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L’intersyndicale de l’éducation traverse, depuis quelques semaines, une crise interne susceptible d’entamer son dynamisme dans la défense des intérêts des enseignants. Depuis le 28 novembre dernier, les entités qui la composent (SNE, FSPE et SLECG) sont en queue de poisson et peinent à s’entendre sur la conduite à tenir à adopter face au gouvernement, dans la cadre de leur plateforme revendicative. Le SNE et la FSPE exigent la signature immédiate du statut particulier des enseignants. Ils menacent de déclencher une grève, si rien n’est fait jusqu’au 5 janvier 2026.
De son côté, le SLECG semble se contenter de quelques acquis lors des premières négociations avec le gouvernement. Il s’agit notamment des primes de préparation, de création, de documentation.
Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce mardi, 23 décembre 2025, Michel Pépé Balamou, le secrétaire général du SNE, est revenu sur cette crise et ses implications dans les négociations avec le gouvernement.
Décryptage !
Guineematin.com : Compte tenu des divergences observées ces derniers mois au sein de l’intersyndicale de l’éducation, peut-on affirmer qu’il y a fracture, une crise dans cette entité dont vous (le SNE) faites partie ?
Michel Pépé Balamou, secrétaire général du SNEMichel Pépé Balamou : « Le syndicat de l’éducation FSPE-SNE-SLEG, à l’origine du dépôt d’un mémorandum en date du 1er septembre 2025, traverse certes une crise interne liée à la poursuite des négociations en cours entre l’intersyndicale de l’éducation et la partie gouvernementale. Mais ces crises sont consubstantielles à la lutte syndicale, ça n’a pas commencé par nous. Quand des forces syndicales se coalisent et forment un bloc, il va de soi que, par droit, il y a souvent des divergences d’idées. Mais nous nous battons tant bien que mal pour surmonter ces divergences, faire en sorte que nous voyions que l’intérêt de l’enseignant guinéen, puisque l’enseignant n’a d’autres ennemis que la misère, que la précarité, que le loyer cher, que le transport cher, que le manque de plan de carrière. Il n’a d’autres volontés que la défense de ses intérêts matériels et moraux. Donc, si nous sommes tous conscients de la précarité dans laquelle baignent les enseignantes et les enseignants de Guinée, nous devrons faire en sorte que nous conjuguions les mêmes verbes pour aller vers un horizon commun, qui est l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants ».
Guineematin.com : Cette division ne fragilise-t-elle pas le syndicat face au gouvernement qui, il faut le rappeler, est votre interlocuteur (pour ne pas dire adversaire) dans cette affaire ?
Michel Pépé Balamou : « Non. En fait, le problème n’est même pas le gouvernement. Le problème, c’est à l’intérieur du syndicat. Le problème, au niveau du syndicat, c’est une question d’interprétation de la négociation. Il y a une branche qui se veut modérée et il y a une autre branche qui se veut radicale. C’est normal, ça participe à la nature des choses. C’est-à-dire que quand vous êtes dans une entité, il y a des modérés, il y a des conservateurs, il y a des radicaux. Maintenant, aujourd’hui, la FSPE et le SNE supposent que le gouvernement n’est pas en train de faire mieux dans la satisfaction des différents points inscrits dans le mémorandum de l’intersyndicale de l’éducation. Et d’un autre côté, le SLEG est en train de dire que oui, lui, il a obtenu une prime de préparation, une prime de création, une prime de documentation, et que cela serait suffisant en termes d’acquis. Donc, je pense que, de part et d’autre, il y a une question d’interprétation, d’incompréhension. Donc, nous supposons que s’ils ont obtenu ce qu’ils ont obtenu, c’est déjà un gain pour les enseignants. Mais on ne peut pas aussi empêcher les autres de lutter pour gagner autre chose pour les enseignants, d’autant plus que M+1 était dans la zone. Donc, je pense que c’est assez nouveau que nous sommes. Et il faudrait que tous les syndicalistes comprennent que les enseignants n’ont pas besoin de nos guéguerres, de nos guerres d’ego. Le combat que nous sommes en train de mener n’est pas le combat d’Aboubacar Soumah, de Kadiatou Bah, d’Alpha Gassimou Barry, de Michel Pépé Balamou. C’est le combat de l’enseignant guinéen. Nous ne sommes pas en train de compétir à une élection présidentielle pour être président, ni municipale pour être maire, ni législative pour être député. On n’a pas le droit de se faire des querelles inutiles. Nous sommes en train de lutter pour l’amélioration des conditions de vie et de travail. Donc, je pense que chacun doit mettre de l’eau dans son vin pour que nous allions dans la même direction pour l’avenir de la corporation enseignante. C’est vrai ce que vous dites, il y a une crise réelle de leadership, et nous, nous avons décidé de dire à nos communicants de faire profil bas, de ne plus répondre aux provocations. Parce qu’aujourd’hui, des deux côtés, dès que ça tire par-ci et par-là, le gouvernement va se frotter les mains et les enseignants eux-mêmes vont être découragés dans leur élan de lutte. Parce qu’ils vont dire : mais attendez, ceux qui sont en train de nous défendre eux-mêmes ne s’entendent pas, quel va être notre sort ? »
Guineematin.com : Quel est le nœud de cette crise entre syndicats ?
