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Dans cet entretien accordé à Guinée360, Oumar Kana Diallo, porte-parole du collectif Restitution Afrique et président de l’Association guinéenne pour la Transparence (AGT), revient sur la plainte déposée en mars 2025 contre le groupe Bolloré, son fondateur Vincent Bolloré et son fils Cyrille Bolloré, devant le Parquet national financier (PNF) à Paris.
Bien que la procédure soit toujours en cours, il se dit confiant quant à son aboutissement, tout en appelant les victimes à témoigner, même anonymement, via une plateforme dédiée.
Guinée360 : Cinq mois après le dépôt de votre plainte contre le groupe Bolloré auprès du Parquet national financier à Paris, où en est la procédure ?
Oumar Kana Diallo : La plainte est toujours entre les mains du Parquet national financier, et l’enquête suit son cours. De notre côté, nous avons accompli notre devoir : mener des investigations, collecter des preuves, échanger avec les acteurs de terrain et transmettre l’ensemble des éléments à la justice. Ce type de dossier, impliquant des groupes puissants, prend du temps. Mais nous restons mobilisés, car ce que nous dénonçons est réel, vécu et solidement documenté.
Pourquoi continuer ce combat alors que la procédure judiciaire n’a pas encore abouti ?
Parce que nous n’avons pas le choix. Ce combat dépasse notre collectif : il incarne la volonté d’une génération de mettre un terme à la corruption systémique qui pille nos ressources, étouffe nos économies et affaiblit nos institutions. Nous faisons face à un système structuré, opaque, souvent soutenu par des complicités locales. Abandonner serait trahir toutes les personnes directement affectées par ces abus : dockers sous-payés, familles expulsées, États privés de recettes. Il n’est plus question de détourner le regard.
Vous avez récemment lancé un appel à témoignages, y compris anonymes. Comment ce dispositif fonctionne-t-il ?
Nous avons mis en place une plateforme sécurisée pour recueillir les témoignages, de manière anonyme si nécessaire. L’adresse mail [email protected] est déjà opérationnelle. En parallèle, nous renforçons notre présence dans les pays concernés, grâce à nos partenaires locaux. Des médiateurs, avocats et membres d’ONG accompagnent les victimes pour documenter leurs récits de manière rigoureuse. Chaque témoignage constitue une pièce du puzzle, permettant de mieux comprendre la réalité au-delà des données économiques.
Quel est l’objectif de cette campagne de témoignages ?
Il est double. D’abord, briser le silence : de nombreuses victimes pensent être isolées ou que leur histoire ne compte pas. Or chaque voix est précieuse. Ensuite, ces récits alimentent le travail juridique : ils permettent d’établir un schéma systémique d’abus. Mais il y a aussi un enjeu de mémoire collective. Il est crucial de garder la trace de ce que nos peuples ont subi pour que cela ne se reproduise plus.
Le collectif travaille-t-il sur d’autres dossiers similaires, au-delà du cas Bolloré ?
Absolument. L’affaire Bolloré est emblématique, mais elle ne constitue pas un cas isolé. Elle révèle un mode opératoire : une logique d’accaparement et de domination qui se reproduit ailleurs. Notre combat ne s’arrête pas à un nom, aussi influent soit-il. Nous travaillons aux côtés des communautés et organisations citoyennes pour faire émerger la vérité, même lorsqu’elle dérange. Et à mesure que les témoignages affluent, d’autres affaires remontent à la surface. Nous serons toujours présents pour les écouter, les documenter, et les porter devant la justice et l’opinion publique, chaque fois que nécessaire.
L’article Plainte contre Bolloré à Paris : « Ce que nous dénonçons est vécu et documenté », affirme Oumar Kana Diallo est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.