Comment sortir de la pauvreté : « Le miracle chinois doit inspirer l’Afrique»

il y a 3 heures 16
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Dans le cadre du Tour des médias africains en Chine, l’Université Nankai a organisé une table ronde réunissant étudiants africains, experts et universitaires chinois. L’objectif était d’échanger sur les réussites de la Chine en matière de réduction de la pauvreté, de revitalisation rurale et sur les perspectives de coopération sino-africaine. Ces discussions ont permis de montrer les défis, mais aussi les opportunités concrètes d’un rapprochement renforcé entre la Chine et l’Afrique.

Antoine Roger :«Le miracle chinois doit inspirer l’Afrique»

D’emblée, Antoine Roger, diplômé de l’Université de Pékin et professeur à l’Université Joseph Kasa-Vubu, a rappelé l’ampleur des progrès réalisés par la Chine, qui a sorti près de 100 millions de personnes de la pauvreté, essentiellement en zones rurales.

Selon lui, cette réussite repose sur un leadership fort, une mobilisation nationale et une collaboration étroite avec le secteur privé.

«C’est ce que nous appelons le miracle chinois. La Chine place l’être humain au centre de son développement », a-t-il souligné, avant d’ajouter qu’au fil de cette tournée, il  pu constater de visu ces avancées : d’abord à la China Railway Engineering Corporation (CREC), où les dernières innovations technologiques témoignent du retard désormais accumulé par l’Occident ; ensuite dans des villages autrefois pauvres, transformés grâce à des projets conjoints entre l’État chinois et des entreprises privées.

Ainsi, pour Antoine Roger, la question n’est plus de savoir si le modèle chinois est efficace, mais comment l’Afrique peut en tirer profit : «Le développement de l’Afrique est étroitement lié à celui de la Chine. Contrairement à l’Occident, la Chine propose une coopération gagnant-gagnant.»

Par ailleurs, il estime que l’Afrique doit s’inspirer non seulement des technologies et infrastructures chinoises, mais surtout de sa discipline collective, de sa gestion du temps et de son leadership.

Toutefois, il reconnaît que le premier obstacle à surmonter en Afrique demeure la mentalité : «Nous devons changer nos habitudes. On ne peut pas être habitué à la pauvreté et y rester.»

Il conclut son intervention par une citation de Confucius pour rappeler l’importance d’un leadership responsable, affirmant que la pauvreté du peuple ou l’enrichissement excessif des dirigeants sont, dans les deux cas, le signe d’une gouvernance défaillante.

Ensuite, Dr Maguatcher Jérémie, doctorant camerounais en management de l’éducation économique, a livré un témoignage fondé sur plusieurs voyages d’étude effectués dans les villages chinois, notamment à Zhuzhou, Ningbo et près de Tianjin.

De son point de vue, les villages chinois illustrent parfaitement la transformation en cours : routes modernisées et décorées; infrastructures écologiques intégrées; connectivité généralisée; gestion exemplaire des déchets.

En outre, dit-il, l’essor de l’e-commerce a permis aux agriculteurs d’écouler directement leurs produits via Taobao ou Pinduoduo, ce qui contribue à l’augmentation de leurs revenus.

Selon lui, la revitalisation rurale chinoise repose sur un modèle multidimensionnel articulé autour de trois piliers : d’abord, une lutte ciblée contre la pauvreté, fondée sur l’identification précise des besoins de chaque foyer. Ensuite, une transition systémique vers la revitalisation rurale, grâce aux partenariats entre universités et communautés locales. Et enfin, une éducation professionnelle arrimée à l’industrie, afin de créer un capital humain compétitif, même en zone rurale.

Par conséquent, pour Dr Jérémie, la coopération sino-africaine doit évoluer : «L’Afrique doit investir massivement dans l’éducation, l’innovation, l’agriculture numérique et passer de l’importation à la co-création.»

De plus, il estime que l’Afrique gagnerait à adopter les modèles de gouvernance et de gestion par les données utilisées en Chine, tout en les adaptant aux réalités locales.

Pour lui, la coopération sino-africaine ne peut plus se limiter aux infrastructures : elle doit désormais englober la formation, la gouvernance, la technologie, la création industrielle et la valorisation des ressources locales.

C’est pourquoi les conférenciers ont insisté sur la nécessité pour l’Afrique de renforcer ses institutions, moderniser son agriculture, transformer ses ressources en valeur ajoutée, former ses cadres aux nouvelles technologies, et assurer une gouvernance efficace et transparente.

Comme l’a résumé le Dr Antoine Roger,  «la Chine a été pauvre et colonisée (une partie de Chine, ndlr) comme nous. Pourtant, elle a avancé. Nous pouvons faire la même chose, si nous changeons nos mentalités et bâtissons un leadership solide.»

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