Kankan- Pénurie de préservatifs ? “Généraliser la situation à toute la région relève de la désinformation” (Responsable suivi-évaluation à l’ONG AJP)

L’information a récemment fait grand bruit dans les médias et sur les réseaux sociaux. Selon certaines sources, Kankan connaîtrait une rupture de préservatifs depuis plus de six mois. Une situation jugée préoccupante dans une région où les infections sexuellement transmissibles (IST) et les grossesses non désirées restent un enjeu majeur de santé publique.

Face à cette rumeur, l’AJP, engagée dans la lutte contre le VIH/SIDA et les IST en Haute-Guinée, apporte des précisions.

Interrogé ce mardi, Sidiki Junior Camara, responsable du suivi-évaluation du projet de lutte contre la tuberculose et le VIH/SIDA en Haute-Guinée, et également gestionnaire des stocks d’intrants (préservatifs, lubrifiants, femidons), reconnaît l’existence de difficultés d’approvisionnement de part et d’autre, mais rejette catégoriquement le terme de “pénurie”.

« Dire qu’il y a une pénurie de préservatifs en Haute-Guinée, c’est aller trop loin. Certaines structures peuvent effectivement connaître un manque ponctuel, mais généraliser la situation à toute la région relève de la désinformation », affirme-t-il.

Selon lui, plusieurs organisations nationales et internationales approvisionnent la région en préservatifs.

« Nous recevons des stocks à travers nos activités, notamment grâce au projet de lutte contre le VIH SIDA mais des structures, comme l’UNFPA, envoient également des préservatifs. À travers nos activités, nous appuyons souvent l’hôpital régional ainsi que la CNLS de Kankan en préservatif. »

Sidiki Junior Camara précise que des activités de sensibilisation et de distribution sont actuellement en cours à Kankan : « Nos agents mènent des activités sur le terrain. Après chaque sensibilisation, ils distribuent des préservatifs masculins et féminins. Il existe aussi des boxes automatiques de distribution dans plusieurs sites de la ville que nous ravitaillons régulièrement. Cela prouve bien que nous ne sommes pas en rupture. »

Toutefois, le responsable admet des défis liés à l’approvisionnement, notamment dans les délais de commande et de livraison : « Il existe un circuit d’approvisionnement trimestriel à notre niveau. Une fois la commande passée, nous devons attendre le délai nécessaire pour la réception et la planification de la distribution vers les préfectures. »

Il conclut en rassurant que le projet dispose actuellement de stocks suffisants de préservatifs pour la mise en œuvre des activités de ce trimestre : « Nous avons été ravitaillés il y a moins de deux semaines au compte du projet de lutte contre le VIH SIDA. Nos équipes sont en pleine activité. »

Ainsi, loin d’une véritable rupture, la situation s’explique davantage par des contraintes logistiques par endroits que par une absence totale de préservatifs dans la région. 

Karifa Doumbouya, correspondant à Kankan

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