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Créée en 1961 sous la gouvernance de John Kennedy pour soutenir les efforts de développement dans 120 pays dans le monde entier, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a été suspendue par un décret pris par Donald Trump, président des Etats-Unis, le 25 janvier 2025 après son investiture. Alors que l’USAID officialise son retrait progressif d’une partie du continent africain, la Guinée se retrouve face à une opportunité inattendue : celle de mobiliser un personnel local expérimenté et hautement qualifiée, formé au cœur des plus grands projets de développement. C’est aujourd’hui pour notre pays, l’occasion de trouver un mécanisme visant à mettre ces compétences au service de l’État guinéen. Voici pourquoi.
𝐋𝐞 𝐝𝐞́𝐩𝐚𝐫𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐔𝐒𝐀𝐈𝐃, 𝐮𝐧𝐞 𝐩𝐞𝐫𝐭𝐞 𝐚𝐩𝐩𝐚𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞… 𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐮𝐧𝐞 𝐚𝐮𝐛𝐚𝐢𝐧𝐞 𝐜𝐚𝐜𝐡𝐞́𝐞
Le retrait de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) de plusieurs pays africains, dont la Guinée, signe la fin d’une ère de coopération technique intense. Pendant des décennies en Guinée, l’USAID n’a pas seulement injecté des fonds : elle a structuré des pratiques, professionnalisé environ 500 cadres guinéens selon certaines estimations, et accompagné la mise en œuvre de projets de grande envergure dans la santé, l’agriculture, l’éducation, la gouvernance et la décentralisation.
Ce départ soudain laisse derrière lui un écosystème de compétences devenues orphelines de projet : des ingénieurs agronomes, des gestionnaires de programme, des spécialistes en santé publique, des experts en suivi-évaluation, des analystes de données, des logisticiens, et tant d’autres profils que peu d’institutions nationales peuvent réunir ou former à court terme.
𝐔𝐧 𝐯𝐢𝐯𝐢𝐞𝐫 𝐝𝐞 𝐭𝐚𝐥𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞́𝐬 𝐚𝐮 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐚𝐢𝐧 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐱 𝐬𝐭𝐚𝐧𝐝𝐚𝐫𝐝𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐮𝐱
Ces femmes et ces hommes ont été exposés à une culture de rigueur, à une obligation de résultats, à des mécanismes d’audit et à des approches participatives qui ont profondément transformé leur pratique professionnelle. Contrairement à des profils strictement académiques, ils allient savoir, savoir-faire et savoir-agir, sur le terrain, dans des contextes complexes, souvent précaires.
Ils sont familiers des outils de gestion de projet, des cycles de planification, de la rédaction de rapports rigoureux, de la gestion budgétaire transparente et de la coordination multi-acteurs. Cette génération, formée souvent à l’étranger mais surtout aguerrie sur le sol guinéen, représente une intelligence opérationnelle désormais libre et disponible.
𝐏𝐨𝐮𝐫𝐪𝐮𝐨𝐢 𝐥’𝐄́𝐭𝐚𝐭 𝐠𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞𝐧 𝐝𝐨𝐢𝐭 𝐚𝐠𝐢𝐫 𝐦𝐚𝐢𝐧𝐭𝐞𝐧𝐚𝐧𝐭
L’administration fait face à des challenges sur le plan des ressources humaines alors que les réformes structurelles et les activités de routine exigent des qualifications pour un meilleur résultat et l’atteinte des objectifs.
Dans ce contexte, intégrer ces anciens cadres de projets financés par l’USAID serait bien plus qu’un geste symbolique : ce serait un investissement stratégique, avec un fort retour sur valeur. Chaque profil recruté pourrait entraîner un effet multiplicateur, en formant d’autres agents, en pilotant des réformes internes ou en assurant un meilleur déploiement des politiques publiques.
𝐃𝐞𝐬 𝐦𝐞𝐬𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐫𝐞̀𝐭𝐞𝐬 𝐚̀ 𝐚𝐝𝐨𝐩𝐭𝐞𝐫 𝐝’𝐮𝐫𝐠𝐞𝐧𝐜𝐞
Pour éviter que cette génération de compétences ne soit happée par le secteur privé international ou les organisations étrangères plus attractives, le gouvernement guinéen doit réagir rapidement et de manière coordonnée :
1.Créer une cellule nationale de mobilisation de compétences libérées par les projets en fin de cycle, notamment ceux de l’USAID ;
2.Mettre en place une base de données nationale des anciens cadres de la coopération internationale ;
3.Encourager les ministères clés (Plan, Fonction publique, Santé, Agriculture, Éducation, Gouvernance, Jeunesse) à produire une cartographie de leurs besoins en compétences techniques ;
4.Proposer des contrats flexibles, compétitifs et orientés vers les résultats pour attirer ces talents dans l’administration publique ;
5.Privilégier des intégrations stratégiques ciblées sur l’impact.
𝐔𝐧𝐞 𝐟𝐞𝐧𝐞̂𝐭𝐫𝐞 𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐚̀ 𝐧𝐞 𝐩𝐚𝐬 𝐫𝐞𝐟𝐞𝐫𝐦𝐞𝐫
L’histoire du développement est aussi une affaire de timing. Et celui-ci est critique. Le départ de l’USAID peut paraître une perte, mais il laisse entre les mains de la Guinée une richesse rare : ses propres bâtisseurs formés à l’école de l’excellence, et aguerris aux défis africains.
Le développement n’est pas seulement une volonté: c’est une ingénierie sociale, économique, humaine. Or, les architectes de cette ingénierie sont là, disponibles. À l’État guinéen de les reconnaître, de les mobiliser et de leur offrir un cadre digne de leur expertise.
L’article Capter les cerveaux libres de l’USAID, une urgence stratégique pour l’administration publique guinéenne (Par Monson Cissoko) est apparu en premier sur Mediaguinee.com.