous. Conséquences : les petits commerçants sont tout simplement délaissés. », a-t-il déclaré.
Le président de la Transition interpellé
Face à cette crise persistante, vendeurs, acheteurs et maçons exhortent le Président de la Transition à agir rapidement.
Ils espèrent donc que des mesures urgentes seront prises pour rétablir l’approvisionnement en ciment.
« Nous demandons au président d’intervenir rapidement. Même la vente du fer à béton dépend du ciment. Sans ciment, la demande va forcément chuter. », a plaidé Amadou Dieng.
Hadja Kadé Barry