Souza Konaté : « Le premier signe d’apaisement serait une renonciation à toute tentative de confiscation du pouvoir »

il y a 7 heures 44
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Lors de sa visite d’État en Côte d’Ivoire, le 17 juin 2025, le président de la transition, Mamadi Doumbouya, a eu un entretien en tête-à-tête avec le président ivoirien Alassane Ouattara. A cette occasion, les deux chefs d’État ont échangé sur plusieurs dossiers, dont la question du retour à l’ordre constitutionnel en Guinée. Dans sa déclaration, le président ivoirien a appelé son homologue guinéen à privilégier l’apaisement pour faciliter une transition réussie. Un appel qui n’a pas laissé indifférente la classe politique guinéenne. Joint par Guinee360, Souleymane Souza Konaté, coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG, livre son analyse.

Guinee360 : Comment analysez-vous le contexte de la visite du président Doumbouya à Abidjan ?

Souleymane Souza Konaté : Pour nous, il n’y a pas de commentaire particulier à faire sur le contexte de cette visite. Si cette démarche peut permettre de faire bouger les lignes, tant mieux. Mais nous nourrissons peu d’illusions à ce sujet.

Que pensez-vous de l’appel du président Ouattara à un retour à l’ordre constitutionnel ?

L’appel du président Alassane Ouattara à l’apaisement et au retour à l’ordre constitutionnel est une initiative salutaire. À l’UFDG, nous affirmons depuis toujours que le CNRD a l’obligation de ramener la sérénité dans le pays et de créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections crédibles, fiables et inclusives. Cela passe par un cadre de dialogue franc, honnête et constructif avec les principaux acteurs politiques et sociaux. Soyons clairs : dans le contexte actuel, le premier signe d’apaisement serait une renonciation claire à toute tentative de confiscation du pouvoir. Le respect de la Charte de la transition et des engagements pris par la junte constitue un minimum de bonne foi. Nous vivons une période exceptionnelle, où personne ne détient à lui seul la légitimité. Toute décision engageant l’avenir du pays doit être concertée avec les autres parties prenantes.

Cet appel peut-il, selon vous, influencer la conduite de la transition par le CNRD?

Il reste à voir si cet appel trouvera un écho favorable auprès des décideurs de la junte. Le CNRD a réussi l’exploit de s’entourer de médiocres, d’opportunistes et d’extrémistes qui ont lié leur sort à celui du régime. Ces personnes sont aujourd’hui prêtes à tout sacrifier sur l’autel de l’argent, de l’ego et des ambitions personnelles. La transition guinéenne est en dérive. Il revient au CNRD – et surtout au général Mamadi Doumbouya – de prendre ses responsabilités. Tout se fait en son nom. Et le jour de vérité venu, c’est lui seul qui devra répondre devant l’histoire. L’exemple de dirigeants comme Dadis Camara ou Alpha Condé devrait suffire à faire réfléchir.

Pensez-vous que le président Doumbouya est prêt à entendre ce message venu de la sous-région ?

Pour garantir la paix et la stabilité en Guinée, il faut, à un moment donné, accepter d’écouter les autres. La gestion unilatérale, marquée par des violations systématiques des droits fondamentaux et des libertés publiques, mène tout droit à l’impasse. Il est temps de tirer les leçons du passé. Ceux qui, aujourd’hui, encouragent la transgression des règles sont souvent les mêmes qui ont poussé d’anciens dirigeants à s’engager sur des voies incompatibles avec les principes démocratiques.

Cet appel peut-il faire évoluer les discussions autour du chronogramme de la transition ?

J’ignore l’influence réelle que peut avoir le président Ouattara sur les autorités militaires à Conakry. Ce que je sais, en revanche, c’est que la Guinée a besoin de toutes les bonnes volontés – en particulier celles de ses voisins – pour ramener le CNRD à de meilleurs sentiments. Mais à l’UFDG, à l’ANAD, et au sein des Forces Vives de Guinée, nous ne comptons sur personne d’autre que nous-mêmes. C’est à travers notre mobilisation que nous contraindrons les militaires à revenir aux fondamentaux de la transition : gérer les affaires courantes, instaurer un dialogue politique inclusif, et organiser des élections libres, transparentes et ouvertes à tous. Il est temps de permettre aux Guinéens de choisir, en toute liberté, l’homme ou la femme capable de conduire leur destin.

Quel rôle doivent jouer les partenaires régionaux dans cette crise ?

Nos partenaires régionaux sont nos voisins immédiats. En Afrique, lorsqu’un foyer s’embrase, ce sont les familles voisines qui sont les premières concernées. Personne n’a intérêt à voir la Guinée sombrer. Une instabilité prolongée dans notre pays aurait des répercussions sérieuses sur l’ensemble de la sous-région.

L’UFDG s’apprête à organiser son congrès. Où en êtes-vous dans les préparatifs?

Les préparatifs du congrès de l’UFDG avancent à grands pas. Aujourd’hui, nous avons tenu deux importantes réunions successives – le Conseil politique et le Bureau exécutif – pour faire le point sur les travaux de chaque commission, conformément à leurs termes de référence. Nous nous réjouissons de constater que tout se déroule comme prévu. Ce congrès sera historique, d’une ampleur jamais vue en Guinée. Il est l’aboutissement d’un processus rigoureux, entamé à la base, dans les comités, sections et fédérations. L’UFDG est aujourd’hui la plus grande formation politique en Guinée, et sans doute l’une des plus importantes au sud du Sahara. Nous sommes la seule force capable de dire non, même aux cadres, et de continuer à avancer. Cela en dit long. Rendez-vous le 6 juillet 2025. Vous serez témoins d’un moment historique.

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