Manque de préservatifs à Kankan : « Nous sommes en rupture depuis six mois », révèle l’AGBEF

L’antenne régionale de l’Association Guinéenne pour le Bien-Être Familial (AGBEF) de Kankan, reconnue pour ses services en matière de santé sexuelle et reproductive, traverse une période difficile. Depuis plus de six mois, cette structure sanitaire privée fait face à une rupture totale de préservatifs, un manque qui affecte directement ses activités et expose la population à des risques accrus d’infections sexuellement transmissibles (IST) et de grossesses non désirées, a appris Guineematin.com à travers l’un de ses correspondants basés en Haute Guinée.

C’est le directeur régional des programmes de l’AGBEF Kankan, Gnouma Iffono, qui a levé le voile sur cette situation préoccupante.

Gnouma Iffono, directeur régional des programmes de l’AGBEF Kankan

« Nous sommes en rupture depuis six mois. Mais je ne peux pas vous dire exactement la cause de cette pénurie. C’est le niveau national qui nous approvisionne en préservatifs. Depuis un certain temps, ce n’est plus le cas. Selon les informations que nous recevons, ce sont les partenaires comme l’IPPF et le Fonds mondial qui ne financent plus », a-t-il expliqué.

Cette situation fait écho à celle du CECOJE de Labé, qui avait récemment signalé une rupture similaire de préservatifs masculins.

L’AGBEF Kankan est l’un des centres les plus fréquentés par les jeunes filles et les couples pour des services de contraception à coût réduit. Selon plusieurs sources, les prestations y sont plus accessibles que dans d’autres structures sanitaires de la ville, un constat que le directeur régional reconnaît partiellement.

« Je ne peux pas vous dire les tarifs des autres centres, mais ici, les services sont proposés à moindre coût. Les clients qui viennent pour des prestations reçoivent des préservatifs à un prix très abordable », confie-t-il.

Mais depuis la rupture, certaines activités phares de l’organisation tournent au ralenti. « Nous avons un Mouvement d’Action des Jeunes (MAJ) qui mène régulièrement des sensibilisations sur la santé sexuelle et reproductive. Or, une bonne partie de nos préservatifs était distribuée gratuitement lors de ces campagnes. Faute de stock, certaines activités ont été suspendues ou limitées », regrette M. Iffono, avant d’ajouter : « Cette situation favorise la hausse des grossesses non désirées et des IST chez les jeunes. Elle peut aussi faire perdre la confiance des usagers vis-à-vis de nos services. »

Face à la gravité de cette rupture prolongée, le responsable régional de l’AGBEF lance un appel urgent. « Je lance un appel pressant à l’État et à nos partenaires techniques et financiers afin qu’ils nous viennent en aide. Nous en avons vraiment besoin », insiste-t-il.

Malgré cette pénurie au niveau de l’AGBEF, des préservatifs restent disponibles dans plusieurs centres de santé publics et dans les pharmacies agréées de la commune urbaine de Kankan.

Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

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