Appui aux aviculteurs victimes de la grippe aviaire : l’inquiétude monte face au retard de livraison des 500 000 poussins promis par le gouvernement

“ La nourriture qu’on nous a donné va arriver à expiration dans quelques mois. Et si on ne nous livre pas les poussins à temps, ça sera une énorme perte qui va anéantir tous les efforts du gouvernement. Nous sommes 95 victimes concernées. Et parmi ces 95, c’est seulement 34 qui ont reçu les poussins. Et dans ce groupe de 34, beaucoup n’ont pas encore reçu l’intégralité de leurs commandes”, a confié Elhadj Sanoussy Diallo, le président du collectif des victimes de la grippe aviaire en 2022 en Guinée.

En 2022, plusieurs fermes avicoles ont été décimées par la grippe aviaire dans les préfectures de Coyah et Forécariah, dans la région de la Guinée Maritime. Les victimes, au nombre de 95, s’étaient regroupées au sein d’un collectif pour solliciter l’aide du gouvernement guinéen et de ses partenaires. Cet appel a finalement été entendu, et des actions d’accompagnement de ces éleveurs ont été entreprises. C’est ainsi qu’en mars 2025, plus de 6 000 tonnes d’intrants alimentaires (maïs, concentrés…) ont été livrées à ces aviculteurs par le gouvernement et ses partenaires au développement, dont la Banque mondiale.

Ce geste d’une extrême importance a été bien accueilli par les bénéficiaires qui, depuis trois ans, attendaient un appui concret de la part des autorités guinéennes. Mais, selon une source proche de ce dossier interrogée par Guineematin.com, un véritable handicap entrave actuellement les efforts du gouvernement sur le terrain. Il s’agit du retard dans la livraison des poussins. En tout, 500 000 poussins sont attendus par les aviculteurs. Et jusqu’à date, assure notre source, même la moitié n’a pas été livrée par le fournisseur qui a acquis le marché des mains du gouvernement.

“Quand il y a eu la grippe, le gouvernement s’est engagé à accompagner les victimes. La Banque mondiale s’était aussi engagée à aider les victimes pour la nourriture (maïs, concentré…) et les poussins. Il y a également le FODA qui avait promis de donner du crédit à taux zéro aux victimes pour leurs activités. Maintenant, la nourriture et le crédit sont déjà disponibles. Mais, les poussins tardent à être livrés. Depuis le mois de mars dernier jusqu’aujourd’hui, c’est 32 victimes (sur les 95) qui ont reçu leurs poussins. Et pourtant, la nourriture va périmer dans quelques mois. C’est de la nourriture pour huit mois qui a été donnée. Et quatre mois se sont presqu’écoulés sans que les éleveurs n’entrent en possession des poussins. C’est une grande inquiétude pour nous. Nous demandons au gouvernement de prêter attention à cette situation, en interpellant le fournisseur sur ses obligations, afin que les efforts déjà fournis ne soient pas vains”, a expliqué notre source sous anonymat.

Selon nos informations, ce sont deux catégories de poussins qui doivent être livrées aux aviculteurs concernés. Il s’agit de poussins importés et de poussins locaux. Mais, la livraison traîne de tous les côtés, sans qu’aucune explication claire ne soit donnée aux bénéficiaires. D’où l’inquiétude de ces derniers, d’autant plus que les intrants alimentaires mis à leur disposition doivent expirer dans six mois.

Joint au téléphone par Guineematin.com cet après-midi, mardi 10 juin 2025, Elhadj Sanoussy Diallo, avicolteur à Kakoulimaya (Coyah) et président du collectif des victimes de la grippe aviaire en 2022 en Guinée, a confirmé ces informations. Il a aussi exprimé son inquiétude face au retard accusé dans la livraison des poussins.

Elhadj Sanoussy Diallo, avicolteur à Kakoulimaya (Coyah) et président du collectif des victimes de la grippe aviaire en 2022 en Guinée

“Quand nous avons eu le problème (la grippe aviaire), le gouvernement avait promis de nous accompagner pour faire face à nos pertes. Et par la grâce de Dieu, les autorités ont tenu leurs promesses. Elles nous ont donné de l’argent à crédit avec un taux d’intérêt à zéro pour cent (0%). Elles nous ont aussi donné de la nourriture pour les poussins en quantité suffisante, chacun en fonction de sa commande. Nous sommes très contents pour tout ça et nous remercions le gouvernement. Maintenant, là où nous avons des difficultés actuellement, c’est au niveau de l’acquisition des poussins. En trois mois, le fournisseur n’a pas encore livré même 50% des commandes. ça, c’est une grande inquiétude pour nous. Parce que la nourriture qu’on nous donné va arriver à expiration dans quelques mois. Et si on ne nous livre pas les poussins à temps, ça sera une énorme perte qui va anéantir tous les efforts du gouvernement. Nous sommes 95 victimes concernées. Et parmi ces 95, c’est seulement 34 qui ont reçu les poussins. Et dans ce groupe de 34, beaucoup n’ont pas encore reçu l’intégralité de leurs commandes”, a-t-il confié.

Pour mieux illustrer ses propos, Elhadj Sanoussy Diallo cite son propre cas en exemple. Il assure que lui, personnellement, il n’a reçu que 10 000 poussins sur une commande de 30 000. Tandis que les aliments qu’il a déjà acquis sont destinés à la consommation de 30 000 poussins sur une période de huit.

“Moi personnellement, j’ai commandé 30 000 poussins. Mais jusque-là, c’est 10 000 poussins que j’ai reçus. Nous avons rencontré le fournisseur, nous avons échangé avec lui sur cette préoccupation, mais la situation n’a vraiment pas changé. Et nous, nous sommes vraiment inquiets. Parce que le gouvernement nous a déjà donné le crédit, et si on n’entre pas en possession des poussins pour mener les activités pour lesquelles on a reçu cet argent, c’est cet argent qu’on nous a donné qu’on va manger. Et ça sera un autre problème pour nous, parce que cet argent est un crédit à rembourser. Donc, nous sollicitons l’intervention du gouvernement pour la livraison à temps des poussins. Sinon tout ce qu’il nous a donné va se perdre”, a-t-il indiqué.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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