Ibrahima Sory 2 TOUNKARA, alias Palmer : le juge que l’Histoire a choisi (Portrait)

http://Actuguinee.org / Il ne fait pas de bruit, mais il pèse lourd. Sa parole est rare, mais elle tranche. Son allure est simple, mais son autorité est naturelle.

Ibrahima Sory 2 TOUNKARA, 48 ans, magistrat d’élite, vient d’être élu Président du Conseil d’administration de l’Association des magistrats de Guinée, ce 12 juin 2025. Un choix unanime. Presque évident.

Ce n’est pas seulement un magistrat qu’on élève. C’est un repère. Un homme resté droit là où tant ont fléchi.

L’enfant de Sandervalia

Né à Sandervalia, l’un des quartiers les plus anciens, les plus enracinés dans l’âme historique de Conakry, Ibrahima Sory y effectue ses premiers pas scolaires, jusqu’à décrocher brillamment son ticket pour l’université sur les bancs du Lycée du 2 octobre de Kaloum en 1998, au rythme des valeurs traditionnelles et du sens communautaire. Tardivement, sa famille s’installe à Mafanco, un autre quartier emblématique de la capitale, réputé pour ses hommes de devoir et ses personnalités sobres mais déterminantes dans l’appareil républicain.

C’est là, entre les ruelles de sable et les bancs des écoles publiques, que se tissent en lui la droiture, l’endurance, et le refus de la facilité. Il n’a jamais rompu avec cet héritage. Il est resté parmi les siens.

Palmer : un surnom, un symbole

Sur les bancs de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, au cœur de la 40ème promotion de la Faculté de Droit, ses camarades lui donnent un surnom : “Palmer”, en référence non pas au célèbre Président fictif d’une série américaine, mais à Carlton Palmer, un ancien footballeur anglais, rugueux, infatigable, loyal sur tous les terrains.

Ce surnom colle parfaitement : Palmer, c’est celui qui ne recule pas, celui qui défend l’institution comme on défend ses cages. Avec rigueur. Avec honneur. Avec constance.

Dixinn, 2022 – 2024 : un juge face à l’Histoire

Ce n’est donc pas un hasard si, en 2022, c’est à lui que le Général Mamadi Doumbouya confie la présidence du procès historique des massacres du 28 septembre 2009. Pendant deux années d’audience, du 28 septembre 2022 au 31 juillet 2024, il préside un procès sans précédent dans l’histoire de la Guinée moderne : celui où un ancien Président de la République comparait devant la justice de son propre pays.

Un moment de bascule. Un test pour la République. Un défi pour l’institution judiciaire.

Et Ibrahima Sory TOUNKARA ne vacille pas. Il assume. Il structure. Il incarne.

Avec calme, autorité et méthode, il permet à la justice guinéenne de rejoindre le cercle restreint de celles qui ont osé faire face à leur passé :
– Nuremberg, pour les crimes du nazisme ;
• Tokyo, après l’empire militaire japonais ;
• Rivonia, où Mandela refusa de renier ses convictions ;
• La Haye, pour les horreurs des Balkans ;
• Dakar, pour l’affaire Hissène Habré.
• Ouagadougou, pour l’affaire Thomas Sankara

Et désormais, Dixinn. Sous la présidence TOUNKARA.

Le visage d’une génération montante

Mais pour comprendre la force tranquille de cet homme, il faut remonter à ses racines universitaires : la 40ème promotion de la Faculté de Droit, des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry.

Une génération à part. Une pépinière d’élites qui, loin des slogans, œuvre à remettre l’État debout, tant dans le secteur public que dans le privé. Une trentaine de hauts cadres et cadres, tous unis par cette même culture du service, cet attachement aux valeurs républicaines.

J’ai eu l’insigne honneur d’etre le President de cette promotion a notre sortie de Gamal.

Le Juge TOUNKARA et Ministre Moussa Cissé, ont partagé le même dortoir au campus de Foulayah, puis la même cabine d’étudiants à Paris. Ils ont caresse
leur reve ensemble.

Depuis la faculté, le Président TOUNKARA appelait affectueusement Moussa Cissé Mon ministre d’État, et celui-ci, en retour, ne l’a jamais désigné autrement que le juge Palmer, en référence cette fois à Joseph Palmer, personnage du film The Judge de David Dobkin : un juge provincial, austère et intransigeant, respecté depuis quarante ans pour son intégrité absolue.

Un signal fort pour la magistrature :

Son élection à la tête de l’Association des magistrats de Guinée n’est pas simplement honorifique.
Elle envoie un message net : les magistrats guinéens aussi veulent une gouvernance éthique de leur propre maison. Ils veulent une voix crédible, respectée, indépendante, capable de porter les exigences de leur fonction a la bienveillante attention des autorités.

Et dans cette ambition collective, l’Amicale de la 40ème promotion rend un hommage appuyé à la vision du Président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, qui a su confier à des hommes de mérite les clés des institutions.

C’est aussi une réponse politique à ceux qui croient encore qu’on devient puissant par le compromis. Non. Dans cette Guinée qui se reconstruit, le mérite, la compétence et l’intégrité reprennent leur place.

Ce juge que la République attendait :

Ibrahima Sory 2 TOUNKARA n’est pas un homme d’exposition. Il est un homme d’État.
Pas au sens politique, mais au sens judiciaire. Celui qui veille, tranche, protège et redresse sans fracas.

Il ne tweete pas. Il ne fait pas de conférence de presse.
Mais il sait, dans la solitude de la robe, ce que signifie rendre justice au nom du peuple de Guinée.

Et il le fait. Sans plier. Sans céder. Avec cette foi solide dans le droit comme ultime recours des faibles.

Le Juge TOUNKARA, est le visage calme d’un pays qui se relève. Un repère. Une promesse tenue du Général réformateur.

En ces temps de refondation nationale, sous sa conduite, la Guinée a vu émerger une justice plus audible, plus crédible, plus engagée.

C’est dans ce contexte que des responsabilités majeures ont été confiées à de jeunes magistrats compétents et intègres, parmi lesquels notre camarade Tounkara.

Nous saluons ce courage politique de faire confiance au mérite, et de faire de l’État de droit un axe central de la Transition.

CAMARA ABDOULAYE TIRANKE
Juriste, membre de l’AP40.

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