Réorientation stratégique au ministère de l’Administration du territoire : moins de social, plus de contrôle!

il y a 5 heures 43
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Le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) en Guinée connaît une profonde réforme de ses missions et attributions. Selon le décret publié, ce samedi 14 juin 2025, la nouvelle structuration du ministère marque une volonté assumée de modernisation administrative, de recentrage des compétences et d’institutionnalisation des réformes. Toutefois, certains domaines jusque-là prioritaires semblent aujourd’hui relégués, voire évacués.

Premier constat marquant : le nouveau décret confère au MATD un rôle renforcé dans la gestion de l’état civil et l’identification des citoyens. Désormais, le ministère est chargé de la création et de la gestion du Numéro Personnel d’Identification (NPI), ainsi que de la production sécurisée des actes d’état civil et des titres d’identification. Cette transformation s’inscrit dans une logique de digitalisation de l’administration publique et de sécurisation des données vitales.

Autre signe fort de cette modernisation : la structuration interne du ministère a été repensée. Des organismes autonomes tels que l’Office national de l’état civil, l’Agence nationale d’assainissement ou encore l’Agence nationale de gestion des urgences et catastrophes humanitaires voient officiellement le jour. Des directions dédiées aux ONG, aux libertés publiques, aux élections ou encore à la citoyenneté viennent compléter l’appareil administratif.

Des avancées en matière de gouvernance territoriale

Le MATD conserve son rôle central dans la décentralisation, la coordination des actions de l’État dans les circonscriptions territoriales, et la promotion du développement local. La coopération décentralisée, le transfert de compétences sectorielles, et le suivi des services sociaux de base dans les collectivités sont réaffirmés.

Une nouveauté stratégique fait également son entrée : le ministère est désormais compétent pour autoriser et encadrer les activités de sécurité privée, un secteur en plein essor, souvent décrié pour son manque de régulation.

Des reculs sur les missions sociales et sécuritaires

Mais cette réorganisation ne va pas sans omissions. Plusieurs attributions sociales majeures présentes dans les anciens textes ont disparu ou sont aujourd’hui reléguées au second plan.

Ainsi, la lutte contre l’exclusion sociale, la création d’activités génératrices de revenus pour les plus vulnérables, ou encore la redistribution équitable de la richesse nationale ont été purement et simplement évacuées des nouvelles missions.

Ces enjeux, pourtant essentiels pour des collectivités rurales en quête de développement, ne trouvent plus de traduction explicite dans les nouvelles orientations.

Par ailleurs, la réglementation des armes légères à usage civil – autrefois assumée par le MATD – n’apparaît plus dans les nouvelles attributions. Dans un contexte sous-régional marqué par des tensions et trafics transfrontaliers, cette absence interpelle.

Des libertés publiques aux contours rétrécis ?

Le champ de la promotion des libertés publiques est également reformulé. Là où l’ancien décret insistait sur leur exercice et leur protection, la nouvelle version se limite à leur “exercice” – une nuance lourde de sens à l’heure où les libertés d’association et d’expression sont régulièrement débattues.

De même, le dialogue, la cohésion sociale ou encore le mécanisme unique pour les centres de développement local – jadis soulignés comme piliers du ministère – ne sont plus explicitement mis en avant.

Une réforme stratégique…

Avec cette réforme, le MATD opère une recentralisation technocratique de ses priorités, recentrant son action sur des missions institutionnelles, numériques et administratives. La volonté de rationaliser les structures, moderniser l’état civil et mieux encadrer les collectivités est manifeste.

Mais cette dynamique soulève des interrogations légitimes sur la place laissée à l’action sociale de proximité, à la sécurité communautaire, ou encore à la protection des libertés fondamentales.

Alors que le ministère reste un pilier de l’action publique territoriale, il lui appartiendra de réconcilier efficacité administrative et justice sociale, pour que la réforme serve l’ensemble des citoyens– y compris les plus oubliés.

Nouvelles missions clés

Numéro personnel d’identification (NPI)

Modernisation et sécurisation de l’état civil

Encadrement des activités de sécurité privée

Formalisation d’agences spécialisées

Missions disparues ou atténuées
Réglementation des armes légères

Appui économique aux populations vulnérables

Création d’emplois locaux via micro-projets

Encadrement des serrureries

Protection explicite des libertés publiques

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