Création de la DGE : « une logique de confiscation du pouvoir par le CNRD», selon le BL

il y a 8 heures 29
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La création de la Direction générale des élections (DGE), désormais placée sous la tutelle du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD), continue de susciter de vives réactions. Le samedi 14 juin 2025, un décret présidentiel officialisait cette décision. Quelques jours plus tard, le président du Bloc Libéral (BL), Faya Lansana Millimouno, est monté au créneau pour dénoncer ce qu’il qualifie de tentative manifeste de mainmise sur le processus électoral par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), au pouvoir depuis le coup d’État du 5 septembre 2021.

Dans une déclaration sans ambiguïté, le Bloc libéral dénonce une démarche à la fois problématique sur la forme et inquiétante sur le fond. « La création de la DGE, en dehors de tout cadre inclusif, s’inscrit dans une logique préoccupante de confiscation du pouvoir par le Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD). Il est de notoriété publique que le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation est l’un des piliers de la manipulation électorale dans notre pays. Depuis l’avènement du multipartisme, ce ministère a toujours joué un rôle partisan, privilégiant les régimes en place et verrouillant les dynamiques électorales à travers ses démembrements et relais locaux. Confier à une direction logée sous cette tutelle la mission d’organiser, gérer et superviser toutes les étapes du processus électoral revient, de fait, à remettre les clés de la démocratie guinéenne à un organe connu pour son allégeance au pouvoir en place », accuse le Bloc Libéral.

Le parti politique voit dans cette décision un signal alarmant de retour aux pratiques décriées, au moment même où les citoyens aspirent à une rupture avec le passé. « Cette décision suscite d’autant plus d’indignation qu’elle intervient à un moment critique de la transition. À l’heure où les Guinéens attendent des signes de rupture avec les pratiques du passé, le CNRD choisit de recycler les méthodes les plus contestées, en renforçant la mainmise de l’administration sur le processus électoral. Il ne suffit pas de décréter l’autonomie financière d’une structure pour la rendre indépendante. L’indépendance véritable se mesure à l’autonomie de décision, à la composition pluraliste, à la transparence de fonctionnement et à la capacité de résister aux pressions politiques », alerte encore le Bloc Libéral.

Craignant que les erreurs du passé ne soient répétées, le BL interpelle les autorités de la transition sur les risques d’une nouvelle crise électorale. « En Guinée, la confiance a été méthodiquement sapée au fil des années par une succession de scrutins mal préparés, de fichiers électoraux contestés, de résultats falsifiés, de violences politiques et d’impunité généralisée. La défunte CENI, en dépit de ses défauts, avait au moins le mérite d’avoir une existence juridique, indépendante, avec une représentation des partis politiques et de la société civile. Aujourd’hui, cette relative pluralité est balayée au profit d’un organe strictement administratif, nommé, contrôlé et orienté par l’exécutif. Les conséquences d’une telle approche sont potentiellement désastreuses.

En effet, en persistant à ignorer les appels à la transparence et à l’inclusion, la junte prend le risque d’organiser des élections non consensuelles, qui pourraient déclencher des violences politiques majeures. Dans un pays déjà marqué par de nombreuses pertes en vies humaines lors des précédentes consultations, la moindre étincelle peut rallumer la flamme de l’instabilité. Le Bloc Libéral refuse de voir la Guinée replonger dans des conflits inutiles et évitables, à cause d’une gouvernance autoritaire et sourde aux exigences démocratiques », prévient le parti.

En guise de conclusion, le Bloc Libéral formule une série d’exigences précises. « Face à cette situation, le Bloc Libéral exige des garanties fermes et immédiates. Nous exigeons que toutes les étapes du processus électoral soient placées sous le regard constant du public à travers un organe technique indépendant de gestion des élections : depuis l’audit du fichier électoral, en passant par l’enregistrement des électeurs, l’impression des cartes électorales, la répartition du matériel électoral, jusqu’à la centralisation et à la publication des résultats. Chaque donnée électorale doit être consultable, traçable et vérifiable. Le vote ne doit plus être une affaire de coulisses, mais une affaire publique. Chaque citoyen guinéen a le droit de voter en toute liberté, dans la transparence la plus totale, et dans la sécurité absolue.

Ce droit ne peut être garanti que si l’organe électoral est au-dessus de tout soupçon. Nous appelons également à la présence effective et constante d’observateurs électoraux indépendants, nationaux comme internationaux. Leur mission ne doit pas se limiter à la journée du vote, mais couvrir l’ensemble du processus, depuis la phase préparatoire jusqu’à la proclamation finale des résultats. La communauté internationale, les institutions régionales et les partenaires de la transition doivent être vigilants et exigeants sur ce point », conclut le Bloc Libéral.

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