Dysfonctionnement du RPG- Taliby Dabo pointe Alpha Condé du doigt : “il n’a jamais voulu déléguer”

Le retour de Taliby Dabo à Kankan n’est pas passé inaperçu. Celui qui fut longtemps une voix influente du RPG Arc-en-ciel revient au pays avec des mots lourds de sens et des critiques ouvertes à l’égard de la figure emblématique de son propre parti : le professeur Alpha Condé.

Dans un entretien accordé à la presse locale le 13 juin 2025, l’ancien député – jusque-là l’un des rares responsables du RPG à ne pas avoir officiellement rallié le CNRD – n’a pas mâché ses mots. Il accuse sans détour l’ancien président Alpha Condé d’être à l’origine des dysfonctionnements profonds qui minent aujourd’hui le parti.

« Je le répète : s’il y a eu des dysfonctionnements au sein du RPG Arc-en-ciel depuis notre accession au pouvoir, c’est parce que, à tous les niveaux, nous, les responsables, avons démissionné. C’est ce que j’ai toujours dit, à commencer par le président du parti jusqu’au dernier responsable. Si chacun avait assumé les responsabilités que lui conféraient les statuts et règlements intérieurs du parti, nous ne serions pas dans cette situation aujourd’hui. Ce n’est pas le CNRD qui a causé tout cela. Ce sont les responsables du parti qui n’ont pas joué pleinement leur rôle. Et lorsque l’on fuit ses responsabilités, voilà ce que cela produit. »

Alpha Condé directement pointé du doigt

Taliby Dabo va plus loin en désignant explicitement Alpha Condé comme le principal responsable.

« Le principal responsable des dysfonctionnements du parti, c’est bien le président Alpha Condé. S’il avait réellement voulu que le RPG fonctionne, il l’aurait fait pendant qu’il était au pouvoir. Mais il n’a pas fourni assez d’efforts pour en faire un grand parti. Ce que nous vivons aujourd’hui n’a pas commencé avec le CNRD. Nous étions dirigés localement par des préfets et gouverneurs, ce qui est inacceptable. Ce sont des autorités administratives, nous sommes un parti politique. Même pour obtenir des T-shirts, il fallait aller au gouvernorat ou à la préfecture. Nos secrétaires généraux ne jouaient plus leur rôle ; ils étaient obligés de faire la queue toute une journée pour obtenir ce qu’il fallait. Et tout le monde voyait cela. C’est la preuve qu’il y avait de graves dysfonctionnements. »

Des structures de base absentes

Pour Taliby Dabo, l’un des signes les plus évidents du malaise est l’absence de structures de base dans plusieurs préfectures, notamment les fédérations.

« Dans ce parti, nous avons des structures de base dont la mise en place n’a jamais été achevée. Prenons l’exemple des fédérations. Normalement, nous devrions évoluer du comité de base jusqu’à la fédération. Mais ici, à Kankan, demandez à quelqu’un s’il connaît une fédération. Pourtant, nos statuts prévoient clairement l’existence d’une fédération à Kankan. Mais sur le terrain, elle n’existe pas. Et ce, depuis plus de deux ans. À Siguiri, Faranah, Mandiana : même constat. Dans chaque préfecture, il devrait y avoir une fédération pour coordonner les sections. Mais cela n’a jamais été fait. Pourquoi ? Parce que c’est Alpha Condé qui a bloqué le processus. Nous avions commencé, mais il a dit non. Il ne voulait pas qu’on continue à mettre en place ces structures. Il gérait à la fois l’État en tant que président de la République et le parti en tant que président du RPG. Il n’a jamais voulu déléguer. S’il s’était limité à gérer le pays et avait laissé d’autres cadres gérer le parti, le RPG n’en serait pas là. »

Un appel à la vérité et à la réforme

Taliby Dabo lance enfin un appel à la vérité et à une prise de responsabilité pour sauver ce qui peut encore l’être.

« Il faut dire la vérité. S’il y a quelqu’un à indexer aujourd’hui comme principal responsable de l’état du RPG, c’est le président Alpha Condé. C’est lui que je pointe du doigt en premier. »

Pathé Sangaré, correspondant à Kankan

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