Conakry- Un tradi-praticien jugé pour avoir engrossé une patiente de 17 ans : “c’est une erreur… je lui faisais du massage”

Le procès d’Aboubacar Bangoura, qui se déclare tradipraticien, a débuté devant le tribunal criminel de Mafanco ce mardi 17 juin 2025. Il est accusé d’avoir violé et mis enceinte Safiatou Bangoura, âgée de 17 ans.

La jeune fille avait été envoyée chez lui par son homonyme pour un traitement, car elle souffrirait d’une maladie héréditaire selon cette dernière. Safiatou a passé deux mois chez Aboubacar Bangoura. À son retour au domicile familial, sa tutrice a constaté qu’elle n’avait plus ses menstruations. Plus tard, il a été révélé que Safiatou était enceinte de 4 mois et 2 semaines.
Interpellé par les parents de la victime, Aboubacar Bangoura a d’abord nié les faits. Il a fallu une convocation au commissariat pour qu’il avoue aux officiers de police judiciaire être l’auteur de la grossesse. Sur place, le quinquagénaire se serait même engagé à prendre en charge la victime. Ces aveux ont également été faits au cabinet d’instruction par le tradipraticien, comme le révèle l’acte d’accusation.
Devant le juge ce mardi, l’accusé a voulu nier. Immédiatement interrogé sur la raison de son engagement à prendre en charge la grossesse, il a répondu : « C’est une erreur. » Face à l’insistance du tribunal, présidé par Mohamed Sangaré, l’accusé a tenté de se justifier : « Pourquoi je dis que c’est une erreur, c’est parce que je souffre d’une maladie. Dès que mon cœur bat, je fais une rechute. » Le juge lui a ensuite demandé s’il avait été contraint par les agents de tenir cette déclaration, ce à quoi Aboubacar Bangoura a répondu : « Non, je n’ai pas été obligé », tout en reconnaissant avoir accueilli Safiatou Bangoura chez lui pendant deux mois pour son traitement.
Aboubacar Bangoura a cité la sorcellerie et le mauvais sort parmi les types de maladies qu’il traite. Concernant les médicaments qu’il administrait à Safiatou Bangoura, le tradipraticien a mentionné des produits bucaux, des consommables avec la nourriture et du massage.
Le juge a poursuivi en demandant si le massage était nécessaire pour traiter la sorcellerie. Aboubacar Bangoura a alors commencé à hésiter sans donner de réponse claire. « Safiatou se déshabillait-elle au moment du massage ? » a relancé le juge. « Oui, mais tout en maintenant le collant (dessous) », a répondu Aboubacar Bangoura.
Alors que le juge s’apprêtait à donner la parole au ministère public pour ses questions, l’avocat de la défense a sollicité un renvoi de l’affaire pour mieux préparer la défense de son client. Le tribunal a accédé à la demande et a renvoyé l’affaire au 1er septembre 2025.
Saidou Lébêré

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