EXCLUSIF – Mouctar Diallo démissionne de la présidence du parti NFD et se retire de la vie politique

il y a 3 heures 19
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Séisme politique en Guinée. Mamadou Mouctar Diallo, jusque-là leader des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD), a annoncé ce jeudi sa démission de la présidence du parti qu’il dirigeait depuis de longues années, et son retrait de la vie politique.

Une page riche se tourne pour ce courageux et valeureux jeune homme, figure de proue de la lutte pour l’instauration de la démocratie en Guinée.

Ci-dessous, la lettre de démission…

Démission du parti NFD et retrait de la politique

Depuis 1990, alors que je n’étais qu’un adolescent de 15 ans, j’avais choisi de m’engager corps et âme dans le combat pour une Guinée libre, démocratique, juste et prospère. Aux côtés de mes aînés étudiants, je participais activement à des manifestations de rue pour exiger l’ouverture démocratique de mon pays. Ces mobilisations, pacifiques dans leur essence, étaient violemment réprimées par un pouvoir militaire puissant et autoritaire. À l’époque, il n’y avait ni partis politiques ni médias indépendants ni réseaux sociaux. Il n’y avait que notre foi, notre détermination et la force de nos convictions pour porter la vision et le combat pour une Guinée meilleure.

Depuis lors, je n’ai jamais cessé d’agir pour ma patrie. Mon militantisme, enraciné dans un patriotisme ardent et inébranlable, m’a conduit à traverser et à subir des exactions, des blessures, des détentions arbitraires, l’exil, la clandestinité, des privations et des menaces. Mais rien n’a été plus douloureux que de voir tomber des compatriotes engagés pour cet idéal commun qui nous unissait. Malgré ces terribles épreuves, je suis resté constant dans mon engagement patriotique et fidèle à ce combat citoyen, que je considère, encore aujourd’hui, comme noble et nécessaire.

Durant ce parcours parsemé d’embûches, j’ai eu la lourde responsabilité de coordonner, au compte de la société civile guinéenne à travers le CNOSCG (Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne), les manifestations historiques de 2007, qui ont marqué un tournant décisif dans la conscience citoyenne de notre nation. J’ai également été en première ligne dans la lutte pour le retour à l’ordre constitutionnel après la prise du pouvoir par la junte militaire en 2008.

Cela s’est manifesté notamment lors des tragiques événements du 28 septembre 2009, où, avec d’autres compatriotes, nous avons élevé la voix pour exiger le respect des principes républicains. Cette dynamique forte a rendu possible l’élection démocratique historique de 2010 et a jeté les bases d’une Guinée engagée vers un avenir démocratique et porteur d’espérance.

Au début des années 2000, la jeunesse guinéenne était marginalisée, infantilisée, manipulée, cantonnée à des rôles insignifiants. Affirmer une ambition nationale relevait du sacrilège. Par notre engagement audacieux et visionnaire, dans un contexte difficile, hostile et risqué, nous avons brisé le carcan qui étouffait la jeunesse et ouvert la voie à l’affirmation d’un leadership jeune, assumé, crédible et respecté. Aujourd’hui, je me réjouis de voir émerger une multitude de jeunes leaders, en politique comme dans la société civile, porteurs d’une ambition pour la Guinée.

Plus largement, nous avons contribué efficacement à l’éveil des consciences, semé les graines de la citoyenneté et ancré durablement l’exigence démocratique dans l’âme de notre peuple. Malgré les défis du présent, la marche vers la démocratie est irréversible et les germes du développement finiront par éclore, pour le bien de toutes les Guinéennes et de tous les Guinéens.

J’ai servi la Guinée avec passion, dévouement et amour, dans la société civile, au gouvernement, à l’Assemblée nationale, dans l’arène politique. Mon engagement a été total. Je suis fier de ce parcours – de ses réussites comme de ses imperfections – que j’assume entièrement. Chaque acte, chaque décision, chaque prise de position a été guidée par la sincérité, la bonne foi et le souci constant de l’intérêt général, en synergie avec mes collaborateurs.

Si certains de mes actes ont déçu ou heurté certaines personnes, je le regrette. Ce n’était nullement mon intention. Je suis un être humain, donc imparfait. Avec humilité, je leur présente mes sincères excuses. Je pardonne également à ceux qui m’ont combattu injustement, calomnié, diffamé ou fait du tort. Mon engagement n’a jamais été nourri par la haine ni guidé par la rancune. S’engager dans la vie publique, c’est accepter de se battre dans l’ombre, de souffrir en silence et d’agir sans la certitude d’être compris. C’est porter des responsabilités écrasantes, faire des choix douloureux, avancer dans un environnement complexe, parfois même contradictoire, et traverser des tempêtes invisibles aux yeux du grand public. Quand l’intérêt général est la seule boussole, mais que l’incompréhension, parfois l’ingratitude, règne, naît alors une blessure muette. Malgré tout, le véritable serviteur de l’État poursuit sa route, animé non par les honneurs, mais par le sens du devoir et l’espoir que, peut-être, un jour, le temps finira par révéler la justesse de ses actes.

Depuis ma démission du gouvernement, le 20 janvier 2021, j’ai choisi de prendre du recul, ce qui explique mon absence prolongée de la scène politique. Aujourd’hui, jeudi 7 août 2025, j’annonce ma démission de la présidence du parti politique NFD (Nouvelles Forces Démocratiques), ainsi que mon retrait de la vie politique.

Je me retire du champ politique, mais je reste pleinement engagé au service des idéaux de justice, de démocratie et de développement auxquels j’ai toujours cru et pour lesquels je me suis toujours battu avec détermination. Je continuerai à servir la Guinée et l’Afrique autrement, avec la même exigence et la même passion, car l’engagement ne connaît pas de frontières fixes.

Je remercie du fond du cœur les jeunes et les femmes de Guinée pour leur confiance continue. Je resterai toujours avec eux.

J’exprime également ma profonde gratitude à ma famille, à tous mes compagnons de lutte, à mes collaborateurs de tous les instants, ainsi qu’à toutes celles et tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont accompagné sur ce chemin fait de sacrifices, d’épreuves et d’élans exaltants. Leur soutien indéfectible, leur loyauté sans faille et leur confiance durable ont été ma force et mon inspiration.

Afin d’assurer une transition sereine et respectueuse des textes du parti, une présidente intérimaire

a été désignée, à l’issue d’une concertation au sein des instances dirigeantes. Elle a pour mission

d’organiser un congrès dans les meilleurs délais en vue de l’élection d’une nouvelle direction.

Je lance un appel fort à tous les dirigeants, militants et sympathisants du NFD : restez debout, unis

et déterminés, pour faire rayonner l’esprit qui a présidé à la naissance de notre parti en 2008 – un

idéal de justice, de démocratie, de solidarité et de progrès. Porté par ses valeurs fondatrices, le

NFD doit poursuivre sa marche avec audace : affirmer sa vision, élargir ses horizons, innover sans

relâche, pour demeurer une force vive au service de la République. La lutte continue !

Vive la Guinée unie, paisible, juste, démocratique et prospère.

Que Dieu protège la Guinée et bénisse les Guinéens !

Dr. Mamadou Mouctar Diallo

Ancien Président du parti NFD

Washington, le 7 août 2025.

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