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La récente création d’une Direction générale des élections (DGE), placée sous la tutelle du ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD), continue de susciter une vive controverse en Guinée. Plusieurs voix, dont celle de Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier et ex-membre du Conseil national de la transition (CNT), dénoncent une dérive autoritaire et un processus électoral déjà biaisé.
Pour Me Traoré, cette décision ne répond pas aux attentes d’une partie de l’opinion publique, qui y voit “un subterfuge pour organiser une mascarade électorale”. La nouvelle structure, officiellement chargée de mettre en œuvre la politique gouvernementale en matière d’organisation et de gestion des élections, devrait également veiller à l’élaboration des textes législatifs, à leur application, à la réforme du système électoral et à l’organisation des scrutins.
Mais cette configuration inquiète. De nombreux acteurs sociaux et politiques redoutent l’absence d’indépendance de la DGE. Me Traoré illustre ce point en soulignant que l’administration publique guinéenne est, selon lui, “totalement politisée et partisane”, et qu’elle affiche ouvertement son soutien à la candidature du général Mamadi Doumbouya.
“Si, en plus de cela, c’est une direction placée sous l’autorité du ministre en charge de l’Administration du Territoire, qui aura pour mission d’organiser ces élections, on peut dire que la boucle est en passe d’être totalement et définitivement bouclée. Ce serait simplement la consécration de la règle ‘juge et partie’”, déclare-t-il.
L’avocat rappelle que l’avant-projet de la nouvelle constitution prévoyait la création d’un organe technique indépendant chargé des élections. Une disposition aujourd’hui introuvable dans la version du projet de constitution soumise au référendum. “Le parlement de transition pensait pouvoir apporter ainsi une réponse à cette question cruciale de l’organisation des élections en Guinée”, souligne-t-il.
Et de comparer : “La Guinée n’est pas le Sénégal où les élections sont organisées par le ministre en charge de l’Intérieur sans qu’il n’y ait le moindre doute au sujet de leur sincérité”.
Sur un ton à la fois ironique et désabusé, Me Traoré va plus loin : “À cette allure, il vaudrait mieux faire comme le Mali et le Niger en se passant d’élections qui vont coûter de l’argent pour des résultats connus à l’avance. Il suffirait, pour cela, de réunir des ‘forces vives de la Nation’ qui vont, au terme de ‘leurs assises’, recommander un mandat de 5 à 7 ans renouvelable pour le Président de la Transition. On aurait ainsi fait l’économie d’élections qui, dans tous les cas, aboutiraient immanquablement à un scénario qui se met en place depuis un certain temps déjà”.
Face à ce qu’il estime être un verrouillage du processus électoral, il s’interroge : “On peut bien se demander quel est le parti politique qui prendrait part à une élection si ce n’est pas dans le but de valider et surtout de légitimer un processus qui a toujours manqué d’inclusion”.
Et de conclure, avec un pessimisme assumé : “Dans tous les cas, ces rappels et observations ne servent plus à grand-chose apparemment. Le train est lancé et rien ne semble pouvoir l’arrêter”.
L’article Me Traoré ironise : “Faisons comme le Mali et le Niger, évitons les élections inutiles” est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.