Michel Pépé Balamou : « La première pomme de discorde est venue du protocole d’accord qui a été signé, qu’on a appelé le protocole de la discorde, de la honte et de l’exclusion. Le gouvernement a pensé qu’en signant ce protocole avec eux (le SLECG) qu’il n’y aurait pas de grève. Le gouvernement a essayé, mais le gouvernement a échoué, d’autant plus que, nonobstant la signature de ce protocole, tout le monde a vu que du 1er jusqu’au 12, les écoles étaient paralysées, au point que le gouvernement était obligé de courir après nous pour solliciter la suspension du mot d’ordre de grève. Cela veut dire que les syndicats se valent, le gouvernement doit être à équidistance des syndicats, le gouvernement doit faire en sorte qu’il y ait un protocole consensuel signé par les trois syndicats qui forment l’intersyndicale de l’éducation. Je pense que si cela est fait, ça nous permettra d’éviter d’éventuelles crises ».
Guineematin.com : Le SNE et la FSPE sont-ils prêts à faire un pas vers le SLECG pour une sortie de crise ?
Michel Pépé Balamou : « Nous avons fait beaucoup de pas vers le SLECG pour désamorcer la crise. Je pense que la question doit être posée autrement : est-ce que le SLECG est prêt à faire un pas vers nous ? Parce que nous avons fait beaucoup de pas envers le SLECG. Il vous souviendra que lorsque vous prenez la commission de relecture du projet du statut particulier de l’enseignant, le président du SLECG était le président de la commission. On est venu aussi aux négociations bipartites : c’est la secrétaire générale du SLECG qui était la présidente de la partie syndicale. Il vous souviendra aussi qu’à chaque fois qu’on organisait des assemblées générales, on les organisait au siège du SLECG. Et lorsqu’on devait apposer des signatures sur un document, le SLECG, à lui seul, apposait deux signatures : la signature de son président et celle de son secrétaire général. Nous, chez nous, c’était une seule signature. Donc, s’il y a des gens qui ont fait des efforts, c’est bien nous. Mais s’ils ont fait l’idée que le SNE, à travers ma modeste personne, a été à la base de leur échec lors de la grève de 2018, nous pensons que cela devient un règlement de comptes. On n’est plus en 2018, on est en 2025. Nous n’avons pas trahi ».
Guineematin.com : Quel message avez-vous pour le SLECG ?
Michel Pépé Balamou : « Nous avons un dénominateur commun, qui est la défense de vos intérêts matériels et moraux. Le combat que nous menons actuellement est un combat pour la restauration de l’honneur et de la dignité de l’enseignant, qui passe par la revalorisation de la profession enseignante. Et pour y arriver, il va falloir que nous fassions preuve de maturité, de responsabilité sociale et d’un front commun, dans une synergie d’actions, pour converger vers un objectif commun, qui est la signature et l’application du statut particulier de l’éducation ».
Entretien réalisé par Yayé Oumou Barry pour Guineematin.com
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